Arrêt sur image The Distinguished Gentleman

Il est un mot qui risque de disparaître bientôt de notre vocabulaire, tant il est devenu obsolète à la télévision, comme dans la vie de tous les jours. C’est le mot «élégance».
Un fort joli mot qui sous-entend de bien jolies choses. «Grâce, distinction dans les manières, dans l’habillement. Délicatesse de l’expression, art de choisir les mots et les tours de langage». Autant d’explications que nous donne le Larousse et qui ne trouvent plus leur application dans ce qu’il nous est donné de voir, aussi bien que d’entendre, à la télévision.
Exemple: vu et entendu dans l’émission Morning Live sur M6. Zuméo, animateur d’origine portugaise, demande à la chanteuse Lio: «Il paraît que les Portugaises ont du poil sur...» (et il désigne sa poitrine). Lio: «Non, mais ça ne va pas, non?» (Et Lio de relever son pull pour démontrer l’ineptie du préjugé).
Tout cela relève de la galanterie la plus raffinée.
Peut-on encore parler d’élégance lorsque dans la plupart des défilés de mode, retransmis à la télé, il est davantage prétexte à une forme d’exhibitionnisme plutôt qu’à une manifestation de haute couture? Ainsi, la robe, désormais célèbre de notre styliste libanais que Hale Berry portait l’an dernier aux Oscars, avait été entièrement «repensée» par rapport à l’originale. «Cachez moi donc ce sein que l’on ne saurait voir» avait dit Tartuffe. Hale Berry aussi!
Et puis l’autre soir, dans une émission qui lui était consacrée, Florent Pagny m’est apparu avec un look inimaginable. Du cheveu peroxydé, lamentablement décoiffé, à la barbichette tressée sous le menton, il semblait surgir de quelques films d’horreur, plus punk que funk. Avec le talent qu’il a, pourquoi ce besoin de se dégrader ainsi physiquement? Pour quelques minettes hystériques? Dans son cas, ce n’est plus le sein qu’il aurait fallu cacher, mais tout le reste!

Alain PLISSON

P.S.: Distinguished Gentleman, film de Jonathan Lynn avec Eddie Murphy.