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Vie politique - Le chef du PSP reçu longuement par Lahoud Joumblatt minimise l’ampleur de la crise institutionnelle et relance le débat sur les privatisations

Walid Joumblatt paraît soucieux ces jours-ci d’éviter de s’embourber personnellement dans les marécages de la crise politique et – il faut le dire – institutionnelle que traverse l’Exécutif, tout en s’efforçant, autant que possible, de ne pas perdre sa place sur le devant de la scène.
Reçu hier longuement à Baabda par le président de la République, Émile Lahoud, le chef du Parti socialiste progressiste s’est employé implicitement à minimiser l’ampleur de cette crise en tentant, d’une part, de mettre l’accent sur le contexte régional – ce qu’il fait depuis plusieurs semaines – mais aussi, d’autre part, à relancer le débat sur les problèmes de fond, notamment sur les privatisations, inscrites au programme du gouvernement.
De source officielle, on indique que le chef de l’État et M. Joumblatt ont échangé, durant plus de deux heures, leurs vues sur la situation dans le pays et sur les diverses positions exprimées à propos des sujets de l’heure. Naturellement, la marche des institutions de l’État, en particulier du Conseil des ministres, a été au centre de l’entretien.
MM. Lahoud et Joumblatt ont également évoqué la situation économique et sociale, ainsi que la position du PSP et du bloc parlementaire de Walid Joumblatt à l’égard des diverses questions d’actualité.
Enfin, les développements dans la région ont occupé aussi une part de la discussion, qui s’est poursuivie lors d’un déjeuner auquel le chef de l’État a convié son hôte.
De source proche du pouvoir, on voit dans la visite de M. Joumblatt à Baabda et dans son dialogue avec le président de la République sur l’ensemble des dossiers intéressant l’État une volonté de la part du leader du Chouf non seulement de parvenir à un équilibre interne permettant de faire face aux périls extérieurs, mais aussi une tentative d’équilibrer ses propres relations avec chacun des piliers de l’Exécutif.
Cela signifie en clair que, vu de Baabda, le chef du PSP se tient plus que jamais à égale distance entre la présidence de la République et celle du gouvernement. On en veut pour preuve le fait que M. Joumblatt a inauguré un dialogue similaire avec Rafic Hariri, lui exposant son point de vue sur de nombreux sujets et notamment son hostilité à la vente du secteur public.
C’est précisément cette question qui semble, pour le moment, accaparer l’attention de Walid Joumblatt sur le plan intérieur, au point de se demander si cela vaut la peine de polémiquer tellement – comme on le fait aujourd’hui – sur le rôle et les prérogatives des institutions de l’État quand ce dernier est sur le point d’être livré au secteur privé.
Interrogé par la presse à sa sortie du palais de Baabda, M. Joumblatt a commencé par évoquer le dossier régional. « Notre position de principe au sujet des développements régionaux est, à long terme, gagnante », a-t-il assuré, soulignant que « l’essentiel est de pouvoir résister jusque-là ».
Selon lui, « il faut, dans les circonstances difficiles actuelles, mettre l’accent sur l’importance d’une définition du terrorisme ». « Les parties prenantes à Charm el-Cheikh et Aqaba ont condamné le terrorisme dans son ensemble. Ce faisant, elles ont mis sur un pied d’égalité terrorisme et lutte pour la libération. Cela, nous le rejetons, au Liban et en Syrie, parce que nous croyons dans le droit des peuples à l’autodétermination. Ce droit s’applique aux Libanais pour recouvrer les fermes de Chebaa, aux Syriens pour le Golan et aux Palestiniens pour libérer leur territoire », a-t-il déclaré.
Abordant le volet intérieur, M. Joumblatt s’est félicité de la décision des principaux dirigeants de s’en remettre à la Constitution pour débloquer l’action de l’Exécutif, tout en cherchant visiblement à relativiser son importance. « Le recours à la Constitution pour administrer les affaires du pays est assurément une excellente initiative », a-t-il dit. « Cependant, a-t-il ajouté, le point fondamental sur lequel j’ai insisté auprès du président de la République est la nécessité de sauvegarder les biens publics. » « Car enfin, que valent les lois et la Constitution si l’État n’a plus de biens ? » s’est-il interrogé.
« Ma position à l’égard des privatisations est connue. J’y suis opposé », a poursuivi le chef du PSP, avant de préciser toutefois que « s’il n’y avait aucun moyen d’y échapper, il faudrait au moins que les services publics privatisés deviennent la propriété du peuple libanais, par le biais de souscriptions en Bourse ».
« Cela dit, j’attire l’attention sur le fait que certaines expériences passées de gestion de l’électricité, de l’eau et d’autres offices autonomes, conduites par des personnes compétentes, avaient été des réussites. Pourquoi oublier cela ? » s’est-il encore demandé.
Quoi qu’il en soit, a conclu M. Joumblatt, « l’important est de savoir quel sort sera celui du secteur public, car si l’État se dissout lui-même, qu’en restera-t-il ? »
Walid Joumblatt paraît soucieux ces jours-ci d’éviter de s’embourber personnellement dans les marécages de la crise politique et – il faut le dire – institutionnelle que traverse l’Exécutif, tout en s’efforçant, autant que possible, de ne pas perdre sa place sur le devant de la scène.Reçu hier longuement à Baabda par le président de la République, Émile Lahoud,...