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Écologie - Conférence de presse conjointe entre Boueiz, Toepfer et Tallawi À l’occasion de la Journée de l’environnement, des célébrations placées sous le signe de l’eau(photo)

L’eau, cette ressource vitale qui manque déjà à près de deux milliards de personnes sur terre, est le thème adopté par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), non seulement à l’occasion de la Journée de l’environnement qui a été célébrée hier à Beyrouth, mais pour une année entière. Et pour préserver cette ressource qui devient rare, il faut investir davantage dans la construction et l’entretien des réseaux ainsi que dans le recyclage de l’eau usée. C’est en substance le message qu’a fait passer hier le directeur exécutif du PNUE, Klaus Toepfer, qui a tenu à 12h30 une conférence de presse conjointe avec Farès Boueiz, ministre de l’Environnement, et Mervat Tallawi, secrétaire exécutive de l’Escwa, à la Maison des Nations unies. M. Boueiz a insisté sur le fait que le Liban ne peut plus se permettre de gaspiller son eau, et qu’une gestion efficace des ressources hydrauliques et des eaux usées s’impose désormais.
La conférence de presse avait été précédée par un séminaire également axé sur l’eau et la lutte contre la pauvreté, qui s’est tenu à l’hôtel Phoenicia. Par ailleurs, M. Boueiz a inauguré à 11h une exposition sur l’environnement, à laquelle participent diverses associations et organisations internationales ainsi que le ministère de l’Environnement. Était présent notamment : Michel Moussa, ministre d’État.
Dans ses deux interventions, l’une au cours du séminaire et l’autre durant la conférence de presse, M. Toepfer a particulièrement insisté sur la nécessité d’augmenter l’investissement mondial dans le domaine de l’eau, en coopération avec le secteur privé, précisant toutefois qu’il ne préconisait pas la privatisation de ce secteur, « parce que l’eau a toujours été considérée par les populations comme sacrée ».
M. Toepfer a estimé que des investissements supplémentaires de l’ordre de 20 à 30 milliards de dollars seront nécessaires pour améliorer l’alimentation en eau d’une grande partie des habitants de la planète. « À titre d’exemple, investir dans les techniques de traitement de l’eau usée permet d’utiliser les ressources deux fois plutôt qu’une », a-t-il indiqué.
M. Toepfer a rappelé que l’un des objectifs définis lors du sommet de la Terre de Johannesburg consistait à réduire la pauvreté de moitié d’ici à 2015 (le seuil de pauvreté étant fixé à moins d’un dollar par jour). « Or, nous nous sommes aperçus que diminuer le nombre de pauvres équivalait à réduire celui des personnes n’ayant pas accès à une eau potable saine », a-t-il expliqué. « La corrélation entre les deux est évidente. » Mais il a tenu à transmettre un message positif, celui de la nécessité d’employer les capacités humaines à bon escient afin de servir cette cause.
Prié de dresser un bilan de l’action de l’Onu, et plus particulièrement du PNUE, en matière de préservation des ressources, sachant que la situation n’a que très peu progressé dans le monde, M. Toepfer a assuré que son organisation « s’est fixé des délais, et qu’il sera dorénavant possible d’en évaluer l’action, puisque toute cette année sera consacrée au thème de l’eau ». « L’une des décisions prises à Johannesburg a été de privilégier le travail sur le terrain, et c’est ce que nous comptons faire », a-t-il conclu.

« Le Liban a trop gaspillé
son eau »
L’une des idées évoquées par M. Toepfer, mais longuement abordées par Mme Tallawi, est celle de l’eau en tant que cause potentielle de conflits. La secrétaire exécutive de l’Escwa n’a pas manqué de rappeler que l’Asie occidentale est l’une des régions les plus pauvres en eau. « Dans certains pays, la moyenne ne dépasse pas les 200 mètres cubes d’eau par habitant », a-t-elle précisé. « 80 % de l’eau consommée en certains pays provient de l’étranger. Tout cela rend le terrain fertile à la naissance de conflits. Malgré cela, peu d’efforts ont été déployés pour remédier à la situation. »
Soulevant les questions des foyers de maladies nés de la pollution de l’eau en Irak et de l’accès aux ressources souvent interdit aux Palestiniens, Mme Tallawi a rappelé l’urgence du « renouvellement des infrastructures en Irak, dans la bande de Gaza, en Cisjordanie et au Liban-Sud ».
La cas spécifique du Liban a été abordé par M. Boueiz. « Vivant dans l’illusion qu’il possédait des ressources hydrauliques considérables, le Liban a gaspillé beaucoup d’eau », a-t-il constaté. « Or, comment considérer que ces ressources sont importantes dans un pays où il pleut au maximum trois mois par an ? C’est seulement avec une bonne gestion que le Liban peut se suffire en eau. »
Admettant que les projets d’infrastructure de l’eau et des égouts ainsi que les mesures antipollution n’ont pas été considérés comme une priorité dans les années d’après-guerre, M. Boueiz a estimé que le pays était aujourd’hui « sinistré ».
« Comment avoir la conscience tranquille quand la plupart des régions ne sont pas dotées de réseaux d’égouts, quand aucune station d’épuration de l’eau usée n’est opérationnelle et quand aucune stratégie efficace pour le traitement des déchets ménagers n’a été adoptée ? » a-t-il dit. « Notre priorité sera de faire du ministère de l’Environnement une entité exécutive, puis d’établir, en coopération avec les organisations internationales, une liste de priorités en matière de traitement des eaux usées et de construction de décharges. ».
Rappelons que les célébrations qui ont eu lieu hier à Beyrouth à l’occasion de la Journée de l’environnement se déroulaient pour la première fois dans une ville arabe depuis 1972, année où cette initiative a été prise.
S.B.
L’eau, cette ressource vitale qui manque déjà à près de deux milliards de personnes sur terre, est le thème adopté par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), non seulement à l’occasion de la Journée de l’environnement qui a été célébrée hier à Beyrouth, mais pour une année entière. Et pour préserver cette ressource qui devient rare, il faut...