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Universités - Edward Saïd, Amin Maalouf, Carlos Ghosn, Lakhdar Brahimi, Helen Thomas et Hassib Sabbagh à l’honneur L’AUB confère un doctorat honoris causa à six personnalités prestigieuses(photos)

L’Université américaine de Beyrouth a renoué samedi avec une vieille tradition en conférant un doctorat honoris causa à six personnalités prestigieuses et jouissant d’une grande renommée au plan international, et ce pour la première fois depuis plus de trente ans.
L’AUB a choisi le jour de la cérémonie annuelle de remise des diplômes, couronnant cette année les études universitaires de 1 323 étudiants, pour honorer l’écrivain Amin Maalouf, le politologue Edward Saïd, le PDG de Renault-Nissan Carlos Ghosn, Hassib Sabbagh, président du conseil d’administration de la société Consolidated Contractors Company, dont il détient 50 % des actions, Helen Thomas, doyenne des journalistes accrédités à la Maison-Blanche, et le diplomate Lakhdar Brahimi représentant du secrétaire général de l’Onu en Afghanistan. Une cérémonie placée sous le signe du pluralisme culturel et du dialogue entre les civilisations.
Étaient présents à cette cérémonie, qui s’est déroulée à l’Assembly Hall, l’ancien président de la République Élias Hraoui et son épouse Mona Hraoui, l’ancien président de la Chambre Hussein Husseini, l’ancien Premier ministre Sélim Hoss, le ministre du Transport et des Travaux publics Négib Mikati, le ministre chargé du Développement administratif Karim Pakradouni, les députés Nassib Lahoud et Mohammed Kabbani, l’émissaire du secrétaire général de l’Onu au Proche-Orient Terjé Roed-Larsen et le représentant du secrétaire général de l’Onu au Liban-Sud, Staffan de Mistura.
Après l’entrée des professeurs, revêtus de la toge traditionnelle, le recteur de l’université John Waterbury a pris la parole pour présenter les six personnalités distinguées cette année par l’AUB. « Chacune des six incarne toutes les valeurs défendues par cette université », a-t-il affirmé. Au fur et à mesure que le doctorat était remis aux six personnalités par le recteur, le doyen des affaires académiques à l’AUB, Peter Heiss, les revêtait de la toge symbolique.

Les ponts de l’AUB
Le premier à recevoir le diplôme a été le politologue américain d’origine palestinienne et professeur à la Columbia University depuis 1962, Edward Saïd, reconnu pour ses travaux dans le domaine de la critique littéraire et de la littérature comparée. Remerciant M. Waterbury, qui l’a qualifié d’« homme qui symbolise la renaissance », M. Saïd a estimé qu’une « guerre se déroule actuellement à l’intérieur de chaque Arabo-Américain », mais que « l’AUB a réussi depuis un siècle et demi à jeter les ponts entre les deux identités ». « Aucun système politique ne peut répondre à lui seul à des aspirations planétaires. Il faut qu’il y ait des échanges, une coordination, un dialogue sans violence et sans colère », a-t-il ajouté.
Un message qu’Amin Maalouf, deuxième personnalité à recevoir le doctorat des mains de John Waterbury et Prix Goncourt 1993 pour le Rocher de Tanios, avait déjà voulu adresser à la fin des années 90 dans son ouvrage Les Identités meurtrières. Et c’est précisément en se basant sur les propos de Maalouf tirés de cet ouvrage-phare sur le débat relatif au « choc des civilisations », selon lesquels « c’est parce que l’on se ressemble de plus en plus que l’on essaye de mettre violemment l’accent sur nos différences », que M. Waterbury a rendu hommage à l’écrivain installé en France depuis 1977.
Prenant la parole, Amin Maalouf a déploré le fait que « le vieux rêve caressé par les fondateurs de l’AUB ne se soit pas encore réalisé ». Un rêve d’un avenir meilleur pour la nation libanaise et pour les Libanais.
« Il est un excellent PDG, l’homme des initiatives, qui sait ce qu’est la productivité et comment l’augmenter. (...) Peu de cadres administratifs peuvent accomplir des exploits similaires à ceux qu’il a accomplis entre 1989 et aujourd’hui. (...) Et ce qui est réjouissant, c’est que ses meilleures années sont devant lui. » C’est ainsi que le recteur de l’AUB a présenté la troisième personnalité à être honorée, le « sauveur » de Renault-Nissan, Carlos Ghosn.
Répondant à M. Waterbury, M. Ghosn, adepte du management multiculturel, a mis l’accent sur « l’importance du pluralisme culturel et de l’enseignement ». « L’enseignement, dans son acception large, constitue un genre de dialogue continu et d’échange entre différentes perspectives, qui se poursuit tout au long d’une vie », a-t-il indiqué. « L’œuvre commune d’individus de différentes nationalités pour un même but constitue une source de richesse et de développement humain », a ajouté M. Ghosn, en affirmant qu’il avait beaucoup appris des cultures libanaise, française, brésilienne, américaine, japonaise et chinoise.

