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Palais Bustros - Davantage de diplomates chrétiens dans les pays arabes et musulmans en Europe de l’Ouest Obeid présenterait jeudi en Conseil des ministres son projet de nomination des ambassadeurs

Les nominations diplomatiques – celles des ambassadeurs – sont dans la marmite et cuisent à feu fort. Tellement fort que l’on peut déjà parler du compte à rebours de leur officialisation. Tellement fort que le ministre des Affaires étrangères, Jean Obeid, se réunira après-demain lundi avec le chef de l’État, le président de la Chambre et le Premier ministre, pour arriver à un consensus, à une espèce d’accord qui lui permettrait, enfin, de présenter le projet de ces nominations au Conseil des ministres de jeudi prochain. Si rien ne vient, entre-temps, faire une nouvelle fois obstacle, bien évidemment.
Selon des sources bien informées, le locataire du palais Bustros souhaiterait arriver à un véritable compromis, et à faire passer ces nominations presque comme une lettre à la poste. C’est-à-dire avec le moins possible de réclamations des uns ou des autres. Il s’est d’ailleurs employé à rappeler à Émile Lahoud, Nabih Berry et Rafic Hariri qu’il n’a aucun desiderata personnel et qu’il ne tient donc à aucune nomination d’ambassadeur en particulier, ni dans un pays en particulier. Ces mêmes sources indiquent également que Jean Obeid a essayé de lever certains des obstacles qui avaient gelé – et ce depuis quatre ans ! – ces nominations. Des obstacles que l’on peut résumer, en gros, aux conflits entre les deux pôles de l’Exécutif ; des obstacles restés jusqu’à ce jour en l’état.
Et ces obstacles sont de taille. Au cours de ses discussions avec le chef de l’État, Jean Obeid a compris, toujours selon les sources précitées, qu’Émile Lahoud tient tout particulièrement à conserver à Washington l’actuel ambassadeur, Farid Abboud. Et un enfant de quatre ans saurait pourquoi – Farid Abboud étant la bête noire de Rafic Hariri. Le n° 1 de l’État veut également que les postes à Rome et à l’Unesco (à Paris) restent dans l’escarcelle maronite. Tout simplement parce qu’il ne veut pas davantage de critiques en ce qui concerne sa conception et l’exercice de sa « maronitude » – surtout après la bronca qui a suivi la nomination, par ses bons soins, de deux sunnites, l’un pour la direction générale de la présidence de la République, l’autre pour le commandement de la garde républicaine.
Jean Obeid essaierait également de résoudre les conflits lahoudo-haririens en insistant sur la nécessité de nommer à la tête des chancelleries libanaises dans les pays arabes des ambassadeurs chrétiens. Surtout qu’il n’en existe qu’un seul dans ce cas-là : l’ambassadeur du Liban en Tunisie. Pour le chef de la diplomatie, rien n’empêcherait – bien au contraire – la nomination d’un ambassadeur chrétien au Caire, à l’instar, par exemple, de Joseph Abou-Khater qui entretenait d’exceptionnelles relations avec Abdel-Nasser. Jean Obeid a également insisté sur la nécessité de désigner davantage d’ambassadeurs mahométans en Europe – notamment occidentale. Lesquels sont actuellement au nombre de trois, en poste à Berlin, Bruxelles et Londres. Sauf que le Premier ministre s’est opposé à la nomination d’autres ambassadeurs chrétiens en pays arabes autre que celui en poste à Tunis. Parce que, dit-il, les grands cadres de la communauté sunnite verraient tout cela d’un très mauvais œil. Parce que, poursuivent ces sources, il serait impossible à Rafic Hariri de supporter à la fois la perte de postes sunnites en Europe et l’octroi à des chrétiens des ambassades dans les capitales arabes. Sachant qu’il lui est impossible, de plus, de nommer des ambassadeurs hors cadre, comme il souhaitait le faire, notamment pour Washington.
Et toujours dans le cadre de ses efforts visant au déblocage total de ce dossier qui traîne depuis des années, le locataire du palais Bustros a demandé au président de la commission parlementaire des AE, Ali-el Khalil, de se calmer un peu (il avait multiplié, alors que ce n’est pas de ses prérogatives, ses visites de réclamations au Premier ministre pour le presser de trouver une solution au problème), et d’aider plutôt au règlement des conflits entre Émile Lahoud et Rafic Hariri. Les sources bien informées ajoutent que Jean Obeid fait tout pour dépasser ces obstacles « maléfiques », en s’employant à mettre sur pied une nouvelle structure pour ces nominations. Une structure qui impliquera non seulement davantage de diplomates musulmans en Europe de l’Ouest et chrétiens dans les pays arabes (avec, évidemment, un équilibre entre les deux communautés), mais aussi la nomination de l’ambassadeur compétent aux postes sensibles et importants. Jean Obeid sera tout naturellement obligé d’abonder dans le pragmatisme, étant donné l’impossibilité de passer outre les revendications du chef de l’État et celles du Premier ministre. Sachant que son ami Nabih Berry comprend ses attentes et ses positions, et essaie de l’aider en allant convaincre l’un et l’autre des deux pôles de l’Exécutif.
Le même Jean Obeid voudrait d’ailleurs présenter son projet de nomination au Conseil des ministres de jeudi prochain (3 juillet), sachant que le n° 1 de l’État sera à l’étranger le jeudi 10 juillet et que lui-même sera absent le 17 juillet, pour des raisons personnelles. Le ministre des AE ne veut donc pas attendre le Conseil des ministres du 24 juillet pour faire partager ses positions, ni retarder encore plus la publication de ces nominations.
Voici les ambassadeurs censés retourner, à la suite de ces dernières, à l’administration centrale : les maronites Boutros Assaker de Russie, Charbel Aoun du Ghana, Aziz Kazzi d’Uruguay et Kozhaya Khoury du Brésil ; les chiites Nassrat Assaad de la Corée du Sud et Ahmed Ibrahim de Pologne ; les sunnites Moustapha Moustapha du Maroc, Abdel-Magid Kassir de Roumanie et Bassam Naamani d’Arabie saoudite ; le grec-orthodoxe Jean Daniel d’Inde. Quant à leurs collègues censés quitter cette administration centrale et obtenir un poste à l’étranger, il s’agit des maronites Nagi Abi-Assi, Fouad Khoury Ghanem, Chucri Abboud, Victor Bitar, Charbel Estéphan et Gabriel Geara ; les grec-orthodoxes Gebrane Soufane et Antoine Chédid ; le grec-catholique Massoud Maalouf ; le druze Assem Jaber ; les sunnites Abdel-Latif Mamlouk et Hicham Démashkiyé ; les chiites Mohammed el-Dib et Hassan Saad, ainsi que Noël Fattal pour les minorités.
Signalons enfin que ces nominations ne concerneront ni Bagdad en Irak ni Monrovia au Liberia, au regard de la situation y prévalant ; que les postes vacants sont Rome, l’Unesco, l’Onu, Berlin, Khartoum, Islamabad et Djakarta, et que le transfert d’un certain nombre d’ambassadeurs de capitale en capitale n’est pas encore tout à fait clair, ni définitif, et continue d’être l’objet de discussions entre Jean Obeid et les trois présidents.

Khalil FLEYHANE
Les nominations diplomatiques – celles des ambassadeurs – sont dans la marmite et cuisent à feu fort. Tellement fort que l’on peut déjà parler du compte à rebours de leur officialisation. Tellement fort que le ministre des Affaires étrangères, Jean Obeid, se réunira après-demain lundi avec le chef de l’État, le président de la Chambre et le Premier ministre, pour...