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Obeid : Le sommet de l’OCI à Téhéran est nécessaire pour asseoir les droits des Arabes et des musulmans

Téhéran, de notre envoyé spécial, Khalil FLEYHANE

Le sommet des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) s’est ouvert hier à Téhéran, en l’absence remarquée d’un seul de ses membres : l’Irak, sur le sol duquel sont toujours présentes les forces américaines et celles de la coalition.
Le climat qui règne dans la capitale iranienne se résume en un mot : la prudence. Sauf que les participants à cette trentième réunion sont parfaitement conscients de la nécessité de parler d’une seule et même voix, ne serait-ce que pour préserver un minimum de crédibilité à une organisation forte de 57 membres. C’est d’ailleurs ce à quoi a appelé, dans son discours d’ouverture, le président iranien, Mohammed Khatami – qui a insisté sur les termes de cohésion, d’harmonie, de solidarité –, ainsi que son ministre des Affaires étrangères, Kamal Kharazi.
Lequel a mis l’accent sur l’importance de voir l’OCI adopter des mesures et des initiatives « influentes et déterminantes, au regard du danger de la situation. Il faut créer des chances effectives pour le monde islamique », a souligné le chef de la diplomatie iranienne. Quant au locataire du palais Bustros, Jean Obeid, il a estimé que le sommet de Téhéran est « une nécessité, un besoin et un moment charnière dans l’histoire, pour asseoir les droits des Arabes et des musulmans ». Il s’emploiera d’ailleurs à détailler tout cela au cours du discours qu’il compte prononcer aujourd’hui jeudi dans la capitale iranienne. Notons qu’il s’est d’ailleurs entretenu, en marge du sommet, avec, tour à tour, ses homologues iranien, turc, égyptien, syrien, soudanais et bahreïni. Il en a profité pour rappeler l’importance du dialogue des civilisations, des religions et des cultures, ainsi que la nécessité d’appliquer les résolutions internationales pour aboutir à une paix globale au P-O. Il s’est également entretenu avec l’ancien président iranien, Hachémi Rafsanjani.
Des sources ministérielles ont ainsi indiqué qu’il serait erroné de qualifier le sommet de Téhéran de routinier et de considérer qu’il est seulement consacré à préparer celui de Kuala Lumpur, prévu dans six mois. Même s’il est vrai qu’à la surprise générale, les ministres saoudien et koweïtien des Affaires étrangères, Saoud el-Fayçal et Sabah el-Ahmed (représenté par son homologue qatari Hamad ben Jassem al-Thani), ont déclaré forfait. Ces absences ne veulent pas dire que les participants ne débattront pas des gros sujets, bien au contraire. La présence à Téhéran des représentants de pays menacés par les États-Unis – Liban, Syrie, Iran – prouve le contraire, d’autant plus que ces menaces-là sont à prendre réellement au sérieux, selon un responsable au sein de la délégation iranienne.
Ces sources en question ont souligné que les dissonances entre certains participants concernent surtout la situation en Irak et la manière de la faire évoluer, ainsi que la « feuille de route ». Selon un responsable égyptien, ces dissonances vont même jusqu’aux contradictions, à cause de la présence au sein de l’OCI de nombreux pays se caractérisant bien plus par leur allégeance à Washington qu’à l’OCI. Cela est également dû au fait que les pays les plus farouchement antiaméricains évitent aujourd’hui la confrontation, par crainte de ce que pourrait décider le locataire de la Maison-Blanche. Concernant l’Irak, des sources ministérielles du Golfe estiment que le sommet « oubliera » d’évoquer nommément, dans le cadre de ses recommandations, « l’occupation » US de l’Irak, mais qu’il insistera sur la nécessité de hâter le resserrement des rangs irakiens, afin d’entendre l’Irak parler d’une seule voix et assister à la formation d’un gouvernement national capable de gérer le pays ainsi que sa politique, sa sécurité et son pétrole.
Sera également évoquée la sécurité de certains des pays membres de l’OCI, touchés de plein fouet par les opérations terroristes initiées par des groupuscules islamistes, ainsi que la nécessité de se solidariser avec ces pays en question. D’ailleurs, à l’ordre du jour des débats figure en bonne et spéciale place le dossier du terrorisme international. L’OCI appellera d’ailleurs à la tenue d’un sommet international que parrainera l’Onu et qui sera destiné à bien définir le concept de terrorisme et à le distinguer de la lutte des peuples pour la libération de leurs territoires. Un distinguo toujours refusé par Washington et ses alliés, mais qui n’empêchera pas l’OCI de promettre de s’engager dans la lutte contre le terrorisme international.
Et toujours selon ces mêmes sources, Ryad insistera au cours du sommet de Téhéran pour que les pays membres de l’OCI s’attachent à appliquer les résolutions qui seront entérinées par l’organisation. Quoi qu’il en soit, les principaux sujets à l’ordre du jour – ils sont à peu près une centaine – restent l’Irak, la « feuille de route » et la volonté de se donner une chance de tester les intentions israéliennes ainsi que la réelle volonté de George W. Bush de faire pression sur l’État hébreu.
Téhéran, de notre envoyé spécial, Khalil FLEYHANELe sommet des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) s’est ouvert hier à Téhéran, en l’absence remarquée d’un seul de ses membres : l’Irak, sur le sol duquel sont toujours présentes les forces américaines et celles de la coalition.Le climat qui règne...