Rechercher
Rechercher

Actualités

CONCERT - Au Conservatoire national supérieur de musique, Zokak el-Blatt Frédéric Renoux, un jeune pianiste virtuose(photo)

Un concert pas comme les autres. Tout d’abord le cadre, celui de la salle de répétition de l’Orchestre symphonique (et musique orientale) national libanais, dans l’enceinte du Conservatoire national supérieur de musique à Zokak el-Blatt. Ensuite l’interprète, un jeune garçon de treize ans, Frédéric Renoux (élève d’Angéla Hadishian), à peine sorti de l’enfance et empreint déjà de toute la fougue de l’adolescence. Et, last but not least, le public, trié sur le volet et composé essentiellement des parents, des professeurs et de quelques amis.
Mais le plus inattendu est ce programme à haute voltige pianistique, absolument surprenant entre les mains d’un jeune garçon au talent sans nul doute exceptionnel. Au menu donc, des pages d’une grande difficulté technique et d’une grande beauté sonore de Bach, Mozart, Beethoven, Chopin, Rachmaninov.
Vêtu d’un frac noir, avec chemise et papillon blancs, les cheveux en arrière et gominés, doté aussi de beaucoup de grâce et d’une beauté angélique, Frédéric Renoux, du haut de ses treize printemps, a déjà tout pour séduire d’emblée son auditoire. Mais le charme opère en profondeur dès les premières mesures du Prélude et fugue n°24 en si mineur (BWV893) du Cantor. Il est évident que ce pianiste virtuose précoce ne connaît pas le trac tant la musique le hante et lui est familière. On est en terrain presque d’adultes avec toutes les nuances qui s’imposent.
Dans cette longue promenade au clavier offerte sans faillir au public d’un trait, Frédéric Renoux a su donner toute la piété et le sens de l’élévation à la partition de Bach, toute la légèreté et la tendresse de Mozart (variations sur le thème de Ah, vous dirais-je maman), toute la puissance shakespearienne à Beethoven dans La Tempête (sonate n°17 en ré mineur op 31 n°2 –adagio et allegretto), la nostalgie poignante et la tourmente noueuse à la Polonaise (op 53 en la bémol majeur-maestoso) de Chopin et surtout rendre avec un éclat mesuré le brio et le flamboyant de la poésie ardente de Rachmaninov (Préludes op. 3 n°2, 23 n°4, 5 et 32 n°12, pour conclure avec l’intense et véhément Moment musical op 16 n°4).
Pages éblouissantes et périlleuses où les quelques bavures, fortissimi et tempi agités restent négligeables devant la force d’un jeu brillant, senti et aux nuances multiples. Et puis tant d’émotions (que les adultes ont du mal à traduire !) à restituer pour des doigts si inexpérimentés dans la vie, l’enjeu semble presque titanesque, mais Frédéric Renoux en triomphe avec un sourire désarmant et une sorte de maturité déconcertante. En bis, le vibrionnant et ultrarapide Vol du bourdon de Rachmaninov, autre redoutable morceau de bravoure, a littéralement médusé un public qui a réservé une chaleureuse et longue ovation à un talent qu’il reconnaît exceptionnel.
Une étoile est née, gardons l’œil sur son sillage…

E.D.
Un concert pas comme les autres. Tout d’abord le cadre, celui de la salle de répétition de l’Orchestre symphonique (et musique orientale) national libanais, dans l’enceinte du Conservatoire national supérieur de musique à Zokak el-Blatt. Ensuite l’interprète, un jeune garçon de treize ans, Frédéric Renoux (élève d’Angéla Hadishian), à peine sorti de l’enfance et...