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Santé publique - Les tiers payants publics refusent les critères de qualité et de coût établis Hôpitaux et praticiens protestent contre la médecine au rabais(photo)

Les médecins libanais et les propriétaires d’hôpitaux privés viennent de lancer un nouvel appel conjoint à l’élaboration d’une politique de santé, dont l’élément fondamental serait le respect des critères de qualité et de coûts établis par le ministère de la Santé, en coopération avec la Banque mondiale, aussi bien par les tiers payants privés, comme les compagnies d’assurances, que par les tiers payants publics (Sécurité sociale, FSI, armée et coopérative des employés).
Cet appel a été lancé par les deux Ordres des médecins de Beyrouth et Tripoli et par le syndicat des propriétaires d’hôpitaux privés, qui s’étonnent et regrettent que les tiers payants publics ne respectent pas ces critères, pourtant établis par le ministère de la Santé.
Interrogé sur la question, le nouveau président du syndicat des hôpitaux, le Dr Sleimane Haroun, a précisé que voici un an, grâce à un financement de la Banque mondiale, le ministère de la Santé a demandé à une société australienne, la OPCV, d’établir des « critères d’accréditation » en base desquels le ministère traiterait avec les hôpitaux privés.
Un recensement a suivi ce travail, qui a permis au ministère de la Santé d’identifier les hôpitaux qui répondaient aux critères d’accréditation posés, et avec lesquels il acceptait de traiter.
Des délais ont été accordés aux autres établissements pour se mettre à niveau.
Dans le même temps, a ajouté le Dr Haroun, le ministère de la Santé a établi une liste de « forfaits d’opérations ou de séjour », ainsi que des coûts de services de laboratoires et de radiologie, et a demandé que les tiers payants publics la respectent.
Le fait est, a regretté le Dr Haroun, que les tiers payants publics ne respectent pas les forfaits établis sur base d’études de coûts réels des prestations hospitalières et sanitaires.
Les deux Ordres et le syndicat des hôpitaux, souligne l’appel lancé hier, exhortent les tiers payants publics à ne pas agir dans le sens de tarifications inférieures aux coûtx réels établis, ce qui aboutirait à la baisse de la qualité des prestations (c’est-à-dire à « une médecine de seconde classe », souligne le Dr Haroun), qui porterait préjudice aux patients et à laquelle se refusent les médecins et les hôpitaux.

Des tarifs nettement
inférieurs
Sous prétexte de réduire le coût de la facture de santé, ces tiers payants sont en train de pratiquer des tarifs nettement inférieurs à la liste établie. Cette façon de faire incite les hôpitaux à réaliser des économies sur les soins de santé qu’ils assurent, une économie qui ne peut se faire qu’au détriment de la qualité, a expliqué en substance le Dr Haroun, qui souligne que les médecins et les hôpitaux « se refusent à l’idée de deux médecines, l’une de première classe, l’autre de seconde classe ».
« Le communiqué que nous avons publié est destiné à sensibiliser ces tiers payants publics à ce problème », souligne le Dr Haroun, qui a appelé à l’établissement d’une « politique de santé » agréée par tous.
« Asseyons-nous et parlons, ajoute le médecin, décidons du niveau des prestations que les hôpitaux libanais doivent respecter, puis agissons de façon cohérente. »
Pour le Dr Haroun, « il s’agit plus d’un problème d’ignorance que de mauvaise foi ». « Je m’explique, dit-il. On nous dit que la facture de santé au Liban, c’est-à-dire la somme de toutes les dépenses de santé dans les hôpitaux et hors d’eux, s’élève à 2 milliards de dollars, voire à 2,5 milliards. Or toutes les factures des hôpitaux réunies s’élèvent, annuellement, à 600 millions de dollars. De deux choses l’une : ou la somme restante (1,4 milliard de dollars, au bas mot) est réellement dépensée sur les médicaments et les examens de laboratoire, ce qui serait énorme, ou ce chiffre est erroné. Et dans les deux cas, il faut intervenir. S’il est vrai que l’on dépense annuellement pour 1,4 milliard de dollars de médicaments et de soins de laboratoire, c’est que quelque chose ne tourne pas rond, et qu’il faut une sérieuse campagne d’orientation pour le corriger. Et s’il s’avère que ce chiffre est faux, il faudrait aussi qu’on connaisse le chiffre exact. »
En tout état de cause, selon le Dr Haroun, qui se base sur les chiffres de la CNSS, l’organisme de santé publique le mieux structuré, les dépenses de santé, en dehors des hôpitaux, devraient être égales à ce qu’elles sont dans les hôpitaux. Et de conclure en affirmant que « les économies, les véritables économies, doivent être faites à ce niveau, non au niveau de la qualité des soins. Encore faut-il en convaincre tout le monde ! »

Fady Noun
Les médecins libanais et les propriétaires d’hôpitaux privés viennent de lancer un nouvel appel conjoint à l’élaboration d’une politique de santé, dont l’élément fondamental serait le respect des critères de qualité et de coûts établis par le ministère de la Santé, en coopération avec la Banque mondiale, aussi bien par les tiers payants privés, comme les...