Pour les fervents adeptes du ballet moderne, et surtout les fans de Maurice Béjart, le spectacle Mère Teresa et les enfants du monde est sous les feux de la rampe depuis le 18 octobre 2002 et sort des sentiers battus par l’importance de son texte et de sa portée humanitaire. Pour cette émouvante religieuse d’origine albanaise, qui a obtenu le prix Nobel de la paix en luttant contre la misère et la déchéance humaine dans Calcutta livré à la lèpre et aux poux, ce n’est guère là un simple hommage incorporé dans un spectacle reconstituant son souvenir ou ses combats dans un environnement hostile, mais une évocation axée sur ses brèves et superbes réflexions, dites avec un accent leur conférant un charme supplémentaire par la grande danseuse brésilienne Marcia Haydée.
De ces préceptes, Maurice Béjart retient surtout la tendresse, la générosité et la hauteur de pensée de Mère Teresa. Mais aussi, par-delà enthousiasme et passion, l’illustre chorégraphe entretient le spectateur de la souffrance du danseur, lui aussi mis à rude épreuve dans sa chair lors de l’entraînement en triomphant toutefois par son art qui ne laisse paraître que joie et beauté. Une douzaine de tableaux émaillent ce ballet d’une heure trente, où de jeunes danseurs (sept filles et huit garçons âgés de 16 à 18 ans – à l’exception d’un danseur de 22 ans – de contrées différentes mais tous formés à l’école Rudra de Lausanne) se distinguent par un talent rayonnant où s’harmonisent grâce, souplesse et maîtrise des corps.
Avec Mère Teresa et les enfants du monde, Béjart ne recherche pas la couleur locale mais plonge dans un vrai bain de jouvence par le truchement de cette jeunesse pleine d’espoir et d’énergie, où la danse est magnifiée dans ses expressions les plus insoupçonnées. Des chants folkoriques du Rajastan aux rythmes d’Hugues le Bars, à la pop music, en passant par Bach et Mozart soutiennent en fond sonore ce ballet aux inventions scéniques et chorégraphiques multiples. « Mettre des jeunes en présence de Mère Teresa, être unique par sa foi, sa force, ce don d’elle-même sans réticence aux déshérités de la terre, c’est continuer la leçon de vie », écrit Béjart. Et d’ajouter : « Notre vie est la danse, non pas vain divertissement, mais engagement profond et permanent de tout notre être. »
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