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Le cabinet reste intouchable jusqu’à nouvel ordre

Un signal capté cinq sur cinq à Beyrouth : laissez le cabinet en place, sans même le remanier. Car la situation régionale interdit toute secousse politique intérieure. C’est ce que confirme un député proche de Damas. À la suite, d’ailleurs, de Hariri qui avait livré des indications dans ce sens à l’issue de son entrevue avec le président Assad.
Le fait est que tout remue-ménage ministériel affecterait négativement une situation socio-économique déjà critique. Si un changement devait intervenir, il faudrait le préparer dans le calme, pour aboutir à un consensus sans faille. Ce qui semble irréalisable dans le climat tendu, empreint de lourde méfiance, qui règne actuellement.
Malgré ses multiples défauts, le gouvernement jouit donc d’une parfaite immunité, à l’ombre de la coexistence heurtée des deux têtes de l’Exécutif. Tenter de modifier ce statu quo bancal serait prendre le risque d’aller de mal en pis. D’autant qu’on peut difficilement espérer mettre en place une formule vraiment nouvelle, une équipe valable dont l’avènement entraînerait pour le pays un effet de choc positif. Le pays semble appelé à subir bien des tiraillements l’an prochain, à l’occasion de la présidentielle. Autant lui épargner, aujourd’hui, les tensions d’une campagne pour un changement, ou remaniement, ministériel. C’est pourquoi l’on décide de couper court aux rumeurs qui suscitent de la confusion. Et qui peuvent aggraver le marasme ambiant, en encourageant les administrations à se montrer encore plus impotentes, plus improductives qu’elles ne le sont déjà. En d’autres termes, les autorités doivent se prononcer clairement sur la question.
Dans une réunion d’échange de vues, des députés se sont penchés sur les menaces (antérieures) de Joumblatt de retirer ses ministres. Le leader de la montagne avait également prié le Premier ministre de prendre l’initiative, en présentant sa démission. Cette position, qui date de quelque temps, a appelé de la part des députés les remarques suivantes :
– La décision de changer le cabinet appartient à Damas. Même si Hariri souhaite démissionner, il ne peut le faire sans avoir conféré avec les Syriens. Car toute initiative dans ce sens peut avoir des conséquences redoutables dans la situation critique présente.
– De même, Joumblatt ne peut retirer ses ministres, pour faire sauter le gouvernement, sans en référer à Damas. Qu’il ne saurait mettre devant un fait accompli.
– Hariri, même s’il s’y engage, n’est pas en mesure de donner suite aux demandes socio-économiques de Joumblatt, car il ne dispose plus de la majorité en Conseil des ministres. Il faut donc, dans ce cadre, s’adresser au président Lahoud.
– Joumblatt n’a pas tort quand il relève que la discorde entre les présidents entrave les projets qui importent à la population et empêche le traitement des dossiers délicats. Il faut donc que l’entente se réalise au sein du pouvoir. En bonne logique, si le blocage devait persister, le chef du gouvernement devrait démissionner. En pratique cependant, Hariri a décidé de faire le dos rond, d’éviter toute confrontation, de se contenter d’émettre des réserves, en attendant la période de la présidentielle. Il a été conseillé à ce propos par les Syriens. Quant à une éventuelle reconduction du mandat du chef de l’État, le président du Conseil se verrait obligé de parapher le projet d’amendement de l’article 49 de la Constitution, si la majorité devait prendre une décision dans ce sens en Conseil des ministres. Il pourrait cependant choisir de démissionner. Sa démission serait alors sans doute acceptée sans problème, pour la désignation d’un gouvernement qui signerait la reconduction des deux mains. Une autre option serait que la modification de l’article 49 émane de la Chambre et non du gouvernement. Ainsi, si c’est ce que la Syrie souhaite, Hariri resterait. Tout comme le cabinet actuel, pour le moment.
Émile KHOURY
Un signal capté cinq sur cinq à Beyrouth : laissez le cabinet en place, sans même le remanier. Car la situation régionale interdit toute secousse politique intérieure. C’est ce que confirme un député proche de Damas. À la suite, d’ailleurs, de Hariri qui avait livré des indications dans ce sens à l’issue de son entrevue avec le président Assad.Le fait est que tout...