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Francophonie - 29e session de l’APF à Niamey Samir Azar : « Le monde doit-il s’acclimater à une nouvelle forme de violence ? »

Sur le thème « Violence, États de droit et développement », l’Assemblée parlementaire de la francophonie (APF) tient à Niamey (Niger) sa 29e session. Entamée le 6 juillet, cette session s’achève aujourd’hui. Les députés Samir Azar et Nabil de Freige participent aux travaux.
Dans une allocution remarquée, le député du Liban-Sud, Samir Azar, a proposé à ses collègues de l’APF une réflexion sur les conditions d’apparition des « élements constitutifs du développement ».
Dans la première partie de son allocution, M. Azar définit ces éléments et évoque rapidement les difficultés qui empêchent leur apparition et les risques réels de guerre civile encourus par les pays qui échouent dans leur entreprise.
Dans un second temps, M. Azar parle des « deux voies » grâce auxquelles ces éléments peuvent être réunis : « La première consiste en un effort évolutif, un encouragement à modifier progressivement les structures politiques et légales internes, afin de favoriser la naissance d’un Etat de droit (...). La deuxième consiste à imposer par la force les paramètres constitufs du développement. »
Nous reproduisons ci-dessous des extraits de l’intervention de M. Azar :
« Deux voies s’ouvrent actuellement au monde : la première consiste en un effort évolutif, un encouragement à modifier progressivement les structures politiques et légales internes afin de favoriser la naissance d’un État de droit, plate-forme sine qua non du développement.
« La deuxième voie consiste à imposer par la force les paramètres constitutifs du développement. Une espèce de droit d’ingérence pour favoriser le développement qui serait, si nous voulons être optimistes, une colonisation nouvelle manière, car elle éviterait l’exploitation exclusive au bénéfice de la métropole des richesses domestiques.
« Dans un article paru dans Le Monde, Daniel Vernet cite la conférence sur le devoir colonial prononcée en 1897 par “un certain Monsieur Gide, qui n’a rien à voir avec l’écrivain”. On y lit : “La colonisation n’est pas une question d’intérêt, mais une question de devoir. Il faut coloniser parce qu’il y a une obligation morale pour les peuples, comme pour les individus, d’employer les forces et les avantages qu’ils ont reçus de la Providence pour le bien général de l’humanité. Il faut coloniser parce que la colonisation est au nombre de ces devoirs qui incombent aux grandes nations et auxquels elles ne sauraient soustraire sans manquer à leur mission et sans encourir une véritable déchéance morale.”
« Que d’actualité dans ce texte ! L’on ose à peine penser que plus d’un siècle s’est écoulé depuis.
« Serait-on en droit de penser que la transformation des équilibres mondiaux, qui a suivi la chute du mur de Berlin, favorise l’éclosion d’un “impérialisme contemporain” ?
« Le bon côté de la chose pour parler simple est que la croyance qui soutient cette théorie semble être pacifiste, plus spécifiquement : les États démocratiques “seraient naturellement moins agressifs que les régimes autoritaires”.

Deux poids, deux mesures
« La notion de transfert à des structures supranationales d’une certaine part de souveraineté adoucit très certainement la violence de l’engagement externe. L’Union européenne, selon Robert Cooper, en est le meilleur exemple, car c’est un espace de liberté et de sécurité communes sans une domination centrale ethnique ou politique. Cet “empire coopératif” et multilatéral, caractérisé par un expansionnisme fondé sur le volontariat et l’attrait du modèle et non sur la contrainte.
« Le même Robert Cooper dans un essai intitulé Remettre de l’ordre dans le monde ; les implications à long terme du 11 septembre, disait la nécessité d’utiliser « deux poids, deux mesures » : « Entre nous, nous agissons selon le “Rule of Law” et les principes de la sécurité coopérative. Mais, face à des types d’État plus traditionnels, nous devons en revenir au méthodes plus brutales des temps anciens – usage de la force, attaques préventives, duperie, tout ce qui est nécessaire pour affronter ceux qui vivent encore dans le monde du XIXe siècle, celui du chaque État pour soi. Entre nous, nous respectons la loi, mais, quand nous agissons dans la jungle, nous devons alors appliquer les lois de la jungle. »
« Devons-nous, mes chers collègues, apprendre à vivre une acclimatation progressive à cette nouvelle forme de violence ? »
Sur le thème « Violence, États de droit et développement », l’Assemblée parlementaire de la francophonie (APF) tient à Niamey (Niger) sa 29e session. Entamée le 6 juillet, cette session s’achève aujourd’hui. Les députés Samir Azar et Nabil de Freige participent aux travaux. Dans une allocution remarquée, le député du Liban-Sud, Samir Azar, a proposé à ses...