Brahimi, « faiseur de paix »
Quatrième personnalité à être honorée, l’homme d’affaires palestinien Hassib Sabbagh, un ancien de l’AUB, que M. Waterbury a qualifié de « bâtisseur de sociétés, de bâtiments et d’êtres humains », et qui a mis sa richesse au service de la cause palestinienne. « Nous lui rendons hommage en tant qu’homme de bien, qui n’arrête pas de donner pour un avenir meilleur, en tant qu’exemple pour sa profession », a indiqué le recteur de l’AUB.
Pour sa part, M. Sabbagh a estimé qu’il était « nécessaire, après le 11 septembre 2001, de jeter les bases d’un dialogue constructif entre les différents peuples d’Orient et d’Occident, et que l’AUB avait la vocation pour contribuer à l’établissement d’un tel dialogue ».
Helen Thomas, doyenne des journalistes accrédités à la Maison-Blanche, est née en 1920 dans le Kentucky, aux États-Unis. Correspondante à la Maison-Blanche depuis 1961, elle a couvert les mandats de tous les présidents des États-Unis depuis John Fitzgerald Kennedy jusqu’à Bill Clinton. Elle a notamment accompagné Richard Nixon lors de sa célèbre visite à Mao Zedong en Chine, en 1972. Elle est également à l’origine de la fameuse formule « Thank you, Mister President » (Merci, M. le Président), qui ponctue chacune des conférences de presse du président des États-Unis depuis les années 60. Il s’agit de son vingt- septième doctorat honoris causa.
Sixième et dernière personnalité à recevoir le doctorat à titre honorifique, le diplomate Lakhdar Brahimi, qui joua un rôle important au niveau des négociations entre les gouvernements Aoun et Hoss pour le compte de la Ligue arabe, en 1989. « Faiseur de paix, il n’a pas peur des troubles et de la violence », a indiqué M. Waterbury à son sujet, en rendant hommage à ses dons en matière stratégique et diplomatique.
Il convient de rappeler que l’université avait commencé à attribuer des doctorats à titre honorifique peu après son édification. Le premier de ces diplômes a été attribué en 1890 à un professeur d’arabe, Farès Nemr. D’autres personnalités prestigieuses ont obtenu ce certificat, notamment Daniel Bliss, fondateur de l’AUB.
L’université a par ailleurs ouvert la voie au dépôt des candidatures pour ce diplôme honorifique pour l’année 2004, exclusivement dans les domaines suivants : académiques, affaires publiques et privées, art et culture, secteur des affaires, information et communication. Chaque candidature doit être accompagnée d’une lettre détaillée mentionnant les réalisations du candidat dans l’un des domaines concernés et d’un CV.
En soirée, une cérémonie de remise de diplômes de fin d’études a été organisée à l’AUB, en présence de plusieurs ministres et députés. 1 323 étudiants ont reçu leur diplôme de fin d’études (504 pour la faculté des lettres, 290 pour la faculté de gestion, 80 pour la faculté d’agronomie, 279 pour la faculté de génie civil, 279 pour la faculté des sciences médicales, 32 pour l’école d’infirmerie et 82 pour la faculté de médecine). Des mots ont été prononcés à l’occasion par le recteur de l’Université, John Waterbury, l’un des membres du Board of Trustees, Kamal el-Chaër, et l’étudiant Melhem Hamdane, au nom de sa promotion. Une réception a suivi la cérémonie, à la Marina de Dbayeh.
L’Université américaine de Beyrouth a renoué samedi avec une vieille tradition en conférant un doctorat honoris causa à six personnalités prestigieuses et jouissant d’une grande renommée au plan international, et ce pour la première fois depuis plus de trente ans.L’AUB a choisi le jour de la cérémonie annuelle de remise des diplômes, couronnant cette année les études...