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Commémoration - Messe en mémoire du militant FL assassiné il y a un an L’enquête sur les circonstances du meurtre de Ramzi Irani reléguée aux oubliettes(photos)

Tout comme la commémoration de l’incarcération du chef des Forces libanaises dissoutes, Samir Geagea, en avril, et la messe anniversaire pour la disparition du président Béchir Gemayel, en septembre, la commémoration de l’enlèvement et de l’assassinat de Ramzi Irani figure désormais parmi les événements qui mobilisent les jeunes militants des FL. Hier, en la cathédrale Saint-Georges des maronites dans le centre-ville, un millier de personnes environ ont assisté à l’office religieux pour le premier anniversaire de la disparition du jeune militant. La messe a été célébrée en présence de Fady Comair, directeur général au ministère de l’Énergie et de d’Eau, représentant le président de la République, le général Émile Lahoud.
Comme à l’accoutumée en ce genre de circonstances, les gendarmes et la brigade antiémeute étaient, eux aussi, fidèles au rendez-vous. Les militants brandissaient les drapeaux du parti dissous et des portraits de Samir Geagea, de Béchir Gemayel et de Ramzi Irani.
C’est une photo où le jeune militant arbore un large sourire et où l’on distingue à l’arrière-plan le cèdre entouré d’un cercle rouge, emblème des Forces libanaises, qui a été choisie. Le même portrait, géant, était placé sur le parvis et à l’intérieur de la cathédrale, non loin de l’autel.
Mais, mis à part ces quelques signes à caractère partisan, la messe d’hier aura représenté un moment de recueillement pour une famille touchée il y a un an par le malheur.
Avant et après la messe, aucun chant partisan ni encore des passages de discours de Geagea ou de Irani n’ont été diffusés, mais uniquement des chants religieux. Quelques slogans appelant à la libération du chef des FL et une seule et unique phrase – « Que Dieu soit avec toi Ramzi » – ont été scandés à la fin de l’office religieux.
Célébrée par Mgr Michel Aoun, représentant l’évêque maronite de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, actuellement à Paris, en présence de Mgr Khalil Abi Nader, représentant le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, la messe a été organisée conjointement par la famille de Razmi Irani et les Forces libanaises. Solange Béchir Gemayel, Sétrida Samir Geagea et Joe Sarkis, membre du conseil municipal de Beyrouth et ingénieur FL, qui ont reçu les condoléances avec la famille du militant assassiné, figuraient aux premiers rangs de l’assistance.

« Un dossier de plus »...
En mai 2002, Nabil Irani, frère du disparu, avait exprimé sa crainte que « le secret de la disparition et de l’assassinat du jeune militant ne soit enterré avec lui, dans un Liban qui a perdu sa souveraineté et son âme ».
Hier, Nabil Irani a encore pris la parole à la fin de l’office religieux pour affirmer que « la justice est morte et enterrée ». « Le crime commis n’est devenu qu’un dossier de plus, qui s’est ajouté à la liste des enquêtes qui n’ont pas abouti et qui finira bientôt dans les oubliettes », a-t-il dit, appelant cependant les autorités « à assumer leurs responsabilités ». Relevant que son frère « est désormais soumis à la justice divine », il a indiqué que ce monde demeure celui « du mensonge, de la corruption et de la rancune ».
Lors de la lecture des intentions, la sœur de Irani, Nayla, a lancé un cri de cœur : « Ils l’ont enlevé, torturé et tué, mais jusqu’à présent, les responsables du crime n’ont pas été sanctionnés », a-t-elle dit, se demandant où est passé « le sens des responsabilités des personnes au pouvoir ».
Dans son oraison funèbre, Mgr Aoun a mis l’accent sur la résurrection du Christ et le sens du pardon chez les chrétiens. « Les premiers chrétiens savaient que la résurrection du Christ leur donnait un esprit plus fort que la mort, qu’elle transforme leur faiblesse en force, leur colère en paix, leur appel à la vengeance en pardon et leur haine en amour », a-t-il dit.
Notant que « nous sommes des instruments de paix et d’amour » et soulignant « l’importance du pardon », Mgr Aoun a relevé que « Ramzi Irani a été assassiné il y a un an et, jusqu’à présent, on néglige de faire la lumière sur les circonstances du crime ».
Invitant au pardon, il a souligné cependant que « cet appel ne signifie pas que l’État ne devrait pas poursuivre l’enquête afin de révéler l’identité de ceux qui se cachent derrière l’enlèvement et l’assassinat de Ramzi ». « Et pour que le pardon soit réel et authentique, il faut qu’il soit personnel, c’est-à-dire qu’il soit adressé d’une personne à une autre (de la victime au bourreau) », a-t-il dit, citant en exemple « le pape Jean-Paul II qui s’est rendu en prison pour montrer qu’il pardonne à celui qui avait tenté de l’assassiner ». Et de souligner en conclusion : « Au nom de tous, nous appelons à ce que justice soit faite. »
Plusieurs personnalités ont assisté à l’office religieux, notamment les députés Salah Honein, Nabil de Freige, Ghattas Khoury, Georges Kassarji, Antoine Ghanem, Fouad es-Saad et Ghassan Moukheiber, les anciens députés Pierre Daccache et Gabriel Murr, le général Nadim Lteif, représentant du général Aoun au Liban, l’ancien président du parti Kataëb, Élie Karamé, l’ancien candidat aux législatives de Beyrouth, Massoud Achkar, et le vice-président des Kataëb, Paul Gemayel.
Ramzi Irani, ingénieur chez Total, avait été enlevé en plein jour, le 7 mai 2002, en sortant de son travail, dans le secteur Clemenceau. Quatorze jours plus tard, les forces de l’ordre découvraient son corps décomposé, placé dans le coffre de sa voiture, au lieudit Caracas. Âgé de 36 ans, Ramzi Irani était marié et père de deux enfants en bas âge, Yasmina et Jade.
Plusieurs responsables avaient condamné l’enlèvement et l’assassinat, soulignant que les criminels seront capturés et traduits devant la justice. Aujourd’hui, l’enquête n’a toujours pas abouti.

Patricia KHODER
Tout comme la commémoration de l’incarcération du chef des Forces libanaises dissoutes, Samir Geagea, en avril, et la messe anniversaire pour la disparition du président Béchir Gemayel, en septembre, la commémoration de l’enlèvement et de l’assassinat de Ramzi Irani figure désormais parmi les événements qui mobilisent les jeunes militants des FL. Hier, en la cathédrale...