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Les relations syro-américaines préoccupent Beyrouth autant que la « feuille de route »

Selon un officiel, le pouvoir concentre actuellement son attention sur les relations syro-américaines, tout en suivant de près les développements sur le front israélo-palestinien. Il relève que les rapports entre Washington et Damas baignent dans le flou depuis quelque temps. Et qu’on y verra sans doute plus clair à partir du 7 juillet, date retenue pour le débat sur le Syria Accountability Act au Capitole. Si les radicaux parviennent à faire passer cette loi, la tension entre les deux pays risquerait d’atteindre son paroxysme. Ce qui n’irait évidemment pas sans impact sur le Liban. Mais si la majorité rejette le texte ou renvoie le débat, le statu quo relationnel serait maintenu. C’est-à-dire que les contacts au sujet des demandes américaines se poursuivraient. Notamment au sujet de la retenue exigée de la Syrie par rapport à l’Irak, dont elle ne doit pas accueillir les anciens dirigeants. Les pressions US portent également, comme on sait, sur la fermeture des bureaux des organisations radicales palestiniennes installées à Damas. Ainsi que sur un retrait syrien du Liban, sur le déploiement de l’armée libanaise le long de la ligne bleue et sur la neutralisation du Hezbollah. Pour le moment, la question en relief est celle de la frontière syrienne avec l’Irak. On sait en effet qu’un grave incident d’échanges de coups de feu entre soldats syriens et américains s’y est produit récemment, vraisemblablement à cause d’un convoi de fugitifs irakiens se dirigeant vers le territoire syrien. Ni les détails exacts de l’affaire ni ses répercussions sur les relations bilatérales ne sont encore clairs.
Parallèlement, Beyrouth se sent très concerné par l’évolution du côté de la « feuille de route ». En effet, si les choses marchent bien et qu’un État palestinien est créé d’ici à 2005, il y aurait un début de solution au problème des réfugiés palestiniens installés au Liban. Le risque d’implantation deviendrait moindre. Ces déplacés auraient en effet le statut légal de ressortissants d’un État reconnu. Ils disposeraient d’un passeport leur permettant de gagner toute destination. Et s’ils décident de rester ici, ils seraient traités comme tout résident étranger. Bien évidemment, à ce moment-là, il ne serait plus question de laisser aux camps le privilège de l’extraterritorialité. On les désarmerait et ils tomberaient sous le contrôle des autorités locales. D’un autre côté, le succès de la « feuille de route » devrait entraîner des négociations syro-libano-israéliennes débouchant sans trop de difficultés sur la restitution du Golan à la Syrie et de Chebaa au Liban.
En revanche, si l’initiative du quartette devait déboucher sur un fiasco, il n’y aurait plus de limites au cycle de violences. Israël pourrait alors tenter d’appliquer son projet dit du transfert, c’est-à-dire de pousser la population de la Cisjordanie et de Gaza à l’exode. L’escalade se généraliserait et se traduirait, sans doute, par une recrudescence marquée de la résistance irakienne aux forces de la coalition. Tandis que les camps palestiniens au Liban se retrouveraient en ébullition. La libération des territoires occupés ne pourrait plus se faire par la voie diplomatique, mais par les armes. Avec le risque d’une guerre, d’une dure riposte israélienne rendue possible par l’absence d’un rempart international efficace. D’autant que l’Administration US va bientôt entrer en période électorale et n’aurait plus les mêmes moyens d’intervention ou de dissuasion que maintenant. Dans ce contexte, le candidat Bush aurait intérêt à marquer rapidement des points du côté de la « feuille de route » comme du côté de la stabilisation de l’Irak. Il doit au moins obtenir une trêve durable sur le terrain israélo-palestinien.
Tout peut arriver dans les mois à venir, sur le plan régional. Dès lors, souligne l’officiel cité, il faut renforcer la cohésion et l’unité du Liban, en commençant par les dirigeants, pour parer à toute éventualité. La gravité de la situation porte le vice-président du Conseil, Issam Farès, à rappeler que de multiples échéances intérieures et régionales attendent les Libanais. Qui font face à de sérieux problèmes socio-économiques, tandis que l’Administration bat de l’aile, qu’un climat de tensions confessionnelles divise le pays, que la dette publique s’accroît, que la justice est assoiffée d’indépendance. Il ajoute qu’il faut une réforme administrative autant qu’économique, qu’il ne faut plus négliger la diaspora libanaise dans le monde et que l’on doit adopter une loi électorale moderne. Sans compter la mise en chantier de l’abolition du confessionnalisme politique et la décentralisation. Quant à la « feuille de route », Farès souligne que tout dépend en définitive de la capacité d’Abou Mazen de contrôler le côté palestinien et de Sharon d’en faire de même pour les extrémistes israéliens.
Émile KHOURY
Selon un officiel, le pouvoir concentre actuellement son attention sur les relations syro-américaines, tout en suivant de près les développements sur le front israélo-palestinien. Il relève que les rapports entre Washington et Damas baignent dans le flou depuis quelque temps. Et qu’on y verra sans doute plus clair à partir du 7 juillet, date retenue pour le débat sur le Syria...