Sur le plan politique, Berry tente de montrer, en convoquant la Chambre, que cette institution joue efficacement son rôle de censeur des actes du gouvernement. Mais, bien entendu, le speaker n’a pas l’intention de permettre des débordements mettant l’Exécutif en fâcheuse posture. Parce que les décideurs, on le sait, ne veulent pas de remous déstabilisateurs. Il paraît donc exclu que l’on en arrive aujourd’hui à une motion de défiance. L’opposition, fortement minoritaire du reste, serait donc contenue dans les limites d’une critique verbale. On lui remontrerait que le rendez-vous d’aujourd’hui doit se limiter aux deux interpellations posées, en lui promettant un débat général pour plus tard.
On ne peut oublier que Berry est en quelque sorte le parrain du présent cabinet, où il dispose de plusieurs portefeuilles. Il le soutient donc et, dans ce cadre, il s’est réuni à plusieurs reprises avec Hariri. Non seulement pour préparer des projets ou des travaux, mais aussi dans un esprit de médiation en continu entre Koraytem et Baabda. Car les deux sommets de l’Exécutif sont certes d’accord depuis quelque temps pour jouer le jeu constitutionnel, mais il faut constamment entretenir l’entente entre eux, tant la méfiance chronique qui les sépare est difficile à dissiper.
En outre, Berry joue également un rôle de trait d’union entre Hariri et Damas. Il défend ainsi le président du Conseil et il contribue à arrondir les angles. Avec un taux de réussite certaine puisque ces derniers temps, les Syriens, tout en confirmant leur soutien à Baabda, font savoir qu’ils ne sont contre aucun dirigeant. Alors qu’auparavant, ils ne cachaient pas qu’ils n’étaient pas tout à fait sur la même longueur d’onde que Hariri. En réalité, il semble que certains antihaririens aient voulu profiter de ce climat de mésentente larvée pour lancer contre le Premier ministre une campagne que les Syriens ont fini par juger comme trop violente. Car, conséquents avec eux-mêmes, ils ne veulent pas d’une crise de gouvernement ou de pouvoir qui déstabiliserait le Liban. Donc, ils ne veulent pas que Hariri saute. Bien que, selon certains loyalistes, ils ne soient pas trop mécontents de le voir perdre un peu de son importance en tant que leader sunnite.
Philippe ABI-AKL
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