Liban-Ukraine - Cinq accords de coopération dans les domaines de la douane, de la santé, du tourisme, du commerce et des sciences Lahoud défend à Kiev le recours au dialogue plutôt qu’à la force(photos)

Au premier jour de sa visite officielle en Ukraine, le président Émile Lahoud a réitéré les positions de principe du Liban au sujet du rejet de toute forme de terrorisme, mais aussi du pari sur les négociations et le dialogue, unique moyen valable de résoudre les problèmes. M. Lahoud a signé cinq accords de coopération avec son homologue ukrainien, M. Léonid Koutchma, avec lequel il a aussi tenu une conférence de presse. Les deux dirigeants étaient d’accord pour estimer qu’une paix globale ne peut se réaliser au Moyen-Orient sans la participation du Liban et de la Syrie et M. Koutchma a précisé qu’à ses yeux, le Liban « est la porte du monde arabe ».
En Ukraine, le protocole veut que l’accueil officiel soit réservé à l’arrivée des invités prestigieux au palais des hôtes, l’hôtel Marinsky. C’est là donc que le président ukrainien, M. Léonid Koutchma, et son épouse attendaient leurs hôtes libanais, au bout d’une haie d’honneur formée par la garde présidentielle.
Après les hymnes nationaux et le traditionnel passage en revue des troupes, le président ukrainien a salué les membres de la délégation libanaise, dont le vice-président du Conseil, M. Issam Farès, avant d’entamer un premier round de pourparlers avec son homologue libanais. L’entretien en tête à tête, qui a duré une heure, a été suivi d’une réunion élargie regroupant toute la délégation officielle libanaise, c’est-à-dire, outre le général Lahoud et M. Farès, le PDG de l’École nationale d’administration, M. Élie Assaf, l’ambassadeur Ahmed Ibrahim, le conseiller du président pour les affaires extérieures, le Dr Georges Dib, et le responsable de l’information au palais présidentiel, M. Rafic Chélala. Étaient présents à la réunion du côté ukrainien, outre le chef de l’État, le vice-président du Conseil, M. Vitali Haiduk, le ministre de l’Éducation et des Sciences, M. Vassili Krimine, le ministre d’État pour les Affaires extérieures, M. Alexandre Chali, et les ministres du Tourisme, de la Culture et de la Santé, ainsi que l’ambassadeur d’Ukraine à Beyrouth, M. Valéry Wilitchi.
M. Koutchma a commencé par remercier le président libanais, le premier chef d’État arabe à se rendre en Ukraine depuis l’indépendance du pays en 1991, suite à une invitation qu’il lui avait adressée lorsqu’il s’était lui-même rendu à Beyrouth, en 2002.

Une volonté évidente
de resserrer les liens
L’élément important qui ressort de la première journée ukrainienne du chef de l’État est la volonté évidente des deux parties de renforcer la coopération, économique, mais aussi politique, culturelle et touristique entre leurs pays. D’ailleurs, pour bien montrer l’importance qu’il attache à consolider les liens du Liban avec l’Ukraine, le président Lahoud avait pris soin de nommer un consul honoraire à Kiev, M. Maroun Merhej, en prélude à l’ouverture prochaine d’une ambassade du Liban dans la capitale ukrainienne.
C’est d’ailleurs dans cet esprit que cinq accords de coopération ont été signés du côté libanais par M. Issam Farès et du côté ukrainien par M. Haiduk. Ces accords portent essentiellement sur les échanges douaniers, ainsi que sur les domaines de la médecine, du tourisme, de la science et de la culture. Car, il ne faut pas oublier que 500 étudiants libanais se rendent chaque année en Ukraine et ce nombre devrait augmenter, en raison du haut niveau des universités du pays, notamment dans le domaine de la médecine et des sciences.
Pour le président Lahoud, il s’agit aussi d’encourager les échanges commerciaux libano-ukrainiens, dont le volume annuel atteint actuellement 103 millions de dollars. Toutefois, la balance commerciale est nettement en faveur de l’Ukraine.
Apparemment, les deux chefs d’État ont été d’accord sur la plupart des thèmes discutés. La conférence de presse conjointe d’hier l’a nettement montré.
Le président Lahoud a expliqué sa vision de la paix dans la région du Moyen-Orient, qui doit inclure le Liban et la Syrie et être basée sur le retour de la terre aux Palestiniens, aux Syriens et aux Libanais. Le chef de l’État a aussi rejeté toute forme de terrorisme, rappelant que le Liban a été parmi les premiers pays à condamner les attentats du 11 septembre 2001. Et, concernant l’Ukraine, M. Lahoud a précisé que ce pays est un partenaire important, le pays d’Europe le plus grand en superficie, après la Russie, et une véritable porte en direction des autres pays de la région. Il a aussi remercié l’Ukraine pour sa participation à la Finul, au Sud.
Les mêmes thèmes ont été pratiquement repris par M. Léonid Koutchma. En réponse aux questions des journalistes, les deux présidents ont été d’accord pour réclamer un rôle plus important à l’Onu, dans tous les conflits internationaux et insister sur un strict respect des décisions du Conseil de sécurité.
Le président Lahoud a eu ensuite une série d’activités protocolaires et officielles, dont la visite de la tombe du Soldat inconnu, un entretien avec le Premier ministre ukrainien, une rencontre élargie avec les membres du corps diplomatique arabe accrédités en Ukraine et une autre avec les hommes d’affaires libanais établis à Kiev. Dans tous ses entretiens, le président Lahoud a tenu le même langage et défendu la position du Liban dans la tourmente actuelle, mais il a aussi appelé à une véritable solidarité arabe, tout en rendant hommage à la colonie libanaise en Ukraine. Dans la soirée, le président et la délégation qui l’accompagne ont assisté au dîner donné en leur honneur par le président Koutchma.
Signalons encore que Mme Andrée Lahoud a eu elle aussi une journée chargée, en compagnie de l’épouse du président Koutchma. Visite de centres pour enfants ; rencontres avec des spécialistes et tournée dans les musées, l’Ukraine étant un pays en pleine expansion et dont l’histoire regorge de trésors.