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Circonspection dans les rangs de l’opposition

C’est avec beaucoup de circonspection que les milieux de l’opposition ont réagi hier à l’annonce du quatrième repli partiel des forces syriennes en moins de trois ans, espérant que cette série de mouvements de troupes aboutisse au bout du compte à l’application de l’accord de Taëf, c’est-à-dire à un retrait total syrien du Liban, tant sur le plan politique que militaire.
Le Renouveau démocratique (RD), parti présidé par le député Nassib Lahoud, s’est dit « réconforté par les dernières informations concernant l’abandon de positions au Liban-Nord et dans la banlieue de Beyrouth ». « Il faut que cette opération se poursuive conformément aux dispositions de l’accord de Taëf », a indiqué le RD. « La poursuite du redéploiement des forces syriennes contribue avec efficacité au rééquilibrage et au renforcement des relations libano-syriennes et aide à la mise en place d’un véritable partenariat stratégique entre les deux pays », a-t-il poursuivi. Et de conclure : « Il s’agit également d’un signe de confiance en la capacité du Liban à assumer sa propre sécurité et à réablir sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire. »
De son côté, le député Farès Souhaid, membre du Rassemblement de Kornet Chehwane, a estimé que chaque mètre évacué par les troupes syriennes améliore la relation de confiance entre les deux pays. « Nous espérons que cet acte vient s’inscrire dans le cadre de l’application de l’accord de Taëf. Il faut également essayer de ne pas le placer dans le contexte des pressions américaines sur la Syrie », a-t-il affirmé à L’Orient-Le Jour.
Le député Pierre Gemayel, lui aussi membre du groupe de Kornet Chehwane, a déploré le mutisme des autorités libanaises et syriennes concernant la nature et la portée du redéploiement. « Cette opération se situe-t-elle dans le cadre de l’application de Taëf ? Pourquoi n’y a-t-il aucun calendrier pour ce retrait syrien, élaboré en commun par les deux États ? Pourquoi n’avons-nous rien entendu du côté libanais sur ce redéploiement ? » a demandé M. Gemayel. « Les Libanais sont les premiers concernés par cette question. Ils devraient avoir leur mot à dire. L’inexistence de la partie libanaise dans cette opération de repli prouve qu’il existe effectivement un déséquilibre dans les relations entre les deux pays. L’absence d’un dialogue sincère sur la question donne l’impression qu’il s’agit beaucoup plus d’une manœuvre tactique que stratégique », a estimé le député du Metn. « La présence des troupes syriennes au Liban n’est pas nécessaire. Au contraire, le Liban et la Syrie ont tout intérêt, dans les circonstances régionales actuelles, à faire preuve d’ouverture et de démocratisation », a-t-il conclu.
Le chef du Parti national libéral (PNL), Dory Chamoun, a estimé que cette succession de replis pourrait aboutir à quelque chose de sérieux au niveau du retrait total syrien, si l’on se réfère au dernier discours du président Bachar el-Assad. « Mais, jusqu’à présent, beaucoup de promesses n’ont pas été tenues, et il pourrait ne s’agir que d’une manœuvre supplémentaire », a-t-il affirmé.
Le coordinateur du Forum démocratique, Habib Sadek, a favorablement accueilli l’annonce du repli, souhaitant que cette opération se poursuive pour la mise en application de Taëf. « Ainsi, ouvrirait-on la voie à la rationalisation des relations entre les deux pays, que souhaite la grande majorité des Libanais », a-t-il indiqué. « Je tiens à préciser qu’il existe des voix dans les milieux intellectuels syriens, comme Riyad el-Turk, qui ont réclamé un retrait total des forces syriennes du Liban. N’est-il pas pour le moins étrange qu’en Syrie, il y ait des voix qui réclament le retrait syrien de chez nous, alors qu’ici, certains voient toujours dans cette revendication un crime qu’il faut sanctionner ? » s’est-il interrogé.
Quant au général Michel Aoun, il a estimé que « l’acte est caduque tant qu’il n’entre pas dans le cadre d’un calendrier ferme et définitif fixant des dates pour les retraits successifs ». « Il ne s’agit pas d’une vente au détail », a-t-il ironisé. Pour l’ancien Premier ministre, interrogé par L’Orient-Le Jour, il s’agit « d’une manœuvre supplémentaire de Damas, qui n’est pas en train de répondre aux exigences américaines ». « Ce qui est exigé de la Syrie, ce n’est pas seulement un changement sur le terrain, mais aussi un changement de discours, de langage. Or, les sbires de Damas au Liban ne pavent pas la voie à une ambiance de paix : la presse y est muselée, un terrorisme intellectuel y est exercé et l’exclusion y est pratiquée », a-t-il conclu.
C’est avec beaucoup de circonspection que les milieux de l’opposition ont réagi hier à l’annonce du quatrième repli partiel des forces syriennes en moins de trois ans, espérant que cette série de mouvements de troupes aboutisse au bout du compte à l’application de l’accord de Taëf, c’est-à-dire à un retrait total syrien du Liban, tant sur le plan politique que...