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Médias - Intervention pressante de plusieurs ministres Le dossier de l’information immunisé contre le virus de la politisation

Le Conseil des ministres a pris la (bonne) décision de retirer le dossier de l’information du contentieux des querelles intérieures de toutes sortes. Et, surtout, des tiraillements entre les dirigeants. Cette neutralisation, ce désarmoçage d’une bombe à retardement traditionnelle sont le fruit de l’intervention du ministre concerné, Michel Samaha. Fortement soutenu par Assaad Hardane, Khalil Hraoui, Jean-Louis Cardahi et Farès Boueiz. Il a été convenu de s’en tenir à la loi, rien qu’à la loi, dans le respect (officiel) dû aux libertés. Et dans l’ordre cité, c’est-à-dire qu’il a été précisé que l’attachement au droit d’expression ne doit pas être exploité poour contourner les règles , en portant par exemple atteinte aux relations du Liban avec des pays frères. Allusion évidente aux limites que des chaînes comme la NTV, plutôt peu aimable pour l’Arabie saoudite chère à Rafic Hariri, doivent savoir s’imposer.
Le tableau des recommandations se présente comme suit : ne pas laisser le dossier ouvert. Ne pas garder une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête des médias. Ne pas recourir à des procédés coercitifs qui portent atteinte à l’image de marque du Liban. Ne pas répéter, en somme, l’expérience de la MTV… C’est sur ces bases que Samaha s’est adressé au Conseil des ministres. Verbalement, car il préfère ne pas ajouter à la longue liste des rapports écrits que l’on ne lit pas, ou si peu. Il a redit son souci de protéger les libertés, la liberté de presse en tête. En soulignant qu’il faut scruter les choses de près, ne pas laisser passer sans réagir les éventuels débordements, bévues, bavures, dérives ou dérapages. En appliquant les règlements aux médias, sans arbitraire mais sans complaisance. Le ministre a toutefois précisé que les médias ne doivent pas servir de boucs émissaires, qu’on ne peut pas faire payer à certains d’entre eux le prix des conflits politiques. Ce qui implique que les protagonistes devraient cesser d’utiliser les médias dans leurs tactiques de lutte. Samaha a relevé qu’il serait particulièrement inadmissible de voir les médias continuer à faire les frais d’un bras de fer auquel les intéressés directs ont décidé de mettre un terme. D’autres ministres surenchérissent en déclarant : « Au lieu de consolider l’information, nous l’affaiblissons en la mobilisant dans nos zizanies. Chacun veut l’exploiter pour servir ses intérêts. Il est temps de confier ce domaine au seul maître qu’il doit connaître : la loi. » Les intervenants ont insisté pour que cette orientation de base soit notifiée clairement aux responsables des entreprises d’information radiotélévisées ou écrites. Il leur sera répété que tout le monde doit observer la loi à la lettre, sous peine de sanctions. C’est bien entendu le ministre de l’Information qui se chargera de cette opération de communication.
Il convient de noter que l’option adoptée en Conseil des ministres a eu un effet immédiat. En effet, pour la première fois depuis longtemps, il n’y a pas eu de fuites orientées en direction des médias après la séance. Les ministres n’ont pas cherché à se tirer dans les pattes les uns les autres en distillant de vraies-fausses confidences sur le déroulement des débats en direction des salles de rédaction. Ce qui porte un membre du gouvernement à remarquer qu’après tout la bonne tenue de la presse, radiotélévisée ou écrite, dépend principalement, sur le plan local, du comportement des responsables comme de la classe politique dans son ensemble. Du coup, la tension décroît, ce qui facilite pour plus tard les arbitrages acceptés par tous avec fair-play.
Reste que le présent, s’il rend l’avenir plutôt souriant, n’efface pas le rictus du passé. Ainsi un membre de Kornet Chehwane souligne que l’on n’a pas gommé l’erreur de trajectoire commise à l’encontre de la MTV. Il ajoute que cette affaire reste politique pour le fond, bien qu’elle fût couverte par une décision de justice. D’autres sources de Kornet Chehwane révèlent qu’à un certain point, l’on était parvenu à un consensus : la MTV serait rouverte, mais placée sous la responsabilité morale d’une autorité religieuse, qui veillerait à ce que cette station ne soit plus exploitée politiquement par l’opposition de l’Est. Mais l’accord n’a pas été respecté du côté des officiels, ajoutent ces sources qui souhaitent qu’on rétablisse le protocole en question. D’une part parce que le maintien de la fermeture nuit à la réputation du Liban à l’étranger. D’autre part parce que l’on s’est montré plus coulant avec d’autres médias également pris pour cibles par le pouvoir.

Philippe ABI-AKL
Le Conseil des ministres a pris la (bonne) décision de retirer le dossier de l’information du contentieux des querelles intérieures de toutes sortes. Et, surtout, des tiraillements entre les dirigeants. Cette neutralisation, ce désarmoçage d’une bombe à retardement traditionnelle sont le fruit de l’intervention du ministre concerné, Michel Samaha. Fortement soutenu par...