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Affaire Sadr - Le ministère libyen des AE qualifie d’« illogiques » et d’« hystériques » les propos de Nasrallah Tripoli ferme son ambassade à Beyrouth pour protester contre les critiques adressées à Kadhafi (photo)

La décision de la Libye de fermer sa représentation diplomatique à Beyrouth et d’en rapatrier le personnel n’a pas constitué une réelle surprise pour les observateurs, surtout après la violente diatribe du chef du Parlement, Nabih Berry, dimanche dernier, contre le dirigeant libyen Moammar Kadhafi, et le discours prononcé le lendemain même par le secrétaire général du Hezbollah, cheikh Hassan Nasrallah, à l’occasion du 25e anniversaire de la disparition de l’imam Moussa Sadr, alors président du Conseil supérieur chiite (CSC).
Latente depuis des années, la crise entre Tripoli et Beyrouth a atteint un point culminant hier avec l’annonce par le Liban d’une rupture des relations diplomatiques à l’initiative de la Libye qui n’a confirmé que la fermeture de son ambassade à Beyrouth.
Cette décision intervient trois jours seulement après que M. Berry eut repris à son compte la formule d’un journaliste américain qui avait décrit le colonel Kadhafi comme étant le « diable que vous connaissez ».
« Les autorités libanaises ont été informées que la Libye a rompu ses relations diplomatiques avec le Liban », a indiqué à l’AFP un haut responsable libanais qui a requis l’anonymat.
Le personnel du bureau de fraternité libyen, qui tient lieu d’ambassade, « s’apprête à quitter le pays », a-t-il ajouté.
À Tripoli, un porte-parole officiel, Hassouna Chaouch, a parlé uniquement de la fermeture de l’ambassade et nié toute rupture des relations diplomatiques.
« La Libye a décidé de fermer son bureau de fraternité (ambassade) à Beyrouth et non de rompre ses relations diplomatiques avec le Liban », a-t-il dit.
Il a ajouté que cette décision était destinée à marquer les protestations de son pays contre « l’incapacité des autorités libanaises de prévenir les attaques de certains responsables libanais contre la Libye ».
Selon un officiel libanais, la Libye n’a pas demandé la fermeture de l’ambassade du Liban à Tripoli ni l’expulsion de ses diplomates.
Des sources proches du palais Bustros ont indiqué que le chargé d’affaires libyen a adressé une note au ministre des Affaires étrangères, Jean Obeid, l’informant de la décision de son gouvernement de fermer les bureaux de l’ambassade « après les violentes attaques » de M. Berry et de cheikh Nasrallah.
M. Obeid aurait aussitôt appelé le diplomate libyen au téléphone avant d’informer le président de la République, le général Émile Lahoud, le Premier ministre, Rafic Hariri, et M. Berry de la décision de Tripoli.
Selon les mêmes sources, il aurait été convenu que les implications et les répercussions de la décision libyenne seraient examinées ce jeudi en Conseil des ministres.
Pour les mêmes sources, la décision libyenne intervient à la veille du premier Conseil des ministres de la rentrée, que M. Obeid comptait saisir de la requête formulée par le chef du Parlement de porter la disparition de l’imam Sadr devant les instances internationales concernées. Cette requête, ont révélé les mêmes sources, devait être soulevée par M. Obeid avec son homologue libyen, Abdel Rahmane Chalkam, en marge des travaux de la prochaine réunion des ministres arabes des Affaires étrangères qui doit se tenir au Caire.
Les sources ont conclu en affirmant ignorer si la décision de Tripoli se répercutera négativement sur les ressortissants libanais travaillant en Libye ou sur les importations libyennes de fruits libanais.
Rappelons que la Libye est l’un des plus importants importateurs de fruits du Liban, sinon le plus important. Le Liban s’était toujours tourné vers la Libye pour assurer l’écoulement de sa production de pommes, par le passé. Au même moment, le ministère libyen des Affaires étrangères a vivement attaqué le secrétaire général du Hezbollah, cheikh Hassan Nasrallah, pour avoir demandé à M. Kadhafi de « reconnaître sa responsabilité » dans la disparition de l’imam Sadr, qualifiant d’« illogiques » et d’« hystériques » les propos tenus par cheikh Nasrallah.
Aucun employé ou fonctionnaire ne s’est rendu hier à l’ambassade, dirigée depuis deux ans par un chargé d’affaires, a-t-on constaté sur place.
L’imam Moussa Sadr, qui présidait le Conseil supérieur chiite, la plus haute autorité de cette communauté au Liban, avait disparu à l’issue d’une visite en Libye le 31 août 1978.
L’affaire Moussa Sadr perturbe périodiquement les relations entre le Liban et la Libye, mais cette année les dirigeants chiites ont saisi l’occasion du 25e anniversaire de sa disparition pour s’en prendre violemment au colonel Kadhafi.
Chef charismatique de la communauté chiite au Liban, l’imam Moussa Sadr avait fondé, au début des années 70, le Mouvement des déshérités (Amal) que dirige actuellement M. Berry.
Les attaques contre Kadhafi interviennent, note-t-on, à un moment où le colonel libyen mène une campagne pour sa réinsertion dans le concert des nations, dont la Libye a été mise au ban pour terrorisme (attentats contre des avions de lignes Pan Am et UTA qui ont fait des centaines de victimes à la fin des années 1980).
Le président de la Chambre, Nabih Berry, a ainsi réclamé dimanche l’intervention de l’Onu, de la Ligue arabe, de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) et de l’État libanais pour élucider le sort de l’imam.
Deux jours plus tôt, un communiqué signé des « Partisans de l’imam Sadr » demandait au gouvernement libanais d’engager « des poursuites contre les autorités libyennes devant les tribunaux internationaux spécialisés ». Tripoli, qui rejette sa responsabilité dans cette affaire, affirme que l’imam et ses deux compagnons ont gagné l’Italie à la fin de leur séjour.
Les assurances libyennes ont souvent été contredites, y compris par des responsables libyens.
La décision de la Libye de fermer sa représentation diplomatique à Beyrouth et d’en rapatrier le personnel n’a pas constitué une réelle surprise pour les observateurs, surtout après la violente diatribe du chef du Parlement, Nabih Berry, dimanche dernier, contre le dirigeant libyen Moammar Kadhafi, et le discours prononcé le lendemain même par le secrétaire général du...