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Le pouvoir n’est pas habilité à réaliser le changement attendu, selon le coordinateur du Forum démocratique Habib Sadek : Faire basculer l’équilibre en faveur des forces du progrès(PHOTO)

Habib Sadek est une figure hors normes dans le panorama politique. Preuve en est, le coordinateur du Forum démocratique réussit l’incroyable pari d’être respecté et apprécié aussi bien dans les milieux de l’opposition, auxquels il appartient naturellement, que dans certaines sphères du pouvoir. À titre d’exemple, le chef du PSP, Walid Joumblatt, affirme souvent qu’« il s’entendrait beaucoup mieux avec l’opposition s’il y avait deux ou trois Habib Sadek de plus... ».

Pour l’ancien député de Nabatiyeh, l’opposition se doit d’être avant tout « démocratique », et elle ne saurait se limiter à la dynamique créée à partir de l’an 2000 par certaines forces politiques telles que le Rassemblement de Kornet Chehwane, le Forum démocratique ou le Renouveau démocratique : « Il y a d’autres courants, d’autres cénacles culturels ou individus qui s’activent et qui n’ont pas adhéré à l’un de ces blocs. Nous entretenons de bonnes relations avec eux, surtout les intellectuels, et c’est avec eux que nous œuvrons pour élaborer les documents publiés par le Forum démocratique. Toute cette dynamique a réalisé maintes choses sur la scène interne : elle a brisé plusieurs tabous, concernant notamment les relations libano-syriennes, la situation au Liban-Sud ou les agissements des services de renseignements au Liban. Nous sommes à l’origine de l’expression “l’État sécuritaire”, par exemple, ou de la campagne contre l’orientation et l’emprise des services de renseignements libanais et syriens sur les médias libanais. »
Mieux encore, selon lui, l’opposition a lancé un appel à la réconciliation nationale, à travers la formation d’une rencontre nationale pour un véritable dialogue entre toutes les forces politiques du pays. « En dépit des appels successifs au dialogue des trois rassemblements de l’opposition, le pouvoir a fait la sourde oreille, à commencer par le président de la République, à qui nous avons demandé de parrainer ce chantier. Au contraire, le pouvoir a pris le contre-pied de cette stratégie. »

Interprétations
différentes dans l’opposition
Libertés, souveraineté, continuité avec le monde arabe, humanisme : ce cocktail fait du discours de Habib Sadek un projet apparemment rassembleur. Mais pourquoi alors est-il si difficile, selon lui, d’élaborer un plan d’action commun à toute l’opposition, de Sélim Hoss à Michel Aoun ? « Nous respectons les positions de tous à l’encontre des agissements du pouvoir. Le problème, c’est que nous avons parfois des interprétations différentes de certains courants de l’opposition avec qui nous sommes en coordination, et par conséquent, une différence au niveau des projets et du discours. » Une allusion au général Michel Aoun, qui milite actuellement en faveur du Syria Accountability Act ? « Non. Ce n’est pas seulement ça. Le général Aoun, par exemple, a récemment parlé de fédéralisme comme solution pour le Liban. À mes yeux, ce pays repose sur trois piliers : ses libertés, sa souveraineté et son unité. Le Liban n’atteint même pas la superficie d’un quartier de Los Angeles. Œuvrer pour une fédération ou une confédération comporte de grands dangers, et nous sommes allergiques à cela. Tout comme nous sommes allergiques au fait de parier sur les puissances étrangères. Nous voulons des relations amicales avec la Syrie. Nous ne supportons guère ceux qui parient sur la Syrie au Liban. Comment admettre, à partir de là, que certains fassent un pari sur les États-Unis, dont le projet menace la souveraineté, la dignité, la culture et les spécificités du Liban ? » répond Habib Sadek, en s’opposant fermement à l’interventionnisme américain dans les affaires internes des pays arabes, notamment sur le plan éducatif ou religieux.
Que pense-t-il du « revirement » de Walid Joumblatt, qui était le parrain du front de l’opposition constitué en 2001 et un élément primordial au sein du Forum démocratique, en faveur du pouvoir ? « On ne peut pas vraiment dire qu’il a quitté le pouvoir. Après le 11 septembre, il y a eu des divergences au niveau de l’interprétation des événements, notamment en ce qui concerne les relations libano-syriennes. Au plan interne, nous avons un autre point de vue que lui concernant les rapports entre les trois présidents. Pour nous, ce pouvoir constitue un seul corps, une seule structure, qui assume entièrement l’effroyable délabrement politique, économique et social du Liban. Les querelles entre le président de la République et le Premier ministre détruisent encore plus le pays. » L’ancien député appelle Walid Joumblatt à « faire une nouvelle lecture des développements que les États-Unis cherchent à imposer dans la région, surtout au niveau des relations libano-syriennes ».

Miser sur les étudiants
Par ailleurs, pour Habib Sadek, il ne faut évoquer la question du retrait militaire syrien qu’avec ses corollaires, la tutelle politique, économique et le rôle des services de renseignements syriens, dans le cadre d’un règlement bilatéral. Mais, souligne-t-il, « la classe politique qui gouverne le Liban depuis Taëf n’est pas habilitée à réaliser un tel règlement. C’est pourquoi il faut, d’abord, qu’un changement se produise en faveur des forces du progrès, lequel se traduirait par la mise en place d’un gouvernement d’union nationale chargé d’élaborer une loi électorale démocratique et équitable, de procéder à des élections législatives anticipées et d’œuvrer à l’élection d’un président de la République qui renforcerait la crédibilité de ce poste ».
M. Sadek estime que l’opposition a péché par omission durant les derniers mois, qu’elle devait avoir recours à d’autres moyens que les communiqués pour exprimer son rejet du fait accompli. « Elle devrait aussi renforcer ses relations avec les courants étudiants et inviter les femmes à participer », conclut-il.

Michel HAJJI GEORGIOU
Habib Sadek est une figure hors normes dans le panorama politique. Preuve en est, le coordinateur du Forum démocratique réussit l’incroyable pari d’être respecté et apprécié aussi bien dans les milieux de l’opposition, auxquels il appartient naturellement, que dans certaines sphères du pouvoir. À titre d’exemple, le chef du PSP, Walid Joumblatt, affirme souvent qu’«...