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Vie politique - Efforts soutenus pour consolider le climat de détente L’harmonie va durer, promettent les trois grands blocs loyalistes

Les partisans de Lahoud, de Berry et de Hariri continuent à pousser à l’unisson la chansonnette de la paix retrouvée au sein du ménage à trois. Ils jurent ensemble, la main sur le cœur, que l’entente et la détente vont durer. Que le Conseil des ministres continuera sur sa lancée d’intense productivité, dans une ambiance sereine.
Les visiteurs de Baabda indiquent qu’un effort soutenu est engagé pour consolider ce climat afin de faciliter l’adoption de mesures favorisant le redressement économique, ce qui peut être interprété comme une volonté d’appuyer les plans du Premier ministre qui a, pour ainsi dire, l’apanage du dossier économique et financier. En réalité, comme cela se voit d’ailleurs dans la pratique, les lahoudistes se trouvent dans une autre disposition d’esprit, dans ce sens qu’ils estiment avoir, eux aussi, leur mot à dire dans le domaine économique et financier, un mot qui n’est pas forcément identique à celui des haririens. À partir de cette précision de nuance, les lahoudistes ajoutent que le régime est résolu à appliquer une nouvelle approche dans la gestion des affaires publiques. Une ligne dont les premiers contours sont apparus lors des derniers Conseils des ministres et qui consiste d’ailleurs, en premier lieu, à ne geler aucun projet, aucun dossier, le Conseil devant toujours trancher, après mûr débat s’il le faut, ou encore après un recours à l’urne.
Ce changement qualitatif d’importance, qui met fin à l’autoparalysie du pouvoir dont se plaignait amèrement Issam Farès, amène le vice-président du Conseil à ne plus bouder les séances comme il le faisait au temps des tétanisantes querelles interprésidentielles. Farès estime en effet, à juste titre, qu’il n’y a plus lieu de protester par l’abstention contre le vide institutionnel, puisque le Conseil se remet à fonctionner normalement, comme il le réclamait à cor et à cris. Il a donc repris le chemin du secteur du Musée, où ses avis sont écoutés avec respect. Quant aux haririens, en baisse d’influence actuellement, ils font contre mauvaise fortune bon cœur. En se trouvant du reste aidés à prendre patience par certains lahoudistes diplomates qui vont répétant, dans les salons politiques, qu’il n’est pas du tout question de tirer à vue sur le Premier ministre. C’est-à-dire, précisent-ils, la dynamisation du Conseil des ministres voulue par le chef de l’État vise à servir les intérêts bien compris du pays, ce qui implique, du même coup, qu’il ne faut pas secouer le cocotier ni inquiéter les haririens en aucune manière. Dans cet esprit, les mêmes proches du régime assurent que Hariri reste solidement en place, qu’aucune tentative de le déboulonner pour le remplacer par un pôle plus souple ne sera effectuée, ajoutant qu’au contraire le chef de l’État est résolu à dialoguer en permanence à cœur ouvert avec le Premier ministre, à intensifier la concertation, à promouvoir une cohabitation harmonieuse, comme s’ils étaient parfaitement alliés. Cela afin que la dernière tranche du mandat présidentiel soit marquée par de bonnes réalisations laissant une impression positive au niveau de la population. Il est donc question de remettre en chantier des projets gelés sous le précédent cabinet, ou même qui datent du temps de Hoss. Toujours selon les lahoudistes, le chef de l’État tient plus que tout à ce que les institutions jouent pleinement leur rôle. Ce qui signifie qu’il rejette catégoriquement tout arrangement préfabriqué en marge du Conseil des ministres ou de la Chambre des députés. En d’autres termes, il n’y a pas de retour au système de la troïka. En d’autres termes aussi, et les lahoudistes le confirment, le régime exige désormais une parfaite transparence, notamment dans le domaine financier. Il souhaite serrer les boulons en comprimant au maximum les dépenses improductives afin de réduire le déficit budgétaire.
Ces indications montrent qu’au-delà des proclamations d’entente, les lahoudistes n’entendent pas laisser aux haririens le monopole du domaine économique et financier. De plus, nombre de ministres continuent à critiquer vivement l’élaboration de l’ordre du jour du Conseil, qui est comme on sait du ressort du Sérail. Ils affirment que l’on y inscrit trop de question mineures, que les ministres peuvent traiter dans leur département, ce qui fait perdre beaucoup de temps au Conseil et en diminue le rendement de fond. Ils citent des exemples précis : des débats interminables sur un droit d’acquisition qui serait concédé à une personnalité arabe ou encore sur l’attribution d’un fax de fonction à un directeur général...
Cela alors que le Conseil ne trouve pas une heure ou deux à consacrer à la préparation d’une nouvelle loi électorale, à la décentralisation ou au redécoupage de la carte administrative du pays.
Ces ministres ajoutent que le pouvoir devrait également plancher sur l’application de Taëf, qui reste à compléter. Il en va de même, soulignent-ils, pour les engagements pris à Paris II et qui n’ont pas encore été tenus. Ils souhaitent enfin, et par là on voit quelle est leur tendance, que l’Exécutif élabore un plan quinquennal, voire décennal. Comme quoi, les lahoudistes semblent avoir le vent en poupe, en se gardant de tout triomphalisme. Tandis que les haririens font pour le moment, en attendant la présidentielle, le dos rond.

Philippe ABI-AKL
Les partisans de Lahoud, de Berry et de Hariri continuent à pousser à l’unisson la chansonnette de la paix retrouvée au sein du ménage à trois. Ils jurent ensemble, la main sur le cœur, que l’entente et la détente vont durer. Que le Conseil des ministres continuera sur sa lancée d’intense productivité, dans une ambiance sereine.Les visiteurs de Baabda indiquent qu’un...