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Crack in the Mirror*

Un miroir en face d’un autre. Tout se remet en place. Et en même temps, votre univers vole en éclats. Essayez donc de vous coiffer devant une image qui ne soit plus inversée. Vous vous sentiriez comme un droitier obligé d’écrire avec la main gauche. Ou comme James, le chauffeur de lord Archibald Archumbold, roulant sur les Champs-Élysées. Maladroit, éperdu, désorienté, à la merci de tout accident.
La force de l’habitude. De l’accoutumance au faux, souverain maître du monde. L’inversion des valeurs gomme les éléments piliers de la conscience, quel que soit le sens que l’on prête à ce terme. Comme nous constituons, ici, un microcosme mosaïque condensé, le phénomène est mieux visible chez nous à l’œil nu qu’ailleurs.
Au haut de l’échelle, la frime, le fric, le fric-frac, le froc. Tout ce qui est en toc. Tout le clinquant qui brille sans être en or. L’or lui-même dévalué, perverti, en argent levier de puissance. La morale en prend un coup. Mais ce n’est pas mortel : l’élasticité des mœurs reste, après tout, affaire de conventions comme de mentalités.
L’effet du virus est autrement plus grave sur la politique, sur le cœur même du corps social, qui s’en trouve empoisonné. Et ce Liban Narcisse, oublieux des beautés intérieures, ne sait pas, ne sait plus, que son miroir lui renvoie en instantané. Une image de damné.
J.I.

*Crack in the Mirror, de Richard Fleischer, avec Orson Welles, 1960.s
Un miroir en face d’un autre. Tout se remet en place. Et en même temps, votre univers vole en éclats. Essayez donc de vous coiffer devant une image qui ne soit plus inversée. Vous vous sentiriez comme un droitier obligé d’écrire avec la main gauche. Ou comme James, le chauffeur de lord Archibald Archumbold, roulant sur les Champs-Élysées. Maladroit, éperdu, désorienté, à...