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FESTIVAL MEXICAIN - Du sombrero aux feuilletons à l’eau de rose, en passant par la pomme avariée Gustavo Thomas croque un portrait de son pays à travers cinquante objets(photos)

Gustavo Thomas, directeur de la troupe de théâtre Esférica Ludens de Mexico City depuis 1998, a été pris en flagrant délit d’exhibition au palais de l’Unesco. Pour raconter son pays natal, l’acteur, dramaturge, metteur en scène et « chercheur dans le domaine du théâtre », comme il se définit lui-même, a choisi un moyen ludique (comme un jeu) et piquant (comme un cactus). Bourrant sa valise d’objets hétéroclites, il les a présentés au public du festival mexicain, prévenant son auditoire qu’il ne fallait surtout pas prendre au sérieux sa performance.
Gustavo Thomas a entamé sa carrière sur les planches en 1982. En 1998, il a été nominé meilleur révélation théâtrale et, en 1996, la révélation de l’année en tant que dramaturge (à son actif, sept pièces).
Au Festival culturel mexicain, il a ainsi donné une performance, présentant cinquante objets représentatifs de la culture mexicaine. En corsaire, débardeur et chaussettes, il prend place sur les planches, au milieu d’un amas hétéroclite d’objets divers. On reconnaît d’emblée le sombrero, le flacon de tequila et la bouteille de bière. Mais au-delà de toute image préconçue, il nous donne à voir des symboles de la vie quotidienne de ses compatriotes.
À tout seigneur, tout honneur, il entame son périple imagé avec une image de la Vierge de Guadeloupe. « On la retrouve partout, dans nos maisons, nos bureaux, nos portefeuilles et même dans notre passé. »
S’enchaînent ensuite :
– une perruque frisée, plus sel que poivre: « Elle appartient à la comédienne Sara Garcia qui, pendant l’époque dite d’or du cinéma mexicain, a joué le rôle de la mamma mexicaine : petite, grassouillette et d’un certain âge. »
– la moustache, dans le style de Zapata et de Sancho Villa, elle est le symbole de la virilité masculine ;
– le sombrero, évidemment, autre élément indispensable du Mexicain hardi et noble ;
– la bouteille de tequila, pour compléter la panoplie du macho ;
– un air de boléro, l’hymne qui chante les rêves et les douleurs ;
– un bâton de rouge à lèvres, maquillage de travesti ;
– le maillot vert des joueurs de l’équipe nationale de football ;
– la bouteille de bière Corona ;
– un mouchoir (pour sécher les larmes qui coulent abondamment en regardant le feuilleton mexicain) ;
– le logo du PRI (Parti révolutionnaire institutionnel, qui gouverne depuis 60 ans) ;
– un microphone :« Le Mexique s’embrume de discours. »
– une pomme mordue: « Version allégée de la vraie morsure de chien avec laquelle le Mexicain met l’accent sur la corruption du pays.»
– un escarpin de femme, qui est pour l’acteur un symbole d’impunité. Ciudad Juarez, située au nord du pays, a connu plus de 300 assassinats de femmes dont aucun n’a pu être élucidé) ;
– un dollar : « Plus de 40 millions de personnes vivent avec un dollar par jour, et parfois moins.»
– une facture de téléphone : « Qui contribue à faire accroître la fortune de Carlos Slim, qui est certes d’origine libanaise.»
– un bâton en bois : « Il sert à se plaindre.»
- une carabine en bois : « Au moyen de laquelle l’armée zapatiste de libération nationale a commencé son mouvement en janvier 1994. » Sauf que les Zapatistes ont utilisé des armes véritables ;
– un boxer aux couleurs du fanion US : « Qui se vend comme des petits pains. »
– un objet d’artisanat indien ;
– une photo de la pyramide ;
– la « tuna », fruit de la plante du nopal ;
– une tortilla de maïs ;
– un piment, quinze types de mangue ;
– un brin d’herbe verte, représentant la marihuana. « Selon les rumeurs, elle constitue un des produits de grande exportation.»
– un champignon classique, en allusion aux espèces dites hallucinogènes ou magiques, utilisées au cours de rituels d’Indiens pour les aider à résoudre leurs problèmes ou à rester recroquevillés sur soi ;
– un reliquat espagnol : « L’héritage indien est aussi marquant que les 300 années de présence espagnole. C’est grâce aux Espagnols que nous sommes métis, que nous parlons leur langue, que le tourisme est favorisé, et c’est à cause d’eux que nous avons appris à mal gouverner notre pays. »
Le Mexique c’est également un des cinq pays ayant les plus grandes réserves de pétrole du monde ; c’est les pyramides, les plages des Caraïbes et du Pacifique. Après le pétrole et le tourisme, la troisième source de revenus au Mexique est constituée par ceux qu’on appelle le « dos mouillé ». Il s’agit des 10 millions de Mexicains qui vivent aux États-Unis. Cette appellation a été attribuée aux clandestins qui traversaient une grande rivière pour passer de l’autre côté de la frontière. Plusieurs personnes ont trouvé la mort dans ces eaux. L’artiste a évoqué les peintures murales de Diego Rivera, David Alfaro Siqueiros et Jose Clemente Orozco. Il a également parlé de la pollution de la ville de Mexico ; du microbus (« un des pires moyens de transport au monde », paraît-il), des journaux utilisés comme papier toilette dans les WC publiques ; des catastrophes naturelles, comme les tremblements de terre et les volcans ; de quelques expressions populaires (impropres à être citées dans un quotidien respectable) ; de bougies qui constituent une lueur d’espoir ; d’un billet d’avion de retour au pays, caractéristique de la nostalgie qui étreint les Mexicains voyageurs…
Le cinquantième et dernier objet ? « Allez-y au Mexique et choisissez-le vous-même », lance l’artiste en conclusion.

M.G.H.

Prochains rendez-vous

- Mardi 15 juillet, 19h, projection du film La perdicion de los hombres (La perte des hommes) d’Arturo Ripstein.
- Mercredi 16, soirée mexicaine en collaboration avec l’International Festival of Tradition and Tourism for Lebanese Emigrants.
- Jeudi 17, 19h, conférence sur la gastronomie mexicaine de Martha Diaz de Kuri, auteur du livre Du Liban au Mexique, la vie autour de la table.
Il convient de signaler que les expositions au palais de l’Unesco sont ouvertes tous les jours, de 12h à 19h.
Gustavo Thomas, directeur de la troupe de théâtre Esférica Ludens de Mexico City depuis 1998, a été pris en flagrant délit d’exhibition au palais de l’Unesco. Pour raconter son pays natal, l’acteur, dramaturge, metteur en scène et « chercheur dans le domaine du théâtre », comme il se définit lui-même, a choisi un moyen ludique (comme un jeu) et piquant (comme un...