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Premières escarmouches de harcèlement au sein du pouvoir

Farfelue, voire guignolesque, la brusque sarabande de Pakradouni jeudi en Conseil des ministres ? À première vue, au premier degré, sans doute. Mais on peut y déceler, en y regardant bien, tous les éléments d’une conception stratégique d’inspiration militaire. Rigoureusement classique : préparer la bataille par des escarmouches sur les flancs, et non pas au centre, pour s’en servir en même temps comme diversion. Ces opérations sont naturellement confiées à des officiers de terrain efficaces, qui n’appartiennent cependant pas au premier cercle de l’état-major.
Cette grille de lecture semble plus plausible que l’explication dite psychopolitique axée sur la personnalité, du reste fascinante, de Pakradouni. Pour beaucoup, c’est l’incorrigible penchant médiatique du fondateur de la LBC qui l’aurait porté à faire son éclat. C’est un jugement un peu trop réducteur. L’homme est intellectuellement brillant, personne ne le lui conteste. Il est également un politicien manœuvrier à l’habileté reconnue, et d’ailleurs attestée par un parcours de félin retombant toujours sur ses pattes. Ceux qui se font du souci pour lui en estimant qu’il s’engage trop aux côtés du régime se trompent sûrement. D’abord, son pari peut s’avérer gagnant. Ensuite, il saura toujours, sans doute, récupérer ses mises. En tout cas, en se portant sur la brèche, il démontre encore une fois qu’il a politiquement du courage et sait prendre des risques calculés.
Mais il ne faut pas oublier que Pakradouni est, avant tout, un fin juriste. Il doit donc savoir que l’usage a force de loi. Et prend même le pas, fréquemment, sur la Constitution elle-même. Comme c’est le cas, pour le fond, de l’absence d’un cabinet d’entente. Ou, pour la forme, de la non-application de la procédure de vote en Conseil des ministres. Or cela fait à peu près treize ans que le décret 553 du 18 septembre 1990, que Pakradouni brandit comme une baïonnette, n’est pas respecté à la lettre. De plus, la façon d’en contourner les dispositions n’est pas illégale, puisque c’est le Conseil des ministres qui, à chaque fois, la couvre de son autorité et la ratifie. Explications : le décret 553 prescrit que le ministre des Finances a titre de gouverneur pour représenter le Liban au sein des institutions financières internationales. Dont la Banque mondiale et la Miga (Monetary International Growth Association) qui en dépend et qui doit tenir ses assises bientôt. Jeudi le Conseil des ministres approuve, sans objection immédiate semble-t-il, le 20e point à son ordre du jour : une demande du ministre des Finances de se faire remplacer comme délégué du Liban, et comme toujours, par son collègue de l’Économie.
On connaît la suite, on ne sait pas encore la fin. Comme on ne sait pas combien d’incidents du même genre vont être provoqués, pour entretenir la tension, d’ici à l’ouverture officielle de la chasse à courre présidentielle, en octobre prochain. Car, redisons-le, c’est de cela qu’il s’agit. Les loyalistes proches du régime rêvent d’une reconduction. Et les haririens en font un cauchemar. En oubliant, les uns comme les autres, que les passes d’armes, si préjudiciables économiquement pour le pays, sont profondément inutiles. Du moment que la décision finale appartient à de grands électeurs qui ne sont pas libanais. Et qui fixeront sans doute leur choix au dernier moment, en fonction de la conjoncture régionale et internationale.
I.D.
Farfelue, voire guignolesque, la brusque sarabande de Pakradouni jeudi en Conseil des ministres ? À première vue, au premier degré, sans doute. Mais on peut y déceler, en y regardant bien, tous les éléments d’une conception stratégique d’inspiration militaire. Rigoureusement classique : préparer la bataille par des escarmouches sur les flancs, et non pas au centre, pour...