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PLAIDOYER Pour une culture du travail

Un grand patron d’entreprise, très concerné par les jeunes et l’avenir du pays, expliquait un jour l’inutilité de construire des usines au Liban pour résoudre l’un ou l’autre de ses problèmes. « C’est simple, dit-il, ce sont les étrangers qui, une fois de plus, assureront la main-d’œuvre, les Libanais n’aiment pas travailler. Ils n’ont pas la culture du travail. »
Le mot est lâché. La culture du travail. Concept barbare au pays de toutes les démagogies.
Travailler suppose un état d’esprit, une disposition à entreprendre et une volonté de s’investir d’abord avant de récolter des résultats probants. Mais l’apprentisssage de l’effort n’est-il pas, en d’autres termes, une formation en soi ?
C’est bien cela qu’il est indispensable d’inculquer à un enfant dès le jeune âge pour des raisons tant personnelles que nationales, oui nationales. Certains pays ont programmé un cours de « culture du travail » dans leurs cursus scolaire ou même universitaire. Une culture mère de toutes les autres. Un sérieux héritage. Parce que ces pays sont conscients de la dynamique sociale, économique et même politique que génère cette culture. Une minorité de Libanais a compris l’importance de ce concept. Une petite minorité seulement noyée dans la masse.
Et les responsables éducatifs interpellés réfléchissent encore à « la nouveauté ».
La formation à la responsabilité, à la valeur de l’effort ; l’apprentissage à la gestion du temps, au contact et à la communication avec l’autre, à la valorisation de soi, à la gestion d’un patrimoine, matériel soit-il ou moral et son investissement pour une meilleure exploitation ; le sentiment d’une indépendance personnelle ni offerte ni mendiée et la participation à une dynamique génératrice de créativité, d’ambition et partant, de beaux succès, tout cela ne s’improvise pas.
Mais lorsqu’à l’ignorance viennent s’ajouter un amour-propre mal placé et un sens erroné de la mesure, les conséquences ressemblent fort à ce que vit le Liban aujourd’hui. Où même à revenus modestes, rares sont les parents qui encouragent leur progéniture à faire des petits boulots pendant leurs vacances. Où rares sont ces jeunes, diplômés ou non, qui acceptent, à leur tour, de gravir l’échelle sociale et professionnelle une marche après l’autre. Car les uns et les autres considèrent les petits boulots dégradants, ou pas assez gratifiants pour leur ego atrophié. Car tout le monde, ou presque, veut vivre au-dessus de ses moyens quoi qu’il en coûte, et tout le monde, ou presque, veut être patron à la place du patron. Roi à la place du roi. Les enseignes des commerces ne sont-t-elles pas révélatrices d’une mentalité : roi de la pastèque ou de la chaussure, émir du pneu... empereur du sandwich... Et l’on se plaint de l’invasion « des étrangers qui prennent nos places ». En attendant, le pays sombre dans le sous-développement le plus primaire en l’an 2003.
Que fait-on pour y remédier ? De l’étalage de muscles tout simplement. Et de la frime.
La culture du jour.
Maria CHAKHTOURA
Un grand patron d’entreprise, très concerné par les jeunes et l’avenir du pays, expliquait un jour l’inutilité de construire des usines au Liban pour résoudre l’un ou l’autre de ses problèmes. « C’est simple, dit-il, ce sont les étrangers qui, une fois de plus, assureront la main-d’œuvre, les Libanais n’aiment pas travailler. Ils n’ont pas la culture du...