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Hariri condamne les velléités de fronde au sein de la majorité

Échaudé par ses précédentes expériences, Hariri ne veut plus entendre les loyalistes parler un double langage politique contradictoire. En clair, il fustige les ministres qui, au mépris du devoir de réserve, critiquent ouvertement le gouvernement et s’en prennent à son chef. Et il étend sa condamnation aux députés, pris en blocs ou séparément, qui attaquent un cabinet où ils se trouvent représentés. Dans la mesure proportionnellement inverse à la complaisance que le président du Conseil manifeste présentement à l’égard du régime, il se braque contre les trouble-fête de moindre envergure. En les invitant sévèrement à ne pas oublier la nécessité de faire front pour tenir tête à l’opposition.
Ainsi Hariri a pris contact avec Farès Boueiz, pour lui poser quelques questions sur la sortie (c’est le mot) d’un député de son groupe, Abbas Hachem. Sur le perron de Bkerké, volontiers choisi comme tribune par des politiciens de toutes confessions, ce représentant chiite de la région de Jbeil avait rien moins exigé que la démission du Premier ministre ! En affirmant que le pays tournait dans un cercle vicieux, que le président du Conseil lui-même se trouvait manifestement tiraillé entre ses vues et les réalités politiques du moment, qu’il devait en tirer les conséquences, en choisissant d’être fidèle à ses convictions plutôt qu’à son fauteuil. Un raisonnement subtil, sans doute, mais qui constitue également un procès d’intentions, dont Hariri demande réparation. Boueiz a donc tenté d’obtenir des éclaircissements de Hachem, en lui suggérant d’entrer en contact avec Hariri. Le député a répondu que sa prise de position n’était pas nouvelle, qu’elle lui semblait justifiée et qu’il n’allait pas relancer le Premier ministre. Non pas par amour-propre mais parce qu’à l’en croire, ses multiples démarches antérieures s’étaient heurtées à des fins de non-recevoir.
Du côté des haririens, on répète qu’il est inadmissible que des blocs parlementaires ou des députés représentés au sein du gouvernement se lancent dans de telles attaques. Ils reprennent le fameux slogan inventé et mis en application jadis par Chevènement : un ministre doit se soumettre ou se démettre. Il en va de même, à plus forte raison, pour les groupes parlementaires loyalistes qui, au lieu de s’en prendre au gouvernement ou à son chef, feraient mieux de contrer l’opposition. Que leur comportement ravit.
Dans le même contexte paradigmatique, le plus gros morceau pour Hariri reste Joumblatt. Le leader de la montagne est en effet la figure de proue la plus emblématique des forces politiques qui, tout en siégeant à la table du Conseil des ministres, ont décidé de s’opposer à son président en titre. Ce pôle est trop important pour être classé parmi les simples frondeurs. Aussi, de l’aveu des haririens, le Premier ministre a décidé d’adopter avec Joumblatt la méthode douce des contacts discrets par intermédiaires soigneusement choisis. Des contacts sont en cours pour organiser des retrouvailles entre les deux anciens alliés (électoraux).
Dans le même sens, des amis communs travaillent à raffermir les relations, récemment normalisées, entre Baabda et Koraytem. Sur ce front également, on tente de restaurer la vieille habitude des entretiens en tête à tête entre les deux sommets de l’Exécutif. Un tel résultat, qui consacrerait certes l’embellie relationnelle bilatérale, serait cependant une atteinte au gentleman’s agreement selon lequel les dirigeants doivent s’en remettre au jeu constitutionnel. C’est-à-dire laisser le Conseil des ministres gouverner, sans décisions arrêtées au préalable entre les présidents.
Quoi qu’il en soit, le régime a manifestement le vent en poupe actuellement. C’est-à-dire que, selon des prosyriens qui ne sont pas lahoudistes, « le chemin de Damas passe par Baabda. Au point que nul pôle qui serait en désaccord avec le président ne peut espérer être reçu sur les bords du Barada ». Et de soutenir ensuite, sans qu’il y ait moyen de vérifier le fait, que Hariri lui-même n’a pu obtenir de rendez-vous, après la formation de son gouvernement. On lui aurait fait savoir que les dirigeants syriens sont débordés, sans autre excuse. À dire vrai, d’autres sources fiables indiquent que nombre de politiciens réputés proches de Baabda ont vu leurs demandes d’audience rejetées ces derniers temps. Alors que certains ministres ont trouvé porte ouverte, en se gardant d’en faire état par la suite.
Toujours est-il que les différentes sources prosyriennes se recoupent pour souligner que les décideurs sont satisfaits de la détente entre les présidents libanais et du rendement du gouvernement. Et il serait désormais question d’un nouveau sommet syro-libanais élargi, pour des échanges sur la situation régionale et sur une « feuille de route » séparée pour les deux pays.

Philippe ABI-AKL
Échaudé par ses précédentes expériences, Hariri ne veut plus entendre les loyalistes parler un double langage politique contradictoire. En clair, il fustige les ministres qui, au mépris du devoir de réserve, critiquent ouvertement le gouvernement et s’en prennent à son chef. Et il étend sa condamnation aux députés, pris en blocs ou séparément, qui attaquent un cabinet...