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Dossier régional - L’idée d’une « feuille de route » bis pour Damas et Beyrouth fait son chemin L’Europe en passe de prendre en charge le volet syro-libanais du processus de paix(photo)

Les États-Unis ont signalé, lors du sommet du G8 d’Évian, leur disposition à laisser les Européens jouer un rôle dans le volet syro-libanais du processus de paix, dans le cadre d’un règlement global au Proche-Orient.
Aux Américains l’épineux dossier israélo-palestinien, car l’État hébreu ne fait pas confiance aux Européens. À l’Union européenne la préparation de la paix entre Israël, la Syrie et le Liban : tel pourrait être, si tout se passe bien, le scénario d’un partage des rôles pour ramener la paix au Proche-Orient.
Cette marque de bonne volonté de la part des Américains – qui se sont emparés de la « feuille de route » pour un règlement du conflit israélo-palestinien – s’est traduite dans la déclaration finale du sommet des huit grandes puissances mondiales.
« Nos discussions ont montré combien est souhaitable un règlement de paix global incluant la Syrie et le Liban », ont notamment affirmé les Huit hier à Évian.
En fait, cette phrase est simplement incluse dans la déclaration finale du G8 portant sur le conflit israélo-palestinien. Elle montre néanmoins que le dossier syro-libanais a bien fait l’objet d’un échange à Évian, en particulier entre les présidents américain George W. Bush et français Jacques Chirac.
Lors de leur tête-à-tête de lundi, MM. Bush et Chirac « ont passé beaucoup de temps à parler du Liban et de la Syrie », a affirmé un haut responsable américain.
Auparavant le président américain avait indiqué devant la presse qu’il allait demander des « conseils » à Jacques Chirac sur le Proche-Orient en raison de son expérience accumulée dans cette région et de ses bons rapports avec Damas.
Interrogé sur ce sujet hier lors de la conférence finale, Jacques Chirac est resté très prudent : la question d’une éventuelle « feuille de route » sur le volet syro-libanais « se discutera d’abord au sein de l’Europe, ensuite au sein du quartette (États-Unis, Union européenne, Russie, Onu) », a-t-il déclaré, tout en estimant qu’une telle « initiative aboutira ».
M. Chirac a dans le même temps reconnu « le rôle déterminant » des États-Unis dans le processus de paix, en particulier pour ramener la paix entre Israël et les Palestiniens.
De fait, il apparaît que l’idée d’une « feuille de route » bis, pour officieuse qu’elle soit aujourd’hui, appartient au haut représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère, Javier Solana.
« M. Solana réfléchit à l’élaboration d’une “feuille de route” Syrie-Liban », a reconnu hier le président français devant la presse. « S’il persiste dans cette idée, nous l’appuierons tout à fait », a-t-il poursuivi.
« C’est un fait que la “feuille de route” du quartette n’évoque pratiquement pas le problème » du conflit entre Israël, la Syrie et le Liban, a-t-il ajouté, soulignant qu’il serait « légitime d’avoir une procédure de la même nature qui faciliterait les choses pour tout le monde et qui donnerait une raison à la Syrie et au Liban de s’impliquer davantage » dans les efforts de paix.
M. Solana s’était rendu à la mi-mai à Damas où il avait déclaré que la « feuille de route » était un « plan pour parvenir à une paix globale, ce qui veut dire concrètement qu’il comprend la Syrie et le Liban ».
La Syrie, qui a toujours marqué son refus de règlements séparés, s’est montrée intéressée par cette approche d’une paix globale qui ne la laisse pas sur le bord de la route.
Voyant les choses bouger, les dirigeants syriens ont en effet déclaré plusieurs fois ces derniers temps qu’ils étaient prêts à reprendre les négociations de paix avec Israël, interrompues depuis janvier 2000.
À Beyrouth, c’est avec satisfaction que des responsables ont accueilli l’initiative du président français de placer le Liban et la Syrie sur la table du G8, nous signale notre correspondant diplomatique, Khalil Fleyhane. Ces responsables ont souligné qu’ils n’avaient pas été surpris par cette démarche, celle-ci étant le fruit d’une proposition que le président syrien Bachar el-Assad avait faite au ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, lors de la visite de ce dernier à Damas, en avril dernier. M. Assad avait d’ailleurs ultérieurement fait la même proposition au secrétaire d’État américain, Colin Powell, qu’il a reçu en mai.
La différence, notent ces responsables, c’est que le président Chirac a été convaincu par les arguments du chef de l’État syrien, au point qu’il a jugé utile de soulever la question de manière directe lors de son tête-à-tête avec George W. Bush à Évian.
Les responsables libanais se montrent toutefois très prudents, car ils craignent que les États-Unis ne se reprennent à vouloir couper la route devant M. Chirac et l’Union européenne afin de garder pour eux-mêmes le monopole de l’initiative au Proche-Orient.
Ils estiment toutefois que les « réconciliations » intervenues durant le week-end à Évian entre MM. Bush et Chirac et entre le président américain et le chancelier allemand Gerhard Schröder, sont susceptibles de se répercuter positivement sur l’ensemble des volets du processus de paix au Proche-Orient.
Les États-Unis ont signalé, lors du sommet du G8 d’Évian, leur disposition à laisser les Européens jouer un rôle dans le volet syro-libanais du processus de paix, dans le cadre d’un règlement global au Proche-Orient.Aux Américains l’épineux dossier israélo-palestinien, car l’État hébreu ne fait pas confiance aux Européens. À l’Union européenne la préparation...