Rechercher
Rechercher

Actualités

Les propos de Khatami sur le Hezbollah diversement interprétés à Beyrouth

Lors de son passage au Liban, le président Khatami a affirmé que le Hezbollah est une réalité libanaise, que ce parti ne reçoit des instructions de nulle part, que l’Iran ne s’immisce pas dans les affaires intérieures de l’État libanais , dont il soutient toute disposition concernant le rôle de la Résistance, sa présence et son efficience.
Ces propos suscitent dans les cercles politiques locaux des commentaires variés. Certains estiment que Khatami a voulu refiler la patate chaude du Hezbollah au pouvoir libanais. Pour dégager la responsabilité de l’Iran, vis-à-vis des États-Unis, en ce qui concerne les options ou les comportements de cette formation. L’Iran est prêt à avaliser toute décision potentielle des autorités libanaises relative au Hezbollah, car il réalise la gravité de la situation régionale, à l’ombre des pressions US sur le Liban et sur la Syrie. C’est comme si Khatami voulait d’avance justifier des mesures s’inscrivant dans un souci de préserver la stabilité dans la région, pour ne donner à Israël aucun prétexte d’agression élargie.
D’autres pensent que les déclarations de Khatami s’adressent bien plus à la Syrie qu’au Liban. Car le président iranien n’ignore pas que le Liban n’est pas libre de ses décisions à l’égard de la Résistance et du Hezbollah. C’est un conseil, un exemple, donné à autrui, quand il soutient que ce parti est libanais et ne reçoit d’instructions de personne, quand il justifie des mesures de retenue face aux menaces US, quand il insiste sur le fait que son pays ne s’immisce pas dans les affaires intérieures libanaises, enfin quand il relève que l’État libanais doit pouvoir prendre toute décision servant l’intérêt du Liban et non d’une autre partie.
En pratique, cette prise de position induit une question toute simple : est-ce que le Liban, la Syrie et l’Iran vont s’entendre pour définir le rôle du Hezbollah à la lumière de la gravité de la situation ? Il est évident que Beyrouth n’est pas en mesure d’assumer seul une telle orientation. Les USA exigent la neutralisation des actions militaires du Hezbollah et même son désarmement. Le Liban, la Syrie et l’Iran ne sont pas disposés à donner satisfaction à Washington tant qu’Israël ne s’est pas retiré des territoires qu’il occupe. C’est-à-dire tant que les raisons qui justifient la Résistance armée ne sont pas gommées. Tout ce qui peut être concédé, pour le moment, c’est une suspension des opérations militaires, afin qu’Israël n’en prenne pas prétexte pour une agression d’envergure contre le Liban et la Syrie.
Mais les États-Unis, et Israël avec eux, peuvent-ils se contenter de cette réponse, qui propose une trêve non proclamée assurant le calme à la frontière libano-israélienne, comme c’est le cas sur le Golan ? Les USA et Israël ne vont-ils pas répéter que le seul objectif admissible à leurs yeux est l’établissement d’une sécurité frontalière définitive avant toute négociation de paix ? Stabilisation qui implique le désarmement du Hezbollah et par conséquent l’arrêt des livraisons d’armes et des fonds qu’il reçoit. Cela à l’instar de ce qui est exigé des Palestiniens, qui se voient enjoindre de mettre un terme définitif à l’intifada et non d’en suspendre simplement les effets sur le terrain.
Les Américains se sont ralliés au slogan de base israélien : la sécurité avant la paix. Cette condition, indiquent des officiels à Beyrouth, peut placer le Liban et la Syrie, peut-être même l’Iran, devant des choix difficiles. Ces sources indiquent qu’on ne peut prendre à la légère les menaces US, car autrement la région se retrouverait sur un volcan, comme le confirment plusieurs instances arabes ou internationales. Il est du reste évident que les coups assénés ces derniers jours aux Américains par un terrorisme qu’ils imputent à la Qaëda les porte à se montrer encore plus intransigeants à l’encontre de toute formation qu’ils taxent de subversive. Les attentats d’Arabie saoudite peuvent se répéter ailleurs, ébranlant la stabilité que Washington a instauré par les guerres d’Afghanistan et d’Irak. Dès lors, les États-Unis réfutent plus que jamais les justifications plaçant des actions de terrain sous l’étiquette d’une résistance légitime et non du terrorisme. Leur position est que l’on ne peut atteindre la paix par la violence, mais par des négociations dans le calme. Dans cette optique, indiquent des sources diplomatiques, les USA ont notifié le Liban, la Syrie et l’Iran qu’en cas de secousses sécuritaires, ils ne feraient rien pour stopper les dures ripostes israéliennes.

Émile KHOURY
Lors de son passage au Liban, le président Khatami a affirmé que le Hezbollah est une réalité libanaise, que ce parti ne reçoit des instructions de nulle part, que l’Iran ne s’immisce pas dans les affaires intérieures de l’État libanais , dont il soutient toute disposition concernant le rôle de la Résistance, sa présence et son efficience.Ces propos suscitent dans les...