Après une conférence de presse donnée jeudi dernier par le syndicat des entrepreneurs, au cours de laquelle ceux-ci se plaignaient de la pénurie de gravier et autres matières pemières sur le marché, c’est le ministre des Travaux publics, Négib Mikati, qui a relancé le débat hier en adressant une lettre au Conseil des ministres, demandant un nouveau délai de six mois pour les carrières « opérant légalement », afin de « sauver la saison de travail de l’été prochain », tout en « assurant le respect des normes internationales de protection de l’environnement ».
Selon M. Mikati, l’arrêt des carrières et l’interdiction de transport et de vente des stocks ont eu pour conséquence « une grave pénurie de gravier et de sable, qui a provoqué l’interruption des travaux dans les chantiers et entraîné l’incapacité de réhabiliter les routes endommagées par les intempéries avant la prochaine saison d’hiver ». Outre le délai de six mois, le ministre a suggéré que le texte du plan directeur soit modifié par le même bureau d’études, Dar al-Handasa, qui l’a conçu, dans le sens de « l’ouverture d’une carrière dans chaque caza, en plus des sites qui seront situés dans la chaîne de montagnes de l’Anti-Liban ».
Akram Chehayeb a réagi violemment dans une conférence de presse qu’il a donnée hier au Parlement. « Celui qui lit le communiqué du syndicat des entrepreneurs entre les lignes comprend très vite qu’il y a une intention de ne pas appliquer le plan directeur et de permettre de nouveau aux machines de grignoter les montagnes », a-t-il dit. Rappelons que le communiqué auquel M. Chehayeb fait référence parle de certains propriétaires de carrières « plus chanceux que d’autres, auxquels on a permis de continuer le travail ».
« Qui couvre les “chanceux” ? » s’est demandé M. Chehayeb. « Pourquoi le fait-on ? Les responsables ne se doutent-ils pas que la population est au courant de tout ? Qu’à Abou Mizan et dans d’autres régions du Liban-Nord, de la Békaa et du Liban-Sud, les gens savent que ceux qui profitent des carrières sont couverts par de hauts responsables ? »
« Si l’insistance des entrepreneurs, qui sont pour la plupart des propriétaires de carrières eux-mêmes, aboutit à un recul du gouvernement, cela nous convaincra encore plus que nous vivons dans un pays où l’État ne respecte pas ses propres décisions, ne croit pas en l’avenir et ne trouve aucun intérêt à la préservation de ses ressources naturelles », a-t-il ajouté. « Nous avons bien peur que le communiqué des entrepreneurs ne soit un présage de la fin du plan directeur, surtout que beaucoup de responsables n’ont d’autre souci que de satisfaire les suivants et les cupides. »
La commission des Travaux publics et du Transport, qui s’est réunie sous la présidence du député Mohammed Kabbani pour discuter de la reconstitution des dossiers des décrets introuvables votés par les administrations et les conseils municipaux, a également évoqué les carrières. M. Kabbani a appelé à la fin de la « guerre des carrières », afin que « des solutions soient simultanément trouvées à la pénurie des matières premières ainsi qu’à la protection de l’environnement ». Il a considéré comme grave « la paralysie du secteur des travaux depuis l’arrêt des carrières ». Interrogé sur l’identité des « héros » de cette guerre dont il parle, M. Kabbani a juste précisé ue ce sont des « personnes influentes ».
Les plus commentés
Israël est en train de perdre, mais pas autant que les Palestiniens
Don de l'UE : après avoir déclaré la guerre à Mikati, les chrétiens proposent la paix ?
Retour des Syriens : Assad s'impose dans le débat