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FESTIVAL DE BYBLOS - Gotan Project et Richard Dorfmeister : de l’électro tango au downtempo Deux shows bien huilés, aussi sonores que visuels (PHOTO)

En dépit de l’heure et demie de retard (un virus informatique s’est emparé du matériel qui a été reprogrammé in extremis), de la chaleur particulièrement moite d’août, de la disposition serrée des chaises et de l’emplacement général des festivités (accolé aux murs d’enceinte de la citadelle), la soirée de samedi à Byblos était une réussite.
C’est dire si le Gotan Project a su emballer son monde ! Un monde qui a pourtant attendu le dernier titre du Gotan et le mot d’ordre des musiciens « Vous pouvez danser », pour se déhancher et même envahir l’espace libre devant la scène. « Nous sommes un peuple très poli », a remarqué une âme taquine. Les sept membres du groupe, ravis de l’enthousiasme et de la liesse qu’ils ont provoqués, ont enchaîné quatre morceaux en bis. Et le public en redemandait. « La soirée n’est pas finie, il y a Dorfmeister en deuxième partie et il est génial », lancera Philippe Cohen Solal (âme du groupe) avant de disparaître sous les applaudissements.
La musique du Gotan Project est en réalité un véritable panacée. Ce mélange savoureux de tango et d’électro est apparu comme l’antidote idéal aux crises : de claustrophobie, d’hypoglycémie (provoquée par une manouche et deux cocktails fruités à la vodka) et d’hyperthermie.
Ces expérimentations mêlant tangos et milongas centenaires aux Dubs électroniques d’aujourd’hui devraient être mises en pilule et proposées à l’approbation de la FDA (Federal Drug Administration).
Quoi qu’il en soit, le Gotan se présente comme suit : derrière un immense écran transparent, des installations vidéo en ombres chinoises. Petit à petit, et au fil des titres qui s’enchaînent, le groupe se dévoile comme dans un strip-tease. Queremos paz (Nous voulons la paix) ouvre le concert tel que dans l’album la Revancha del Tango, leur premier opus.
La guitare de l’exilé argentin Eduardo Makaroff, le bandonéon de Juan José Mosalini cohabitent divinement avec les machines de Philippe Cohen Solal et les synthés de Laurent Brifaux. Élégants dans leurs costumes cintrés, les membres de Gotan (tango, en verlan) présentent un show bien huilé où le visuel est au moins aussi important que le sonore. Le groupe, basé à Paris, est né en 1999 sous s’impulsion du Français Philippe Cohen Solal, de l’Argentin Eduardo Makaroff, très vite rejoints par le Suisse Christophe H. Müller.
Ils sortent leur premier maxi en 2000 sur le propre label électro de Philippe Cohen Solal, Ya Basta. Depuis, le trio s’est agrandi. Et même s’il reste le noyau dur de Gotan Project, ils sont maintenant sept sur scène dont Ornaldo Zanelli au piano, Paul Lazar au violon, ainsi que la chanteuse argentine Veronica Silva.
Sur l’écran, gros plan sur des couples de jambes qui s’entrelacent dans une danse parfaitement maîtrisée avant que la toile blanche ne s’effondre avec élégance, laissant place aux musiciens.
S’enchaînent une adaptation de Frank Zappa, une autre de Gato Barbieri pour le film Le dernier tango à Paris ainsi que Vuelvo al Sur de Piazzolla, le thème du film Tangos, l’exil de Gardel du cinéaste argentin Fernando Solanas, des créations aussi bien sûr dans lesquelles transparaît, bien vivace, la terrible crise économique que traverse l’Argentine avec El capitalismo foraneo (Le capitalisme étranger) et la voix mixée de Che Guevara !
Le tango ? « Une pensée triste qui se danse », disait Enrique Santos Discepolo, l’un de ses compositeurs les plus talentueux de la première moitié du XXe siècle. Du port de Buenos Aires à celui de Byblos, en passant par Paris, le Gotan Project laisse, lui, son public tout… content.

Binôme
Chauffés par cette première partie, revigorés par des boissons glacées, les plus téméraires entament la seconde partie de la soirée debout, sans même regagner leurs chaises.
Beats enfouis, harmonies sombres, un brin New Wave, murmures dans le creux de l’oreille... On est bien dans l’univers esthétique sensuel des Viennois.
Ce soir, il y a le beau Richard Dorfmeister aux manettes et MC Sugar en animateur chanteur danseur. Le binôme offre au public byblosien, sur des projections psychédéliques signées par le vidéaste allemand Fritz Fitzke (prochainement au MOMA de New York), un classique en puissance du downtempo, cette populaire techno « non agressive » dérivée du dub et de la musique d’ascenseur.
Cette musique ne révolutionne pas le genre, mais le pousse au paroxysme du raffinement. Écho reggae, groove duveteux, langueur mélodique...
On a déjà connu ça, mais sans doute jamais aussi finement exécuté. Cela dit, cela peut vous laisser aussi indifférent que la sortie d’une nouvelle Mercedes ou ressentir des fourmis dans les jambes qui vous propulseront sur la scène (à l’instar de nombreuses jouvencelles).

Maya GHANDOUR HERT
En dépit de l’heure et demie de retard (un virus informatique s’est emparé du matériel qui a été reprogrammé in extremis), de la chaleur particulièrement moite d’août, de la disposition serrée des chaises et de l’emplacement général des festivités (accolé aux murs d’enceinte de la citadelle), la soirée de samedi à Byblos était une réussite.C’est dire si le...