Dossier régional - L’OCI a entériné le document de travail présenté par le Liban Obeid : « Consolider le dialogue des cultures en développant la culture du dialogue »

TÉHÉRAN - de notre envoyé spécial Khalil FLEYHAN

Devant les membres de la conférence des ministres des Affaires étrangères de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) réunis à Téhéran (28-31 mai), M. Jean Obeid a rendu un hommage appuyé au président iranien Mohammed Khatami, pour le discours que ce dernier avait prononcé à Beyrouth, au cours de sa récente visite au Liban.
M. Obeid a particulièrement relevé, dans ce discours, le fait que le président iranien a décrit le Liban comme « un modèle vivant du dialogue des cultures », rejoignant en cela la célèbre formule de Jean-Paul II au sujet du Liban, décrit par le Saint-Père comme étant « plus qu’un pays, un message ».
Dans son discours, M. Obeid a souligné l’importance du dialogue des cultures qui, pour exister, a besoin d’une « culture du dialogue qui tienne compte des droits de l’autre, de leurs spécificités et de leur dignité ».
Après avoir fait la distinction entre une religion héritée et une foi choisie, le ministre des Affaires étrangères a condamné l’État hébreu qui prétend être celui d’un peuple « choisi par Dieu », sans souscrire aux obligations morales que lui impose le Dieu qui l’a choisi.
Poursuivant son raisonnement, M. Obeid a également condamné « les attentats terroristes qui font des victimes civiles innocentes », sans pour autant en mentionner explicitement les auteurs. « Toutes les religions condamnent le meurtre des innocents, a-t-il dit, qu’ils soient arabes ou persans, chrétiens ou musulmans, orientaux ou occidentaux, du Nord ou du Sud. Les auteurs de tels actes sont les plus grands ennemis de leur religion », a-t-il martelé.
Sur un autre plan, M. Obeid a affirmé que la paix régionale passe par l’application des mêmes critères pour tous les pays, et l’abandon de la politique des « deux poids, deux mesures » en ce qui concerne le respect des droits des États et des peuples.
« Il n’y aura pas de paix planétaire sans justice », a-t-il affirmé, réclamant un retour d’Israël aux frontières de juin 1967, la reconnaissance du droit au retour des Palestiniens et celui d’avoir leur État avec Jérusalem pour capitale.
« Nous le disons ici comme nous l’avons dit à la conférence Euromed, nous serons toujours prêts à une paix juste et globale sur base des résolutions internationales (...), mais cette paix a plus de chances de s’instaurer si l’on arrive à persuader Israël de cesser de faire exception à la légalité internationale, a encore affirmé le ministre des Affaires étrangères. Israël choisit les résolutions qui lui conviennent et rejette les autres. Il s’attache à ses droits et oublie ses obligations. Il n’hésite pas à demander de l’argent, un appui et des armes aux grandes comme aux petites puissances, en particulier les armes interdites, nucléaires et autres, et refuse le plus souvent de recevoir ne fut-ce qu’un conseil. Il voudrait conserver tout à la fois la sécurité et la terre, celle des Libanais, des Syriens et des Palestiniens, et ferme à leur visage la porte du compromis, pour ne leur laisser d’autre choix que la résistance. »
Après la lecture de son discours, M. Obeid a été informé par le représentant du Liban au sein de la commission politique de l’OCI, Bassam Naamani, que la commission a approuvé à l’unanimité un document de travail présenté par le Liban intitulé : « La permanence de l’occupation par Israël de terres libanaises et de l’incarcération de citoyens libanais dans ses geôles et prison. »
Le congrès des ministres arabes des Affaires étrangères de l’OCI a condamné, sur base de ce document, la permanence de l’occupation des fermes de Chebaa et appuyé la demande libanaise du maintien du nombre des soldats de la Finul à son niveau actuel. Il a condamné le minage intensif de portions de territoire libanais par Israël et demandé à la communauté internationale de faire pression sur Israël pour indemniser le Liban.
L’OCI a enfin demandé la libération immédiate des prisonniers libanais détenus en Israël et mis en garde contre l’implantation des Palestiniens au Liban, « qui empêche l’instauration d’une paix juste et globale dans la région ».