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RENCONTRE - Un grand critique de passage à Beyrouth Robert Abirached, un homme de lettres en majuscules(photo)

C’est une grande référence dans le théâtral français, un homme de lettres – de noblesse – qui a passé quelques jours au Liban, sur invitation de l’Iesav, afin d’y donner une série de cours à des élèves privilégiés. Rencontre avec un homme impatient.
Les mots se bousculent avec un accent très français et une voix impressionnante. Robert Abirached, pas de trait d’union s’il vous plaît, a beaucoup de choses à dire et nous voulons tout savoir, après avoir découvert, il y a des années, son important parcours intellectuel et professionnel, les deux étant intimement liés. On aurait bien aimé se gonfler d’orgueil en parlant de ce brillant homme de lettres libanais, figure de la vie théâtrale française, un compatriote. Mais de cette identité qui ressemble à un vieux souvenir, il ne garde que de rares amis, des images jaunies, une famille, quelques mots qu’il peut baragouiner en arabe et cette « sorte de convivialité naturelle, une manière méditerranéenne de se comporter avec les gens ». On le comprend, Robert Abirached a quitté le Liban en 1948 pour faire ses études de lettres en France et n’est plus jamais revenu. Sept ans à l’École normale supérieure et «les choses s’amènent les unes les autres», des vies parallèles qui finissent par se tenir la main. Dans le désordre, il y eut l’enseignement. D’abord à Sainte-Marie de Neuilly «pour les jeunes filles de bonnes familles!» puis à la Sorbonne, l’Université catholique de Louvin, celle de Caen et, pour finir, Paris X–Nanterre et ce titre mérité de « professeur émérite », une manière élégante de clore le chapitre enseignement. Pour cet homme qui aime à répéter : « Je vis selon les circonstances », la critique, une seconde nature, bonne en général car, précise-t-il, « je n’ai jamais parlé des choses que je trouvais mauvaises, secondaires, frivoles, préférant une critique ouverte sur la modernité », la critique devient aussi un métier parallèle. Il se fera connaître à travers ses éditoriaux au Nouvel Observateur, où il sera critique littéraire durant quatre ans.

Suite et fin
Dernière partie de la trilogie Abirached et non des moindres, l’écriture. Car, comme il le dit si bien, « tout est lié ». Dès les années 60, il signe des essais, des fictions et autres critiques devenus aujourd’hui de véritables références. Pour en citer quelques-uns, il faudrait commencer par Casanova ou la dissipation, qui obtiendra le prix Sainte-Beuve à sa parution en 1961 et inspira Fellini pour son film L’Émerveillée, et une pièce de théâtre, la seule, Tu connais la musique ? Viendront plus tard La crise du personnage dans le théâtre moderne, Le théâtre et le prince et, enfin, La décentralisation théâtrale. Entre les deux premières œuvres et celles qui ont suivi, des années de silence se sont imposées, lorsqu’il fut nommé directeur du théâtre et des spectacles au ministère de la Culture. De 1981 à 1988, « j’ai quitté l’université pour un grand bureau avec lanternes, huissiers et chauffeurs. Un autre type d’expérience, très enrichissante» mais où « la rançon fut l’arrêt de toute productivité ». Depuis 1999 et son départ de l’Université de Nanterre, le professeur émérite voyage beaucoup, conférences, articles, petits bonheurs et des constats. « Tout ce que j’ai fait s’accorde l’un à l’autre. J’aime beaucoup l’enseignement, le combat politique et culturel, et l’écriture. Ma carrière a été conduite par un hasard issu de la logique d’une vie. Des rencontres, et le reste dépend de vous. Maintenant j’ai envie d’écrire une grande fiction libre. Je me dis que c’est la vie qui va mener les choses. »
Le reste dépend de vous, monsieur Abirached.

Carla HENOUD
C’est une grande référence dans le théâtral français, un homme de lettres – de noblesse – qui a passé quelques jours au Liban, sur invitation de l’Iesav, afin d’y donner une série de cours à des élèves privilégiés. Rencontre avec un homme impatient.Les mots se bousculent avec un accent très français et une voix impressionnante. Robert Abirached, pas de trait...