À l’occasion de l’inauguration du nouveau centre, a été lancé le projet de Protection des droits humains des travailleurs migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés au Liban, cofinancé par l’Union européenne (UE) dans le cadre du programme Initiative européenne pour la démocratie et les droits de l’homme, avec Caritas Suède et Caritas Liban. La contribution de l’UE à ce projet, qui sera mis en œuvre par le Centre des migrants de Caritas Liban, s’élève à 761 000 euros.
Le projet vise à renforcer les protections légales des travailleurs migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés en leur apportant une assistance légale contre les abus, en les sensibilisant aux droits existants et en informant l’opinion publique libanaise des droits légaux et humains des travailleurs migrants, ainsi que de la nature et du degré des abus dont ils sont victimes au Liban.
Le projet fournira un appui social et juridique aux travailleurs migrants, à travers le Centre des migrants de Caritas, et par des actions au sein du Centre de rétention des étrangers de la Sûreté générale, dont des formations spécifiques à l’adresse des gardiens.
Prenant la parole durant la cérémonie d’inauguration du Centre des migrants, M. Renauld a indiqué que « les travailleurs migrants sont nombreux au Liban ». « Il s’agit surtout de personnel domestique, d’employées de maison et donc, en général, de femmes venues seules et ayant quitté leur pays d’origine pour des motifs économiques. Elles aspirent, en venant travailler ici, à gagner un peu d’argent afin de permettre à leurs enfants d’aller à l’école ou, tout simplement, permettre à leurs familles de disposer de quelques revenus supplémentaires. On le sait tous, leur gain est maigre en regard du sacrifice que ces femmes font », a indiqué M. Renauld.
« Si un centre d’accueil comme celui que nous inaugurons ici est nécessaire, c’est que les problèmes auxquels sont confrontées ces personnes sont parfois graves. Il est en effet regrettable de constater que certaines pratiques – qui sont de l’esclavage moderne tel que défini par le Comité contre l’escalavage moderne – existent au Liban », a-t-il poursuivi.
« De la privation du passeport, du non-paiement du salaire, d’horaires de travail excessifs, de séquestration, de violences morales et/ou physiques, les travailleurs migrants ne sont jamais certains du sort qui leur sera réservé. Et les exemples de ces mauvais traitements ne sont malheureusement pas rares », a ajouté M. Renauld.
« Pourquoi de tels comportements aujourd’hui ? Les travailleurs migrants ne sont pas perçus comme une main-d’œuvre ayant des droits. Il est de surcroît extrêmement difficile pour une personne étrangère, privée de ses papiers, ne maîtrisant pas nécessairement l’arabe et sans moyens, d’intenter un recours contre son employeur. J ’ai été frappé d’apprendre que plus de la moitié des prisonnières de la prison de femmes de Tripoli sont des femmes domestiques, dans la plupart des cas arrêtées faute de papiers ou après avoir fui un employeur qui les maltraitait. Heureusement, il existe des réseaux qui leur viennent en aide. Caritas Liban en fait partie et c’est pour cette raison que la Commission européenne a décidé d’apporter un soutien financier à son action », a-t-il indiqué.
« On peut espérer que, par une assistance sociale et juridique – à l’intérieur des prisons comme à l’extérieur –, ces personnes bénéficieront d’une situation un peu plus viable et plus sûre du point de vue de leurs droits. On peut attendre beaucoup, également, des actions de sensibilisation de l’opinion publique. À l’évidence, certains employeurs ne se rendent pas compte des abus commis et combien est intolérable la condition à laquelle ils soumettent leurs employés », a-t-il conclu, en appelant d’autres associations de la société civile à mener des actions similaires à celle de Caritas.
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