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Spéculations à Beyrouth sur le degré de détermination des Américains

Selon certaines informations récentes, Washington serait résolu à faire aboutir la « feuille de route » même si cela devait exiger le recours à la force comme en Irak. Beaucoup doutent de la véracité de telles assertions. Plus exactement, ils pensent qu’il s’agit de bruits propagés par les Américains à seule fin d’impressionner les protagonistes concernés. Selon ces sceptiques, ce ne serait pas la première fois que les USA disent une chose et en font une autre. Et la surenchère semble être, à leurs yeux, une ficelle d’autant plus grosse qu’à l’approche de leur période électorale, les USA ont moins de prise sur les événements. Et sur Sharon.
Mais d’autres pôles locaux prennent ces avertissements au sérieux. Car ils ont été authentifiés par l’envoyé de l’Onu, Roed-Larsen, qui les a transmis aux Libanais comme aux Syriens. Le diplomate avait ajouté qu’il prévoyait une paix dans les trois mois. C’est ce même délai que Condoleezza Rice a évoqué, en parlant de la trêve, à l’issue de ses entretiens avec Abou Mazen puis avec Sharon. Le tout se trouvant assorti, comme on sait, par l’accord interpalestinien sur une suspension d’armes et par un retrait israélien de Bethléem comme de Gaza.
Il est en tout cas évident que les États-Unis soutiennent fortement la « feuille de route ». Le dégagement actuel semble apporter de l’eau au moulin de Roed-Larsen l’optimiste. Mais certains craignent que la trêve ne tienne pas assez longtemps. Car Israël peut être tenté de la violer, sous prétexte que l’Autorité palestinienne n’a pas détruit l’infrastructure des organisations palestiniennes radicales, qualifiées de terroristes par l’État hébreu. On sait en effet que le premier alinéa de la « feuille de route » ordonne le désarmement de Hamas et du Jihad islamique. De plus, Israël peut prétendre que l’Autorité n’a pas appréhendé les éléments subversifs dont la liste lui a été remise. Les groupes extrémistes refusent, bien évidemment, de remettre leur arsenal au gouvernement palestinien. En précisant que la trêve se limite pour eux à un cessez-le-feu de trois mois. Destiné à mettre à l’épreuve Israël. Pour qu’il démantèle les colonies, libère les prisonniers, arrête les exécutions ciblées, les incursions, les destructions d’habitations, les arrestations et les déportations. Se plaçant sous le label de la résistance, ces formations soulignent qu’elles ne peuvent se démobiliser du seul fait qu’Israël se retire de Bethléem. Les radicaux palestiniens ajoutent qu’ils ne comptent pas concéder une rallonge éventuelle aux trois mois de trêve. Pour éviter que, de prorogation en prorogation, Israël n’atteigne ses objectifs sans avoir tenu ses engagements. Pour eux, l’action potentielle sur le terrain reste une carte aux mains du négociateur palestinien. Cependant, les Israéliens de leur côté refusent d’envisager une prolongation de la trêve si, dans les trois mois, le Hamas et le Jihad islamique n’ont pas été désarticulés. Pour les Israéliens, en effet, il s’agit d’éviter que les activistes palestiniens, autour desquels l’étau n’a cessé de se resserrer ces derniers temps, ne profitent de la trêve pour reprendre leur souffle et se renforcer. Comme cela s’est déjà produit à la suite de divers accords conclus avec Arafat, ajoute Tel-Aviv.
En face, le camp des optimistes fait valoir que les radicaux palestiniens eux-mêmes sont en réalité pour la négociation. Comme le prouve leur argument faisant da la résistance active une carte aux mains du négociateur palestinien. Ces sources pensent que les Palestiniens se sont finalement entendus entre eux. Pour faire en sorte que tout dérapage dans le processus soit désormais imputable uniquement aux Israéliens. Les mêmes optimistes répètent que les Américains sont prêts à aller très loin, même jusqu’à l’intervention militaire, pour concrétiser la « feuille de route ». À leur avis, Bush a tout intérêt, sur le plan électoral, à marquer très vite des points décisifs dans le traitement du conflit israélo-arabe. Cela lui permettrait en outre de traiter plus facilement le cas irakien, qui se complique de jour en jour. Il pourrait, de même, donner le feu vert pour une reprise des négociations syro-israéliennes et israélo-libanaises.

Émile KHOURY
Selon certaines informations récentes, Washington serait résolu à faire aboutir la « feuille de route » même si cela devait exiger le recours à la force comme en Irak. Beaucoup doutent de la véracité de telles assertions. Plus exactement, ils pensent qu’il s’agit de bruits propagés par les Américains à seule fin d’impressionner les protagonistes concernés. Selon ces...