Diplomatie - Obeid en Crète, puis en Iran les 26 et 28 mai Le Liban préconise un dialogue politique loin des menaces américaines

Le nouveau chef de la diplomatie, Jean Obeid, représentera le Liban à la conférence des ministres des Affaires étrangères des États membres de l’Association euro-méditerranéenne, le 26 mai, en Crète ; une réunion à laquelle participeront 27 de ses homologues. Deux jours plus tard, le 28 mai, M. Obeid ira à Téhéran pour représenter le Liban à la conférence des ministres ds Affaires étrangères des pays membres de l’Organisation de la conférence islamique, à laquelle seront présents 57 ministres des AE.
Selon des sources très bien informées citées par notre chroniqueur diplomatique, Khalil Fleyhane, ces deux réunions donneront à M. Obeid l’occasion de rencontrer un grand nombre de ses homologues, en particulier ceux qui, comme lui, sont directement concernés par le conflit arabo-israélien et par le processus de paix dans la région. D’autre part, le chef de la diplomatie libanaise serait invité à exprimer le point de vue de son pays concernant la nouvelle situation née de l’occupation de l’Irak par les forces de la coalition anglo-américaine, et de ses répercussions sur le groupe euro-méditerranéen.
D’après ces mêmes sources, s’il est vrai qu’en vue d’amadouer les membres du Conseil de sécurité de l’Onu, les États-Unis cherchent et parviennent à régler les conflits qui les ont opposés à la Russie et à l’Allemagne, l’assainissement des relations américano-françaises reste en revanche plus difficile dans la mesure où Washington est arrivé au point de menacer Paris de sanctions en raison de son attitude dans la guerre en Irak.
Par ailleurs, il est évident que les derniers attentats survenus en Arabie saoudite et au Maroc s’imposeront d’eux-mêmes aux conférenciers réunis en Grèce, puis en Iran. Or, ni les ministres de l’Association euro-méditerranéenne ni ceux de l’OCI ne sont en mesure de convaincre les États-Unis de la nécessité de mettre fin immédiatement à l’occupation de l’Irak. De même, ils ne peuvent pas admettre que les USA ou leurs alliés soient la cible d’actes terroristes dont les victimes sont la plupart du temps des civils et des innocents.
Les difficultés auxquelles se heurtent actuellement les efforts de paix déployés au Proche-Orient ne manqueront pas aussi d’être évoqués lors des deux conférences de Crète et de Téhéran. De fait, c’est toute la communauté internationale qui est empêchée de promouvoir l’application de la « feuille de route » parrainée par les États-Unis, la Russie, l’Union européenne et l’Onu.
C’est le Premier ministre Ariel Sharon qui constitue aujourd’hui le principal obstacle à l’évolution de la situation, le responsable israélien ayant annulé sa visite à Washington, qui devait avoir lieu demain mardi. En effet, l’UE, la Russie et le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, comptaient beaucoup sur cette visite qui aurait permis au président américain George Bush d’exercer sur M. Sharon des pressions susceptibles de le convaincre d’appliquer la « feuille de route » sans aucun amendement.

La position du Liban
Sur un autre plan, M. Obeid informera ses homologues de l’attitude du Liban concernant la situation en Irak. Cette attitude correspond dans l’ensemble à celle de l’Association euro-méditerranéene, exception faite des positions britannique et israélienne. Le chef de la diplomatie libanaise devrait notamment insister sur l’importance de la stabilité dans la région, qui ne peut être assurée que par le biais d’un dialogue politique, loin des menaces américaines dirigées contre le Liban, la Syrie et l’Iran.
À noter enfin que M. Obeid proposera sans doute à Téhéran un projet de résolution requérant en particulier l’appui des États membres de l’OCI pour la libération des fermes de Chebaa, actuellement sous occupation israélienne.
La délégation officielle qui accompagnera le ministre des Affaires étrangères à la conférence de l’OCI sera notamment formée des diplomates suivants : le secrétaire général du palais Bustros, Mohammed Issa, l’ambassadeur du Liban en Iran, Adnane Mansour, l’ambassadeur en Arabie saoudite, Bassam Naamani, le directeur des affaires arabes, Hicham Dimachkiyé, et le directeur des affaires internationales, Gebrane Soufan.