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Environnement - Greenpeace réclame la mise en place d’une stratégie nationale de traitement des déchets Sit-in contre l’incinération devant le ministère de l’Environnement(photo)

C’est sur le thème de la maternité que Greenpeace a axé une nouvelle fois sa campagne contre l’incinération, dans le cadre d’un sit-in pacifique qui a eu lieu hier au siège du ministère de l’Environnement. Les militants de l’organisation écologique internationale, dont neuf jeunes filles déguisées en femmes enceintes, étaient accompagnés de plusieurs habitantes des quartiers proches de l’Hôtel-Dieu et de l’AUH (hôpital de l’Université américaine de Beyrouth), venues protester contre les conditions régnant près des hôpitaux qui emploient des incinérateurs. Le mouvement sera suivi d’une réunion qui regroupera jeudi les militants de Greenpeace et le ministre Farès Boueiz autour du sujet de la stratégie nationale de traitement des déchets, selon des sources de l’organisation écologique. Le rendez-vous a été fixé à la suite d’un regrettable incident qui a marqué le sit-in, quand le ministre, refusant d’aborder sans rendez-vous préalable le sujet de cette stratégie nationale avec le porte-parole de Greenpeace, Waël Hmaïdane, a ordonné l’expulsion du jeune homme de son bureau par la force, avant que le malentendu ne soit réglé plus tard dans la journée, toujours selon l’ONG.
Elles étaient une dizaine hier à suivre le convoi de Greenpeace pour se rendre au ministère de l’Environnement, munies de photos des cheminées fumantes d’incinérateurs qui leur empoisonnent littéralement la vie, espérant une solution imminente à un problème présent depuis des années. Ces mères de famille ont affirmé à qui veut l’entendre que les habitants des quartiers à proximité d’incinérateurs vivent cloîtrés chez eux, même en été, dans une souffrance qui n’en finit plus.
« La nuit et à toute heure de la journée, nous sommes assaillis par une puanteur insupportable », se plaint Nohad Bakhos, une habitante du quartier de l’Hôtel-Dieu. « La fumée macule les vêtements, et nous retrouvons même sur nos balcons des restes de coton et de gaze. » Les inconvénients ne s’arrêtent pas là. Safinaz Chaoul, une autre résidente du quartier, souligne que « quatre personnes sont décédées récemment d’un cancer du poumon, dont mon mari ». Les manifestantes dénoncent la prolifération des maladies respiratoires, mais aussi des maladies de peau, deux d’entre elles exhibant des taches sur leurs bras et leurs jambes. Bien qu’elles n’aient pas été en mesure d’expliquer le lien entre la pollution et l’apparition de ces signes de maladie, elles insistent sur leur fréquence dans leur entourage. Quant à l’accent mis sur le thème de la maternité, il se rapporte surtout au fait que la dioxine, matière toxique et cancérigène émise par la fumée des incinérateurs, passe dans le lait maternel, comme l’explique l’une des militantes de Greenpeace.
Toutes ces doléances, c’est le directeur général du ministère, Berge Hatjian, qui les a écoutées en premier. Exprimant sa compassion pour les souffrances des habitants de ces quartiers, il a reconnu l’urgence de trouver une solution à ce problème, à cette situation « inacceptable », selon ses propres termes. Reconnaissant que les mesures prises par le ministère demeurent insuffisantes, M. Hatjian a rappelé : « Nos capacités sont limitées. Mais nous devons nous adresser à la conscience des hôpitaux. » Il a révélé qu’ « une société privée spécialisée dans la collecte et le traitement des déchets hospitaliers a obtenu un permis début juin ». Concernant la position du ministère sur la question de l’incinération, il a précisé qu’il était « hostile à l’incinération anarchique et incontrôlée ».

Un projet alternatif qui tarde
à se matérialiser
M. Boueiz a, quant à lui, rejeté la responsabilité sur les hôpitaux eux-mêmes, durant sa courte entrevue avec deux des manifestantes (après la sortie de M. Hmaïdane). « Une loi sur les déchets hospitaliers a été adoptée, mais ce sont les hôpitaux qui ne l’appliquent pas », a-t-il estimé, promettant de s’occuper de cette affaire le plus vite possible. Concernant le projet alternatif de traitement par décontamination (ce qui résoudrait le problème) dont devaient profiter quatre grands établissements, l’Hôtel-Dieu, l’AUH, les Makassed et l’hôpital Saint-Georges, M. Hatjian a précisé qu’il n’avait pas été réalisé « parce que la société privée qui devait le mettre en place n’a pas obtenu de permis ». « Mais il faudrait qu’ils reviennent à la charge », a-t-il ajouté. À l’Hôtel-Dieu, on nous a répondu que la société privée chargée du projet avait présenté tous les dossiers et toutes les études nécessaires, mais que le problème résidait dans l’opposition locale aux sites proposés, la méfiance envers les usines de traitement des déchets restant intacte. Le projet attend un dénouement depuis un an. « Mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit là d’un problème d’envergure nationale que seul l’État peut résoudre », a rappelé cette source, qui a nié que la fumée se dégage tous les jours des cheminées de l’incinérateur, comme le dénoncent les voisins de l’hôpital.
Le sit-in de protestation de Greenpeace contre l’incinération s’inscrit dans le cadre d’un mouvement plus vaste, englobant 200 organisations dans 65 pays. Il s’agit également du premier anniversaire de la septième réunion du comité de négociation intergouvernemental découlant de la convention de Stockholm sur l’élimination des polluants les plus toxiques, dont la dioxine fait partie. Waël Hmaïdane a insisté sur l’importance de la mise au point d’une stratégie nationale de traitement des déchets, faisant remarquer que « le ministère de l’Environnement a préparé un document en ce sens qui n’a toujours pas été soumis au Conseil des ministres, lequel document ne mentionne pas clairement l’interdiction de l’incinération ». Il a fait référence à un document préparé par l’organisation internationale GAIA, fer de lance de cette campagne mondiale, « montrant que l’incinération est une technologie dépassée et non rentable à long terme ».
Suzanne BAAKLINI
C’est sur le thème de la maternité que Greenpeace a axé une nouvelle fois sa campagne contre l’incinération, dans le cadre d’un sit-in pacifique qui a eu lieu hier au siège du ministère de l’Environnement. Les militants de l’organisation écologique internationale, dont neuf jeunes filles déguisées en femmes enceintes, étaient accompagnés de plusieurs habitantes des...