TÉMOIGNAGE Cette exceptionnelle Mimi

Je ne ressasserai pas au risque de les vulgariser, les inestimables qualités professionnelles et humanistes que l’ambassadeur de France, Philippe Lecourtier, a développées dans le descriptif élogieux qu’il a envoyé à Marie-Claire Antakli pour l’informer de la distinction que le président Jacques Chirac et le gouvernement français ont décidé de lui accorder.
Je n’ajouterai rien non plus à l’élégante allocution de l’éminent et non moins émérite Pr Alain Carpentier ni à l’émouvant témoignage du service d’anesthésie-réanimation et des infirmières de l’HDF. Les mots déclamés étaient si authentiques, si spontanés qu’en rajouter un dièse altérerait sans doute leur délicate éloquence.
Toutefois, en observant Mimi gravir d’un pas qu’elle a vaillamment réussi à affermir les marches de l’estrade, se tenir devant le prestigieux émissaire sans cette fois parvenir à cacher une timidité qui lui est toute sienne et ensuite prononcer son discours de sa voix mi-grave, mi-chevrotante, j’ai ressenti l’émotion que seuls les tout proches sont en mesure de partager. Et ce que Mimi, notre Mimi, a omis de dire autant par tact que par grande politesse, c’était la dédicace de son honorariat aussi à des êtres chers qui ont marqué son impressionnante personnalité. J’ai cité son père Joseph, homme d’une proverbiale rectitude et d’une intelligence raffinée parti bien tôt et dont je porte avec honneur et amour son nom, et sa mère Marie, la tante Marie, cette remarquable dame de fer au grand cœur qui lui a inculqué, comme d’ailleurs à tous ses enfants, la générosité, la ténacité, l’opiniâtreté, la rigueur, le sens du devoir et de l’engagement, la disponibilité, mais aussi la foi et l’amour.
En partageant avec toi ces grands moments, ma pensée va aussi à ton oncle Élias, parti sans avoir eu droit à tes attentions et à tes soins, pendant qu’à Paris tu peaufinais ta science et ton savoir. Elle va aussi à Nathalie, arrachée cruellement à nous depuis peu dans sa précoce floraison. Je les vois tous d’ici t’envelopper de leurs regards tendres et combien fiers.
Mais ce que partagent vraisemblablement avec moi ceux qui, ce soir, assistaient à ta décoration, comme d’ailleurs tous nos concitoyens, c’est l’amertume de constater que l’appréciation de nos valeurs nationales nous vient de l’étranger, aussi paternel fût-il.
Parce que encore dans mon pays on continue à n’apprécier que les malfrats et les pleutres.

Joseph E. Nehmé
Avocat à la cour