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Vie Politique - Le Premier ministre accepterait-il l’invitation au dialogue du chef du PSP ? Joumblatt à Damas et Hariri à Chtaura pour réaffirmer les « liens stratégiques » avec la Syrie

Comme il ne se passe absolument rien – ou presque – au Liban et que lorsqu’il y a un petit quelque chose qui fait à peine sursauter un landernau politique local stérile et inutile, c’est, en règle générale, particulièrement ennuyant ; allons donc voir ce qui se passe en Syrie.
Ce n’est peut-être pas en ces termes qu’il se l’est formulé, mais le fond y est : Walid Joumblatt, à qui l’on pourrait tout reprocher sauf la paresse intellectuelle ou un penchant pour un doux ronron, s’est effectivement rendu hier à Damas, où il s’est notamment entretenu avec le (très haririen) vice-président syrien Abdel-Halim Khaddam, le chef des services de renseignements syriens au Liban, Rustom Ghazalé, ainsi qu’avec un des hommes (très) forts de la Syrie, Ghazi Kanaan.
S’il est évident que le chef du PSP (et véritable baromètre politique sinon régional du moins local) a dû faire le tour, mille fois fait et refait, du trop lassant feuilleton libano-libanais ; qu’il a dû voir, évaluer, millimétrer son action et ses prises de position dans le futur proche (ce qui ne l’a jamais empêché, fort heureusement, de garder une bonne place pour l’improvisation) ; qu’il a dû évoquer, dans le détail, le (relatif) nouveau visage des relations syro-américaines (beaucoup, au sein de l’Administration Bush, recommencent à penser et à défendre l’idée que les États-Unis ont besoin, aujourd’hui, de la Syrie), le tout au lendemain du démenti infligé par Bachar el-Assad aux prétentions d’un Hosni Moubarak qui se serait bien vu jouer les go-between entre Damas et Washington ; ou qu’il a dû réentendre encore et encore la litanie « Nous ne voulons pas une “feuille de route” bis mais l’application des résolutions onusiennes », il n’en demeure pas moins que le seigneur de Moukhtara a très probablement profité de son court séjour damascène pour mettre sur le tapis la double vraie-fausse affaire Hariri-Damas et Hariri-Joumblatt.
Walid bey l’a dit (qui plus est, à al-Moustaqbal) avant-hier, la veille de sa visite en Syrie : « Je veux un dialogue avec Hariri. » Rien de bien surprenant pour celui qui a affirmé haut et fort en pleine crise entre les deux pôles de l’Exécutif, et quelque temps à peine après être sorti de Baabda, que « Hariri m’a perdu ». Puisque, quoi qu’il dise, il est clair que la seule véritable pomme de discorde entre les deux hommes est la vision (et la gestion) économique – mais pas politique – du pays. À Damas, Walid Joumblatt a dû probablement continuer à (se) demander s’il n’était pas temps pour lui de rallumer la flamme de son concubinage de raison avec le milliardaire englué au Sérail. Parce que, n’est-ce pas – et l’incontournable Sleimane Frangié l’a confirmé il y a deux jours –, la Syrie qui a satellisé le Liban se doit, bien plus que ses porte-voix libanais, d’être à équidistance des deux pôles de l’Exécutif.
Justement, Walid Joumblatt a probablement dû aborder l’étrange absence, depuis plusieurs mois, de Rafic Hariri des rives du Barada. Est-ce que le bon docteur Bachar est-il toujours fâché des (compréhensibles, mesurées et intelligentes, cette fois) tendances occidentales du Premier ministre ? Est-ce qu’il estime (inspiré peut-être par l’un ou l’autre de ses hommes liges zélés) qu’il serait un peu ingrat de contrarier le locataire de Baabda ? Ou alors est-ce que les non-allers-retours de Rafic Hariri ne veulent pas nécessairement dire qu’il y a crise ?
Quoi qu’il en soit, cela n’a pas empêché Rafic Hariri de se rendre hier à Chtaura pour déjeuner chez Rustom Ghazalé, dans une ambiance « bonne et positive », et pour réaffirmer, entre le fromage et le dessert, « la solidité, la constance des liens stratégiques, et la confiance qui prévaut entre la direction syrienne et le président Hariri, et ce depuis longtemps », ainsi que « la nécessité de continuer à coordonner dans l’intérêt des deux pays ».
De quoi rassurer donc Walid Joumblatt. Dont les prises de position dans les jours à venir définiront sans doute avec une précision de climatologue l’orientation des vents, ainsi que la direction que les différents acteurs politiques locaux devront s’empresser de prendre. À commencer par Rafic Hariri (qui aurait très bien pu demander, en ami, au chef du PSP de jouer, pour lui, les éclaireurs à Damas), qui serait fort inspiré d’accepter l’invitation au dialogue de son partenaire du Chouf.
Ziyad MAKHOUL
Comme il ne se passe absolument rien – ou presque – au Liban et que lorsqu’il y a un petit quelque chose qui fait à peine sursauter un landernau politique local stérile et inutile, c’est, en règle générale, particulièrement ennuyant ; allons donc voir ce qui se passe en Syrie.Ce n’est peut-être pas en ces termes qu’il se l’est formulé, mais le fond y est : Walid...