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Constat d’un diplomate occidental en poste à Beyrouth

Divergences euro-US sur les mécanismes de la « feuille de route »
Sur les mécanismes concrets de la « feuille de route », comme sur la guerre d’Irak, l’Union européenne prend ses distances avec les États-Unis. C’est ce que relève un diplomate occidental en poste à Beyrouth. Pour qui une évidence saute aux yeux : tant que Sharon continuera à faire assassiner des cadres palestiniens, sous prétexte que les organisations « terroristes » torpillent le processus, aucun progrès ne sera possible. Des efforts sont actuellement déployés, rappelle cette source, en faveur d’une trêve, marquée par un arrêt des opérations palestiniennes et par un retrait israélien de zones réoccupées. Afin de paver la voie à une reprise des pourparlers. Tout protagoniste qui violerait cet arrangement en répondrait aux puissances formant le quartette. Pour le moment, il est clair qu’Israël porte atteinte aux accords récents et empêche la trêve par ses raids assassins, qui entraînent des ripostes palestiniennes, des attentats-suicide ou autres, fauchant des civils et aggravant le cycle de violence.
Les USA de leur côté, poursuit cette personnalité, réprouvent certes les assassinats israéliens.
Mais sur le fond, et au départ, ils partagent les vues israéliennes. C’est-à-dire que pour eux, ce ne sont pas les Israéliens qui doivent arrêter les premiers, mais bien les Palestiniens. Ils vont encore plus loin en exigeant, comme condition initiale, l’élimination de ce qu’ils appellent le « terrorisme » palestinien. Ils pressent l’Autorité d’obtenir la cessation immédiate et inconditionnelle de tout acte de violence anti-israélien.
Pour leur part, les Israéliens sont invités à faire des gestes du côté des implantations comme des retraits des régions occupées après le 28 septembre 2000. Ainsi qu’à reprendre leur coordination en matière de sécurité avec les services palestiniens officiels pour les aider à se réhabiliter. Car aujourd’hui, l’Autorité n’a pas la capacité requise pour neutraliser, en les arrêtant au besoin, les éléments qui planifient des attentats anti-israéliens. Elle n’a pas réussi à se doter d’une infrastructure securitaire suffisante pour étouffer l’activisme subversif dans l’œuf. Elle n’est pas en mesure de désarmer la population, et a fortiori les organisations, comme le recommande la « feuille de route ».
Elle ne parvient pas non plus, apparemment, à lutter efficacement contre la corruption qui gangrène la société politique palestinienne. Tous ces éléments compromettent, de toute évidence, la création d’un État palestinien, qui est l’objectif fixé par la « feuille de route ».
Mais Israël de son côté, et les USA n’insistent peut-être pas autant que l’Europe sur ce point, est tenu de s’abstenir de toute action violente comme les assassinats les razzias et les destructions d’habitations. De plus, Israël n’a pas le droit de prétendre se substituer à l’Autorité palestinienne, aussi déficiente qu’elle soit, dans le contrôle du domaine sécuritaire palestinien.
Cependant, poursuit ce diplomate, Israël se justifie non pas seulement par l’incapacité de l’Autorité, mais aussi et surtout par le fait que le Hamas et le Jihad islamique ont proclamé ouvertement leur opposition à la « feuille de route », leur hostilité à la paix comme à la présence même de l’État hébreu dans la région. Les officiels palestiniens répondent qu’en Israël aussi il y a des extrémistes hostiles à la paix, qui refusent le démantèlement des colonies et appellent à la liquidation des cadres palestiniens activistes.
Selon le diplomate occidental cité, pour l’Union européenne, il n’y a qu’un moyen d’en sortir : appliquer de suite la « feuille de route ».
C’est-à-dire que le quartette doit entamer sans tarder des tractations avec les parties concernées pour la mise en place d’un dispositif de surveillance sur le terrain. Tout en enclenchant la réhabilitation des forces de sécurité palestiniennes et en mettant au point un plan global de coordination sécuritaire avec Israël.
Ces unités seraient réparties entre trois services dépendant du ministre palestinien de l’Intérieur.
Cela avec le concours d’un comité de suivi groupant les USA, l’Égypte et la Jordanie. Si la mise en chantier de ces mesures, visant à neutraliser la violence, devait s’avérer insuffisante, l’Union européenne serait favorable à l’envoi d’une force tampon des Nations unies ou d’une force multinationale.
Émile KHOURY
Divergences euro-US sur les mécanismes de la « feuille de route »Sur les mécanismes concrets de la « feuille de route », comme sur la guerre d’Irak, l’Union européenne prend ses distances avec les États-Unis. C’est ce que relève un diplomate occidental en poste à Beyrouth. Pour qui une évidence saute aux yeux : tant que Sharon continuera à faire assassiner des cadres...