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Un climat politico-ministériel qui confine à la crise

En général, et en bonne logique, on change de cabinet pour résoudre un problème. Ici, c’est le contraire. L’on a remplacé une équipe par une formation assez identique. Mais qui, au lieu d’être embellie, se trouve au contraire enlaidie, pour parler en termes d’esthétique. D’entrée de jeu, de nouveaux et violents conflits se sont greffés sur les anciens contentieux. Et la dernière séance du Conseil des ministres a donné lieu à des empoignades quasi sordides sur les sous. De plus, emporté par la passion querelleuse du moment, le président du Conseil a relancé l’affaire de la NTV en priant les ministres Obeid et Samaha de proposer au Conseil des mesures contre cette station. On sait qu’à la fin de l’année dernière, Hariri avait tenté de faire fermer cette boîte. Mais, agissant seul, sans le concours des autres présidents, il n’était pas parvenu à ses fins. Il en avait été agacé, ce qui s’était traduit par le torpillage de l’opération dite alors de lavage des cœurs. Les ponts avaient été de nouveau rompus entre Baabda et Koraytem. De même, les relations de Hariri avec les Murr, Michel et Élias, en avaient été ternies. Les Syriens étaient intervenus et l’on avait eu droit à une nouvelle phase de normalisation artificielle des relations entre loyalistes. Cela avait juste, et à peine, suffi pour que l’on s’entende sur le changement de cabinet. Ensuite le doux refrain de la mésentente a été entonné derechef en chœur, forcément discordant. L’on a fini ainsi par se disputer âprement la pomme (de discorde) des 300 millions de dollars pour les expropriations et les écoles, sans compter le crêpage de chignon au sujet des nominations à la Caisse nationale de Sécurité sociale. Tout cela est venu aggraver les effets fâcheux des déballages publics qui ont récemment mis aux prises divers chouchous du pouvoir ou des décideurs. Au sujet de fantaisies comptables relevées çà ou là, notamment dans ce que l’on appelle le service de la mécanique. Pour en revenir à la NTV, Hariri se heurte de nouveau à la résistance du régime. Qui pense que l’Exécutif n’a pas à se mêler de dérives qui, à son avis, sont du ressort de la justice.
Bref, le climat est à nouveau hypertendu au sein du pouvoir. Les efforts de conciliation déployés par les amis communs entre Baabda et Koraytem n’ont strictement rien donné. Il se confirme de la sorte que la séance du Conseil des ministres est annulée cette semaine. D’ailleurs le chef de l’État est en France pour une visite privée de quatre jours. Il y suit du reste Hariri qui a passé le week-end à Paris.
Pour tout dire, souligne un politicien, le nouveau gouvernement est mort-né politiquement. Les orientations, les méthodes, les styles des présidents se confirment comme inconciliables. Leur antagonisme, qui débouche en pratique sur un blocage général, étonne du reste plus d’un professionnel ayant le sens des responsabilités et le souci de l’État. D’autant que le redressement économique, promis à travers Paris II, se trouve sérieusement compromis par le gel, entre autres, des privatisations. Ainsi que, bien évidemment, par le manque de confiance qui découle des heurts entre les grands. Phénomène qui risque d’aller en s’aggravant, dans la mesure où le Liban politique se situe déjà dans la perspective de la prochaine élection présidentielle. Toujours est-il que, selon certains, tout comme l’on avait pensé qu’un changement de cabinet pourrait arranger les choses, il y a aujourd’hui des chances pour que l’on se rabatte rapidement sur la même formule, c’est-à-dire qu’on s’amuserait à mettre au point une nouvelle combinaison ministérielle. Afin de trouver une issue à la crise ambiante. Ou, à tout le moins, afin de gagner du temps et de faire diversion jusqu’à ce que les choses se décantent un peu plus sur le plan régional.
Philippe ABI-AKL
En général, et en bonne logique, on change de cabinet pour résoudre un problème. Ici, c’est le contraire. L’on a remplacé une équipe par une formation assez identique. Mais qui, au lieu d’être embellie, se trouve au contraire enlaidie, pour parler en termes d’esthétique. D’entrée de jeu, de nouveaux et violents conflits se sont greffés sur les anciens contentieux....