Diplomatie - Ivanov à Beyrouth Lahoud se félicite de la position « modérée » de Moscou(PHOTO)

Arrivé hier à Beyrouth pour une visite officielle de quelques heures, le ministre russe des Affaires étrangères, Igor Ivanov, a insisté, lors de ses entretiens avec les présidents Émile Lahoud, Nabih Berry, Rafic Hariri, et avec son homologue Jean Obeid, sur la réactivation des volets libanais et syrien du processus de paix avec Israël, parallèlement au plan international de règlement du conflit israélo-palestinien.
Le chef de la diplomatie russe a entamé sa visite au Liban par une réunion d’une heure avec le chef de l’État. Lors de cet entretien, le président Lahoud a notamment souhaité que le quartette – et la Russie en particulier – s’emploie à réactiver le processus de paix au Moyen-Orient dont l’application est entravée par les prises de position intransigeantes de l’État hébreu. Il a souligné à cette occasion la nécessité de se baser sur les résolutions de l’Onu pour aboutir à un règlement juste et global dans la région. Le chef de l’État a en outre affirmé au ministre russe que Beyrouth appuyait tous les efforts déployés en vue de rétablir la stabilité au Proche-Orient conformément aux fondements de la conférence de Madrid et de l’initiative de paix arabe lancée au sommet de Beyrouth en mars 2002.
Par ailleurs, le président Lahoud a estimé que « les positions modérées et ouvertes de la Russie et de l’Union européenne habilitaient ces mêmes parties à faire pression sur les responsables israéliens, et sur le Premier ministre Ariel Sharon en particulier, afin de les inciter à modifier leur comportement ».
En fait, les positions de Beyrouth et de Moscou concernant la « feuille de route » et la réactivation du dialogue visant à promouvoir un règlement du conflit libano-israélien et syro-israélien se recoupent et se rejoignent.
C’est l’impression générale qu’ont dégagée les participants à la réunion, qui a groupé l’après-midi, au palais Bustros, les délégations russe et libanaise, sous l’égide de MM. Ivanov et Obeid.
Notre chroniqueur diplomatique, Khalil Fleyhane, précise pour sa part que le ministre russe, qui a quitté Beyrouth en soirée pour le Caire, n’avait aucune initiative spécifique à proposer au gouvernement libanais, et pour cause : selon M. Ivanov, il est clair qu’aucun pays – aussi puissant soit-il – ne peut régler à lui seul le conflit israélo-arabe. Il croit ainsi au travail collectif, notamment à celui du quartette qui, d’après lui, constitue un instrument d’observation idéal pour la mise en application de la « feuille de route ». Le chef de la diplomatie russe s’est dit rassuré du fait que le président américain, George W. Bush, était déterminé à aboutir à un règlement du conflit israélo-arabe.
Les sources susmentionnées ajoutent que M. Ivanov a souligné à l’intention du président Lahoud la nécessité de préserver la concomitance des deux volets syrien et libanais dans toute négociation avec l’État hébreu.
En tout état de cause, la tournée du responsable russe dans la région vise surtout à sonder les positions des parties concernées par le processus pour en informer l’Administration américaine, puis les autres membres du quartette. On constate d’autre part que le ministre Ivanov n’a pas fait mention du projet d’une nouvelle conférence internationale, un projet qu’il avait pourtant évoqué la semaine dernière, à l’issue d’une réunion avec son homologue français, Dominique de Villepin. La raison de cette omission est que Moscou ne veut pas donner à Washington l’impression de vouloir faire cavalier seul... De fait, le gouvernement US risquerait fort de s’en offusquer, ajoutent les mêmes sources.