Travaux publics - Les camionneurs perturbent la circulation sur l’autoroute d’Antélias Lock-out des entrepreneurs contre la fermeture des carrières(photos)

Manifestation passive, l’arrêt de travail observé hier sur les chantiers publics par les entreprises de travaux publics n’en est pas moins une mesure sérieuse, impensable n’était le caractère anormal de la décision de fermeture de toutes les carrières d’extraction de sable et de pierres du Mont-Liban qui, aux yeux des intéressés, le justifie.
Le gouvernement préconise le démantèlement de tous les concasseurs et leur installation dans des sites de l’Anti-Liban, une solution que les propriétaires de carrières jugent irréaliste.
Le président du syndicat des entrepreneurs, Fouad el-Khazen, et le président de l’Ordre des ingénieurs, Soubhi Bsat, ont longuement exposé leur point de vue commun à ce sujet, devant les membres de la commission parlementaire des Travaux publics.
Le président du syndicat des entrepreneurs, lesquels sont indirectement affectés par cette mesure, cherche à raisonner les responsables, pour les amener à mesurer la gravité de ce qu’il considère comme une grave erreur.
Au cas où l’État s’obstinait dans sa décision de fermeture des carrières, M. Khazen chercherait à obtenir une renégociation des contrats passés entre les entrepreneurs et l’État, en ce qui concerne les coûts et les délais d’exécution.
La fermeture des carrières et la décision éventuelle d’importer le gravier et le sable pourraient tripler ou quadrupler le prix des agrégats, qui se situaient, avant la fermeture, autour de 5 à 8 dollars le mètre cube.
Près de 70 % des travaux des entrepreneurs se font pour le compte du secteur public, note-t-on.
Les entrepreneurs ont appelé à une assemblée générale, jeudi, pour faire le point de la situation et décider des suites à donner à leur mouvement.

Mise en garde
Parallèlement au mouvement des entrepreneurs, les propriétaires de camions spécialisés dans le transport des agrégats ont manifesté hier à Antélias, où ils ont tenté d’interrompre la circulation sur l’autoroute avec leurs poids lourds.
Sur les 16 000 poids lourds au Liban, 6 000 sont spécialisés dans le transport de gravier et de sable et disposent de bennes, précise-t-on.
Les propriétaires de camions ont mis en garde contre les conséquences sociales de la fermeture des carrières, qui affecte des centaines de familles.
Le président du syndicat des entrepreneurs a mis en garde contre une décision éventuelle d’importation des agrégats nécessaires au mouvement de construction et de travaux publics. C’est pourtant exactement ce qui s’est produit hier, où trente six-wheels de 40 tonnes, transportant du gravier venus de Syrie pour le compte d’une entreprise de fabrication de parpaings, sont entrés au Liban.
Le mètre cube d’agrégat importé de Syrie vaut aux alentours de 17 dollars, souligne-t-on.
M. Khazen, pour sa part, a mis en garde contre l’aggravation du déficit de la balance commerciale, au cas où les agrégats devraient être importés. « Nous n’avons pas de preuves, a-t-il dit, mais nous avons le droit de soupçonner que la décision de fermeture des carrières a été prise pour permettre à des parties de profiter de la situation. » L’importation de gravier et de sable serait, selon lui, « le plus grand scandale, la plus grande erreur ».

Mikati contre la fermeture
Le ministre des TP, Négib Mikati, s’est prononcé de nouveau, hier, pour la révision de la décision de fermeture des carrières, qu’il juge « inadéquate » et « irréaliste ». M. Mikati a estimé indispensable de tenir compte des conséquences sociales de cette décision et a déclaré comprendre les motifs qui ont poussé les entrepreneurs à arrêter le travail.