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La création d’un Front du centre se mijote à petit feu

Des contacts multilatéraux discrets, impliquant nombre de parties influentes sur la scène locale, se déroulent actuellement en vue de la création d’un Front du centre. Ou, à défaut, d’une nébuleuse d’alliances qui se recoupent entre elles sans avoir le nom de bloc. Les organisateurs de ce tour de table préparatoire opèrent loin des feux de la rampe, en prenant tout leur temps. Pour éviter les faux pas ainsi que toute précipitation qui serait source de malentendus ultérieurs. Ils ont en effet en mémoire l’exemple, peu réussi en pratique et en définitive, du Rassemblement parlementaire de concertation, aujourd’hui comateux. Et qui, au lieu d’atteindre les objectifs qu’on lui avait fixés, a finalement servi ceux du camp qu’il était supposé combattre pour l’affaiblir et le marginaliser.
Pour ce qui est de la nouvelle galaxie envisagée aujourd’hui, les démarches ne se limitent pas aux députés et la relance se fait en direction de divers pôles influents appartenant ou non au monde de la politique. Il s’agit en effet de tenter de donner corps à une formule élargie, à caractère national et non à visées électorales directes, régionales ou confessionnelles. On ne veut pas plus rééditer l’expérience de la cellule de Hamad, qui a attisé les tensions confessionnelles dans le pays, que celle du RPDC susmentionné. La tâche est difficile en ces jours où des tensions communautaires divisent le pays d’une manière parfois larvée, parfois éruptive. Un phénomène qui a pris de la consistance et de l’ampleur depuis la fin de la guerre domestique. Sans doute à cause du fait que Taëf a été tronqué, pour être remplacé en pratique par le système de la troïka, confessionnel par définition.
Cependant, on relève un changement plutôt positif dans le climat d’ensemble. En effet, plusieurs notables qui tenaient il y a encore trois ou quatre mois un discours plutôt radical à intonation confessionnelle se trouvent aujourd’hui parmi ceux qui appellent à une action d’ordre national dépassant le cadre des communautés comme des intérêts régionaux ou particuliers. Cette modification de cap découle certes des consignes de détente et de regroupement émanant des décideurs. Mais elle s’explique également par le rejet populaire de tout discours prônant l’extrémisme. Facteur important dans la perspective des prochaines élections législatives.
Ces personnalités relativement repenties font volontiers amende honorable dans leurs assises privées. En avouant, devant leurs amis, qu’elles se sont probablement trompées naguère en adoptant des positions en flèche. Elles ajoutent que l’escalade engagée sur un support confessionnel contre l’opposition de l’Est a eu un effet boomerang, en discréditant encore plus aux yeux de l’opinion un camp loyaliste déjà critiqué au niveau de la rue pour ses disputes intérieures. De plus, soulignent en substance les mêmes sources, « nous n’avons pas pris garde à la contradiction qui consiste à créer en même temps un RPDC et une cellule de Hamad. Le premier groupe est chrétien, le deuxième est carrément anti-Bkerké, pour ne pas dire antichrétien. En même temps, les députés censés contester Kornet Chehwane au niveau de la rue chrétienne ont montré les limites de leur popularité. D’autant qu’ils se sont divisés : les uns (paradoxalement, nombre de non-maronites) voulaient un rapprochement intensifié avec Bkerké, pour le dissocier de la Rencontre ; d’autres soutenaient qu’il fallait au contraire s’en prendre au patriarcat, en développant l’argument qu’il ne devait pas se mêler de politique. Bref, nous avons abouti à la blague de l’arroseur arrosé : nous voulions marginaliser Kornet Chehwane et c’est nous qui l’avons été. Du coup la Rencontre a pu faire mieux circuler son slogan de présentation, à savoir que c’est elle qui a une dimension nationale et non ses adversaires. » Et de conclure cette autocritique en appelant derechef à la constitution d’un front aussi modéré qu’aconfessionnel. Un centre classique en somme. Toujours est-il qu’il y a quelques jours, une réunion a groupé à Chtaura nombre de députés, d’anciens députés et autres politiciens. Il a été discuté, notamment, de la stabilité intérieure, l’accent étant mis sur les suites données aux affrontements de Denniyé. C’est-à-dire à la traque des cellules subversives ou terroristes radicales. Les participants sont tombés d’accord pour estimer que le pays a frôlé un danger sérieux et qu’il lui faut maintenant se protéger en se décrispant du côté des clivages à caractère confessionnel. En d’autres termes, ces personnalités pensent qu’il faut mettre de côté pour le moment les problèmes offrant un risque de frictions d’ordre confessionnel. Cela afin de conforter la stabilité interne et de promouvoir un esprit d’union nationale. C’est dans cet esprit que s’inscrivent, d’ailleurs, la visite du mufti de la République à Baabda ainsi que les recommandations délivrées aux ulémas par le chef du gouvernement.
Philippe ABI-AKL
Des contacts multilatéraux discrets, impliquant nombre de parties influentes sur la scène locale, se déroulent actuellement en vue de la création d’un Front du centre. Ou, à défaut, d’une nébuleuse d’alliances qui se recoupent entre elles sans avoir le nom de bloc. Les organisateurs de ce tour de table préparatoire opèrent loin des feux de la rampe, en prenant tout leur...