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Pas de mauvaise surprise, en principe, lors du prochain check-up place de l’Étoile, mardi prochain

C’est un peu le monde à l’envers. En général, en période de cohabitation bancale, c’est le chef de l’État qui se plaint des prestations du cabinet. Cette fois, c’est le chef du gouvernement qui multiplie les reproches et les griefs à l’encontre de sa propre équipe. Plus exactement, à l’encontre des décisions qu’elle entérine en Conseil des ministres et qui sont le plus souvent favorables tantôt aux lahoudistes, tantôt aux berryistes. Mais gentleman’s agreement et trêve ordonnée par les décideurs obligent : Hariri se contente d’exprimer des réserves, presque du bout des lèvres, sans jamais sortir de ses gonds. Ainsi, il se propose de se rapprocher de Joumblatt, qui s’est éloigné de lui ostensiblement ces derniers temps. En le rencontrant, à l’issue de la visite du leader progressiste à Damas. Les ministres Marwan Hamadé et Ghazi Aridi ont déployé des efforts marqués pour que les deux hommes reprennent leur ancienne habitude d’entrevues hebdomadaires, généralement dominicales.
La situation est donc sous (remote) contrôle. Et cela devra se vérifier lors du dernier test politique avant les brèves vacances de deux semaines que le Premier ministre va prendre en Sardaigne. En effet, la Chambre a été convoquée par Berry à une séance de questions-réponses pour mardi prochain. Un tel débat général peut, en principe, produire des interpellations débouchant éventuellement sur des motions de défiance. Mais en principe seulement. Car en pratique, toujours à cause du même mot d’ordre d’apaisement édicté par les décideurs, il est exclu que le gouvernement se trouve sérieusement mis sur la sellette. Les opposants vont, bien entendu, faire flèche de tout bois. Mais à la Chambre, ils sont minoritaires. Et les incidents de prétoire que certains pourraient être tentés de provoquer seraient sans doute rapidement étouffés par le speaker, qui dirige les débats et les oriente comme il l’entend.
Mais alors, à quoi sert ce devoir de vacances avant la lettre ? Il s’agit, répondent des observateurs avertis, de punir certains frondeurs par là où ils ont péché. De leur donner la parole d’une manière officielle, pour pouvoir leur taper sur les doigts tout aussi officiellement en leur mettant le nez dans leurs contradictions. Indiquons, pour plus de précisions, que certains députés représentés au sein du gouvernement se sont répandus ces derniers temps en commentaires peu amènes à l’égard des dirigeants ou des institutions, Conseil des ministres et Chambre confondus. On veut donc les confondre, en les rappelant à l’ordre de la cohésion loyaliste. Ainsi que de la docilité due aux décideurs. Pour tout dire, ces trublions refusent de marcher, comme on dit, dans le scénario du replâtrage. Ils continuent dès lors à dénoncer les tensions qui, selon eux, subsistent entre les présidents. Tiraillements qui, aussi assourdis qu’ils soient, continuent à empoisonner le climat politique. On se propose donc de leur démontrer que, le cas échéant, le pouvoir sait s’unifier pour ramener au bercail les brebis qui s’égarent sur la voie de la critique libre. En même temps, on veut montrer que le Parlement n’est pas tout à fait un bois mort et que, malgré la canicule, il reste actif. Attentif à exercer, prétendument, son devoir de censeur à l’égard de l’Exécutif.
Cependant, sur un plan pratique, éminemment tangible, la séance pourrait ne pas manquer d’intérêt. Dans la mesure où l’on y débattrait du problème des carrières. Beaucoup de politiciens, de tout bord, pensent en effet que les décisions restrictives du Conseil des ministres portent atteinte au mouvement de reconstruction et de développement dans le pays. Même les chantiers de l’État, dont celui de l’autoroute entre le Casino et Jbeil, s’en trouvent affectés, faute de cailloux et de pierres pour la sous-couche. On attend notamment avec curiosité l’intervention de Nicolas Fattouche, auteur d’une interpellation sur la question. Le député est armé d’un verdict du Conseil d’État autorisant son frère à rouvrir sa carrière, sentence que le ministère de l’Intérieur a refusé d’appliquer. Quoi qu’il en soit, Hariri, de son côté, a promis aux entrepreneurs de trouver une solution, le stock disponible ne suffisant que pour quelques mois. Après quoi, il faudrait arrêter la construction, ce qui serait très mauvais pour l’économie nationale. Car, selon la maxime, quand le bâtiment va, tout va. Ce qui signifie (retour au Casino) que quand il ne va pas, rien ne va plus ! Il s’agirait donc de retoucher le plan d’orientation adopté par le pouvoir, afin que chaque mohafazat soit autorisé à disposer d’une carrière, sous des conditions d’exploitation qualitatives déterminées.
La deuxième interpellation, suavement odorante si l’on peut dire, émane d’Akram Chéhayeb et porte sur les ordures ménagères non recyclables. Le programme ne va pas plus loin. Mais comme la séance doit être retransmise par les télés, les députés vont vouloir s’en donner à cœur joie, en se disputant la palme du discours le plus long. Ils ne vont sans doute pas manquer, sans crainte d’un effet boomerang, d’évoquer les récents rapports explosifs de l’Inspection et de la Cour des comptes sur le pourrissement de l’Administration. Mais tout cela, affirment les spécialistes, ne sera qu’une tempête dans un verre d’eau. Du moment qu’avant la rentrée il est interdit par qui on sait de poser la question de confiance. Et de trop se poser des questions.

Philippe ABI-AKL
C’est un peu le monde à l’envers. En général, en période de cohabitation bancale, c’est le chef de l’État qui se plaint des prestations du cabinet. Cette fois, c’est le chef du gouvernement qui multiplie les reproches et les griefs à l’encontre de sa propre équipe. Plus exactement, à l’encontre des décisions qu’elle entérine en Conseil des ministres et qui...