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PLACE DE L’ÉTOILE - Chehayeb vs Boueiz et Fattouche vs Tabbarah aujourd’hui en séance d’interpellations Les divergences avec Hariri et son gouvernement au cœur de la réunion du bloc Joumblatt(photo)

Entre un « Hariri m’a perdu » et un autre « Je veux un dialogue avec Hariri », Walid Joumblatt trouve le temps de détailler, avec moins de passion, plus de calme et de rationalité, ses points de divergence avec le Premier ministre et son gouvernement. Sachant que ces pommes de discorde se limitent – mais c’est déjà beaucoup – à la politique économique de Rafic Hariri : les privatisations (et les gains énormes, constatés de visu par le seigneur de Moukhtara, et que certains concernés se font au détriment du peuple) ; les biens-fonds maritimes illégaux qui semblent avoir été relégués aux oubliettes ; l’huile d’olive, dont la production a clairement besoin d’être soutenue dans le cadre du budget en tant que tel ; les déplacés et les dossiers gelés à cause du manque d’argent ; le refus de voter la prorogation du mandat du Conseil constitutionnel, etc.
Il n’en reste pas moins que le bloc parlementaire du chef du PSP a consacré une grande partie de sa réunion d’hier à l’examen de l’interpellation du gouvernement que présentera l’un de ses membres, Akram Chehayeb, au sujet des déchets ménagers solides. Le député de Aley demandera ainsi au gouvernement – et notamment au ministre de l’Environnement Farès Boueiz – quand est-ce qu’il se décidera à mettre sur pied un plan global destiné au règlement de ce problème endémique. Il demandera des détails sur l’étude du coût des dépotoirs, sachant que la tonne d’ordures coûte au Liban près de 130 dollars, soit 50 dollars de plus qu’en Europe. Il évoquera ensuite le dépotoir de Naamé, dont la capacité arrivera à saturation définitive dans quatre ou cinq mois, sachant également qu’il faut entre douze et dix-huit mois pour qu’un terrain-dépotoir soit prêt à l’emploi, tant sur le plan administratif que sur le plan technique.
Ainsi, Akram Chehayeb s’étonnera – et à raison – que le gouvernement n’ait pas pensé à un terrain de substitution. Le président de la commission parlementaire de l’Environnement dénoncera également la solution scandaleuse vers laquelle l’État semble se diriger à grands pas : l’enfouissement vertical à Naamé, où les déchets s’élèveront jusqu’à six mètres. La catastrophe écologique sera alors inévitable, cela sans compter les risques d’explosions dues au gaz méthane. Encore faut-il, en l’absence de tout budget consacré à ce dossier et de toute velléité étatique, régler radicalement le problème, le ministre Boueiz – apparemment bien plus préoccupé, comme la quasi-totalité de ses collègues d’ailleurs, par la grande politique régionale et internationale que par les problèmes des Libanais – puisse donner à Akram Chehayeb un semblant de réponse susceptible de le convaincre et de convaincre l’ensemble des Libanais.

Duel singulier
Les députés joumblattistes ont également évoqué (visiblement avec une sévérité assez justifiée eu égard aux dérives enregistrées ici et là) la question des carrières, qui fera elle aussi l’objet d’une interpellation que présentera cette fois, avec le panache qu’on lui connaît, Nicolas Fattouche. Au sujet, précisément, de la décision du gouvernement de casser les arrêtés de justice publiés par le Conseil d’État au sujet de certaines carrières, dont l’une appartient au frère du député de Zahlé. Et force est de constater que le duel singulier que disputera Nicolas Fattouche avec le (très haririen) ministre de la Justice, Bahige Tabbarah, sera le clou d’une séance parlementaire qui ne verra sans doute pas se poser une quelconque motion de défiance à l’encontre de l’un ou de l’autre des deux ministres concernés. Comme cela a été le cas lors du duel Georges Kassarji-Jean-Louis Cardahi, au moment de l’interpellation du député de Zahlé, l’an dernier.
Ce sera donc relativement calme, en harmonie avec les directives syriennes d’apaisement, et que contribue à propager avec beaucoup de zèle le chef du Parlement – et père spirituel du cabinet Hariri –, Nabih Berry. Qui s’est entretenu hier avec le Premier ministre pour préparer avec lui, en se répartissant sans aucun doute les tâches, la séance d’aujourd’hui.
Relativement calme donc, malgré les interventions des députés – notamment de l’opposition – et malgré le fait qu’il reste, comme l’a rappelé Boutros Harb il y a quelques jours, moult interpellations en suspens, et que le n° 2 de l’État n’a toujours pas programmées sur un quelconque ordre du jour. Notamment en ce qui concerne les arrestations arbitraires et illégales pour des motifs sécuritaires, et qui étaient légion sous le précédent gouvernement Hariri. Du coup, cette séance parlementaire d’aujourd’hui aurait pu être bien plus intéressante, bien plus utile aux Libanais que ce qu’elle sera effectivement. Parce que dès qu’il s’agit d’abuser du « souddek, souddek, souddek (approuvé, approuvé, approuvé) » ou dès qu’il « faut », pour faire plaisir aux uns et aux autres, garnir les fonds de tiroirs de propositions de loi ou de questions au gouvernement qui dérangent, Nabih Berry est le plus fort.

Ziyad MAKHOUL
Entre un « Hariri m’a perdu » et un autre « Je veux un dialogue avec Hariri », Walid Joumblatt trouve le temps de détailler, avec moins de passion, plus de calme et de rationalité, ses points de divergence avec le Premier ministre et son gouvernement. Sachant que ces pommes de discorde se limitent – mais c’est déjà beaucoup – à la politique économique de Rafic Hariri...