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Berry se repositionne pour élargir son assiette électorale

Berry a transformé en meeting préélectoral le 24e rendez-vous annuel pour la commémoration de la disparition, en 1978, de l’imam Moussa Sadr. Il a organisé le rassemblement, visiblement à dessein, à Baalbeck, cité où le Hezbollah aime bien défiler en diverses occasions. En même temps, afin de rendre Amal plus efficient, Berry en resserre les structures depuis quelques mois. Il a ainsi mis sur la touche, comme on sait, ses deux anciens représentants au sein du gouvernement, Ali Abdallah et Mohammed Abdel Hamid Beydoun, ainsi que le député Mahmoud Abou Hamdane, également ex-membre du Conseil central du mouvement. Ils sont accusés de dérives multiples, Ali Abdallah ayant été pour sa part dénoncé en justice par Élie Skaff pour ses fantaisies comptables à l’Agriculture.
Pour en revenir à Berry, il a profité du meeting de Baalbeck pour lancer des critiques tous azimuts, en s’englobant au passage dans le lot des critiqués ! Une méthode chère jadis aux mouvements de gauche et qu’en de rares occasions Joumblatt a pratiquée.
Un détail protocolaire, mais qui a peut-être un sens politique, a été relevé par les observateurs : Issam Farès, rerpésentant pour l’occasion le chef de l’État, n’a pas eu la place d’honneur, comme le veut l’usage.
Toujours est-il qu’après sa prestation, Berry a eu droit à la scène traditionnelle de l’arroseur arrosé. De tous côtés, en effet, on a tiré sur lui à boulets rouges, pour critiquer ses critiques ! Les loyalistes, lahoudistes et haririens pour une fois réunis, ont estimé en chœur que le chef du Législatif a tenu des propos affectant l’autorité du pouvoir en tant que tel, dont celle de l’État dont il est l’un des piliers, ce qui est inadmissible à leur sens. On lui reproche de même d’avoir trop attaqué la Libye, aggravant ainsi des relations bilatérales qui étaient déjà mal en point, à cause de l’affaire Sadr. Mais aussi à cause de l’attitude hostile de Berry qui, dans les occasions mondaines, refuse de saluer l’ambassadeur de ce pays. Cependant, dans ce domaine précis, le leader chiite bénéficie sans doute de circonstances atténuantes.
Ses contempteurs lui en concèdent moins en ce qui concerne les dossiers. Car il exige de l’État l’aveu de ses défaillances, alors même que l’État, il en fait doublement partie : d’abord en sa qualité de président de la Chambre ; ensuite par le fait qu’il est représenté au sein du cabinet par trois ministres, sans compter les affidés ou les amis qu’il peut manipuler. Il a tellement de poids au sein de l’Exécutif qu’il est reconnu comme étant le parrain local du présent cabinet. Un politicien de la Békaa s’en étonne d’ailleurs. En rappelant qu’Amine Gemayel, alors président de la République, disposant comme il voulait du gouvernement, n’y avait nommé qu’un seul ministre Kataëb,
Joseph Hachem. Par ailleurs, Berry entonne l’air de la réforme, alors qu’il avait été l’un des principaux pôles à la faire capoter. En neutralisant, sous Hraoui, la tentative Hariri par une contre-loi du Parlement. En sapant ensuite, sous Lahoud, les efforts de Hoss. On sait en outre que dans plusieurs dossiers fumants, des protections politiques ont été évoquées, les indications englobant des parties proches du président d’Amal. Enfin, Berry se dresse contre le confessionnalisme. Mais, soulignent ses adversaires, il a toujours été le premier à défendre bec et ongles les acquis de la communauté chiite, dans le partage du gâteau. Il est donc clair, pour ces sources, que Berry se pose en figure populaire, dans la perspective des prochaines législatives.

Philippe ABI-AKL
Berry a transformé en meeting préélectoral le 24e rendez-vous annuel pour la commémoration de la disparition, en 1978, de l’imam Moussa Sadr. Il a organisé le rassemblement, visiblement à dessein, à Baalbeck, cité où le Hezbollah aime bien défiler en diverses occasions. En même temps, afin de rendre Amal plus efficient, Berry en resserre les structures depuis quelques...