Rechercher
Rechercher

Actualités

L’affaire des écoles soulevée à Bkerké Pakradouni : « La crise socioéconomique nous oblige à fixer des priorités »(photos)

L’affaire des écoles continue de faire couler beaucoup d’encre et d’être au centre d’un bras de fer entre le camp haririen et les milieux proches du chef de l’État, qui ont exposé leurs positions, hier, au patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir.
Le chef de l’Église maronite, qui s’était exprimé dans sa dernière homélie dominicale contre un développement de Beyrouth aux dépens des villages, a reçu deux membres du bloc parlementaire de Hariri, MM. Nabil de Freige et Bassel Fleyhane. Il s’est aussi entretenu avec le ministre d’État pour la Réforme administrative, Karim Pakradouni. Si les deux parlementaires se sont abstenus de toute déclaration à la presse, M. Pakradouni a tenu à « clarifier certains points » en rapport avec le dossier qui avait mis le feu aux poudres, durant la réunion du Conseil des ministres, jeudi dernier, et aggravé le clivage entre Baabda et Koraytem.
Proche du chef de l’État, le ministre a prononcé un véritable plaidoyer en faveur du développement équilibré des régions, thème sur lequel il fonde ses réserves au sujet d’une forte concentration d’écoles publiques à Beyrouth, se demandant si le projet de construction d’un palais des congrès, pour lequel l’État doit débourser 16 millions de dollars, peut être considéré comme étant une priorité alors que le pays est secoué par une violente crise socioéconomique et que les finances publiques se portent mal.
« Je suis un ministre pour tout le Liban et non seulement pour une ville ou un mohafazat. Je suis aussi le chef d’un parti qui a soutenu l’accord de Taëf lequel prévoit un développement équilibré des régions. Ce développement est indispensable pour l’unité et la stabilité sociale du pays, d’autant qu’il contribue à freiner aussi bien l’exode rural que l’émigration. Mais pour y parvenir, il faut impérativement établir un plan complet », a-t-il déclaré, expliquant que c’est sur cette base qu’il avait formulé ses remarques en Conseil des ministres, lorsqu’il avait mis en question la répartition géographique des écoles, surtout dans les différents quartiers de Beyrouth.
Affirmant qu’il ne veut pas répondre aux virulentes critiques qui lui ont été adressées, notamment par le camp haririen, le ministre a tenu à exposer dans le détail les raisons de sa prise de position : « Le texte qui nous été proposé prévoit un emprunt de 300 millions de dollars pour couvrir les frais d’expropriation d’une série de terrains, en prévision de la construction d’écoles, de barrages, de réseaux routiers et d’eau potable, et d’un palais des congrès. Sur ce dernier point, je dois poser une question : est-ce que la construction d’un palais des congrès constitue une priorité, vu la crise socioéconomique qui secoue le pays? Lorsque nous appelons à l’établissement d’un plan de développement, nous sous-entendons qu’il faut fixer les priorités, les possibilités (d’exécution) ainsi qu’un calendrier-programme en fonction des priorités. Il ne fait pas de doute qu’avant l’édification d’un palais des congrès, il faut s’attaquer aux dossiers de l’enseignement gratuit pour tous les Libanais, de la santé et de l’assurance-vieillesse. »
Après avoir indiqué que la construction de cet édifice avait été approuvée par l’ancien gouvernement, M. Pakradouni a indiqué qu’en Conseil des ministres, on leur a expliqué que le projet sera financé suivant le système BOT (Build, operate and transfer), en ce sens que l’État offrira le terrain (52 000 mètres carrés) à une société qui se chargera de la construction et de l’exploitation. « Le projet ne doit donc rien coûter à l’État, a-t-il poursuivi, mais nous avons constaté que 25 millions de livres, soit 16 millions de dollars, sont prévus pour l’expropriation de près de 4 000 mètres supplémentaires. Supposons que la construction d’un palais des congrès constitue un besoin, pourquoi devons-nous exproprier 4 000 mètres supplémentaires ? Pourquoi devons-nous payer 4 000 dollars pour le mètre alors que nous en avons déjà 52 000 ? » s’est-il interrogé.
Concernant les écoles, il a rappelé la répartition des fonds consacrés à ce projet, telle qu’elle a été soumise au Conseil des ministres: 68 milliards de livres pour Beyrouth, soit 77 % de la totalité de la somme prévue, et 23 % seulement pour le reste des régions. Le Metn, Kesrouan et Jbeil obtiendront un milliard 300 millions de livres, contre 469 millions de LL pour Baabda, le Chouf et Aley, un milliard 100 millions de LL pour la Békaa et 17 milliards pour le Liban-Nord dont 7 sept milliards destinés à l’Université libanaise. « Est-ce que ces chiffres traduisent vraiment un développement équilibré des régions ? Beyrouth peut avoir besoin de plus que cette somme, mais il faut tenir compte des autres régions dans tous les cas », a soutenu M. Pakradouni, niant avoir tenu un langage confessionnel en Conseil des ministres.
Après avoir indiqué qu’il refuse de lier la polémique actuelle à la bataille présidentielle, dont l’ouverture est, pour lui, prématurée, le ministre a réaffirmé le soutien des Kataëb, qu’il dirige, à la présidence de la République, avant d’exprimer son propre appui aux orientations politiques du général Émile Lahoud. « Nous soutenons la ligne stratégique du chef de l’État. Je ne pense pas que le chef du gouvernement en soit éloigné. Nous sommes cependant en désaccord avec le Premier ministre au sujet de sa gestion des affaires internes, et s’il s’écarte de la ligne (présidentielle), nous lui ferons face. »
L’affaire des écoles continue de faire couler beaucoup d’encre et d’être au centre d’un bras de fer entre le camp haririen et les milieux proches du chef de l’État, qui ont exposé leurs positions, hier, au patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir.Le chef de l’Église maronite, qui s’était exprimé dans sa dernière homélie dominicale contre un développement...