M. Abbas a indiqué que la majorité des terrains à Ramlet el-Baïda appartient désormais à des sociétés liées au président du Conseil des ministres, Rafic Hariri, tout en précisant que l’action n’était dirigée contre personne, mais était menée en faveur d’une plage publique devenue vitale pour les habitants de la capitale. Ce qui en empêcherait l’aménagement, c’est la construction d’un grand complexe balnéaire à même le site, toujours entouré de flou, mais à propos duquel M. Abbas a révélé certaines informations qu’il a obtenues récemment. « Il s’agirait d’un projet privé appelé Copacabana, doté d’une marina et d’une plage privée sur 550 mètres », a-t-il dit. « La création d’une plage publique serait prévue, mais sur 310 mètres de côte seulement, et qui plus est, sur des terrains privés ! Cela signifie que le propriétaire peut réclamer sa terre n’importe quand. Les deux terrains appartenant à la municipalité seraient consacrés à l’exploitation de restaurants. Le tout serait géré par une société privée. »
Pour sa part, M. Chéhayeb, à l’instar des autres participants au congrès, a insisté sur le droit sacré des Libanais à l’accès à la mer. Pour ce qui concerne Ramlet el-Baïda, il a estimé qu’il s’agissait d’une « lutte entre une réalité juridique existante et un refus populaire ». Mais il a appelé à « l’ouverture de tout le dossier des biens-fonds maritimes au Liban parce que le problème ne se limite pas à un site en particulier ».
Abdel-Hamid Fakhoury, membre du conseil municipal de Beyrouth, opposé au projet, a rappelé que la revendication d’une plage publique à Ramlet el-Baïda reposait sur des arguments juridiques solides, puisque « le Conseil des ministres a pris une décision en ce sens en 1983, confirmée en 1984 ». Selon lui, « après la destruction de l’escalier qui menait à la plage, les baigneurs doivent aujourd’hui emprunter une petite échelle en bois dangereuse pour se rendre à la mer ».
Par ailleurs, plusieurs participants ont également fait remarquer que le code de l’environnement, adopté en 2002, énonce très clairement le droit à l’accès libre à la mer et aux fleuves. Ce droit social est aussi de plus en plus une nécessité populaire. M. Abbas a rendu publiques les conclusions d’une étude effectuée en juillet 2002 par Green Line auprès des baigneurs à Ramlet el-Baïda, et qui montre que 49 % d’entre eux fréquentaient cette plage pour la première année (notamment en raison de la dégradation de leurs conditions économiques), que 30 % s’y rendaient pour la deuxième année consécutive et que 21 % seulement y venaient depuis trois ans ou plus.
Autre argument évoqué par plusieurs intervenants : le concept du tourisme change dans le monde. Le touriste recherche les sites naturels et caractéristiques, et non pas des hôtels impersonnels.
Enfin, les recommandations nées de ce congrès ont été divisées en deux parties, l’une consacrée au littoral en général, axée surtout sur le droit des citoyens à avoir accès à toutes les plages et à la suppression des agressions contre le littoral. L’autre partie traite plus spécifiquement du cas de Ramlet el-Baïda, les revendications principales portant sur la création d’une plage publique, l’expropriation des terrains de la part du conseil municipal et la réhabilitation du site afin qu’il devienne plus sûr et adapté aux besoins des baigneurs. Un comité civil devrait être formé à l’issue de ce congrès, afin d’assurer un suivi.
Mais si la campagne se poursuit, elle devrait, comme l’affirme M. Fakhoury, être adoptée par les Beyrouthins, « parce que cette plage leur appartient, et que s’ils ne luttent pas pour la garder, personne ne peut rien pour eux ».
S.B.
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