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Communautés - Premier synode de l’Église maronite depuis 150 ans Sfeir : Priorité au renouveau des personnes(PHOTO)

Pour son premier synode patriarcal depuis 150 ans, l’Église maronite a entamé hier, au couvent Notre-Dame du Mont, un long corps-à-corps avec son histoire, qu’elle va tenter de relire pour y démêler le vrai du faux, l’idéologique de l’historique, le communautaire de l’ecclésial, pour corriger les erreurs et fautes de certains de ses fils, religieux comme laïcs, sans absoudre ceux de ses adversaires qui ont souhaité et œuvré activement à son affaiblissement.
« Si ce synode aide les fidèles de l’Église maronite à se livrer à un profond examen de conscience (...), il aura atteint son but », a affirmé, dans son intervention inaugurale, le patriarche maronite.
En fixant un objectif minimal au synode, le patriarche n’a certes pas l’intention d’en réduire les ambitions, mais de souligner ce qui, à ses yeux, est le plus important dans ce synode patriarcal : le renouveau des personnes, fondement de tout changement.
Après en avoir parlé dimanche, dans l’homélie qu’il a prononcée à la messe inaugurale, le patriarche est revenu hier sur les ravages que la guerre a provoqués au Liban ainsi que sur ses conséquences ainsi que sur les blocages psychologiques qui perpétuent les blocages politiques internes. « Ces événements ont provoqué de graves blessures dans les corps et les esprits, dont les Libanais continuent de ressentir la douleur cuisante (...). Leurs éclats ont atteint toutes les couches de la société libanaise, et l’Église en a eu sa part substantielle », a affirmé le patriarche, qui a appelé à « une purification des consciences du désir de vengeance, à un renouveau de l’esprit chrétien dans les esprits, c’est-à-dire de l’esprit de pardon et de réconciliation ».
Voulu comme instrument de renouveau, le synode patriarcal parviendra-t-il à ses fins ? Improbable, estiment certains des experts laïcs qui ont été associés à sa préparation. Selon l’un d’eux, qui a tenu à garder l’anonymat, le synode patriarcal ne sera pas celui de la réconciliation pour la bonne raison que « ceux qui ont besoin de cette réconciliation en sont absents ».
De fait, les représentants des fractions chrétiennes et musulmanes qui se sont battues durant la guerre, et parfois qui ont dirigé leurs armes contre leur propre communauté, n’ont pas voix au chapitre et, de ce fait, on voit mal comment, « sauf miracle », le synode patriarcal peut avoir un quelconque impact sur l’implacable lutte politique pour un bouleversement des rapports de forces qui se déroule en ce moment au Liban.

Aventure intellectuelle
À la suite du patriarche, le nonce apostolique, Luigi Gatti, s’est adressé au synode patriarcal pour encourager ses membres à le percevoir comme « un synode de réforme dans l’Église maronite » ainsi qu’« un temps de prière, de réflexion, d’écoute mutuelle et de débat sincère ».
Le nonce a également invité les membres du synode à se réapproprier l’expression du pape faisant du Liban « plus qu’un pays, un message de liberté et un modèle de pluralisme pour l’Orient et l’Occident ». « Liberté, égalité, justice, pluralisme, ces valeurs à la fois humaines et religieuses sont les meilleurs antidotes à la montée des fondamentalismes de tous bords, source d’intolérance et d’insécurité », a-t-il affirmé.
Troisième à prendre la parole durant la séance inaugurale publique, le secrétaire du synode, Mgr Youssef Béchara, a rappelé que ce synode patriarcal est orienté vers les propositions concrètes, plutôt que vers les développements théologiques. La méthodologie des 24 documents qui y seront examinés implique qu’après un résumé historique et un état des lieux, l’avenir soit abordé en termes de propositions constructives, a-t-il dit.
Mais pour l’évêque d’Antélias , la démarche synodale, qui est une démarche collective, pourrait conduire les maronites vers une nouvelle façon de se comprendre. Il ne faudrait donc pas craindre cette espèce d’aventure intellectuelle, qui pourrait être l’une des voies de renouveau que Dieu les invite à prendre.
« Beaucoup d’aspects de notre vie et de notre histoire pourraient comporter des points obscurs, refléter une certaine ignorance ou être marqués par la généralisation ou le mauvais diagnostic et nécessiter des études approfondies », a affirmé Mgr Béchara. « Il ne faut donc pas s’étonner de ce que le synode patriarcal ouvre devant nous un grand chantier aux multiples horizons, ni craindre d’affronter ces débats avec courage et confiance, car ils pourraient représenter pour nous un appel de Dieu en ce début du XXIe siècle. »
Par ailleurs, bonne nouvelle pour ceux qui souhaitaient participer aux travaux du synode, Mgr Youssef Béchara a affirmé qu’à l’issue de cette première session, un travail d’information et de réflexion sera lancé dans les diocèses, les paroisses, les ordres religieux, les universités et autres groupements, afin de les associer aux thèmes proposés. Un dossier comprenant des pistes de réflexion leur sera transmis, auquel ils pourront réagir.
On rappelle que les documents en cours d’examen ne sont pas définitifs, mais sont soumis à un processus d’amendement par étapes. L’assemblée synodale vote pour ou contre les amendements proposés, que la commission centrale doit aussi approuver.
À l’issue de cette séance inaugurale, les débats sur le premier thème de réflexion, « L’identité de l’Église maronite, sa vocation et sa mission », ont commencé avec une intervention de Mgr Boulos Matar, coordonnateur du dossier, qui en a posé la problématique.
Dans ce dossier seront passés en revue la nature apostolique de l’Église maronite qui remonte à saint Pierre, fondateur de la communauté d’Antioche, le patrimoine commun qu’elle possède, de par ses racines antiochiennes, avec les Églises syriaque et orthodoxe, et enfin ses rapports avec l’islam.
Pour son premier synode patriarcal depuis 150 ans, l’Église maronite a entamé hier, au couvent Notre-Dame du Mont, un long corps-à-corps avec son histoire, qu’elle va tenter de relire pour y démêler le vrai du faux, l’idéologique de l’historique, le communautaire de l’ecclésial, pour corriger les erreurs et fautes de certains de ses fils, religieux comme laïcs, sans...