MANIFESTATIONS - Journée anti-fumeurs à Beyrouth et fête du tabac au Sud La santé des Libanais en ballotage(PHOTO)

Comme de bien entendu, le Liban ne faillit jamais à ses (mauvaises) habitudes ; comme de bien entendu, il est constamment aux premières loges dès qu’il s’agit de hurler noir lorsque le reste du monde, ou presque, dit blanc. Et comme tout est bon pour montrer que l’on est toujours plus malins que les autres, hier, à Nabatiyeh, l’on a célébré la fête du tabac, sous le bienveillant patronage du n° 2 de l’État, Nabih Berry, qu’entouraient deux ministres, Mahmoud Hammoud et Michel Moussa. Rien de bien original jusque-là, sauf lorsque l’on apprend que la veille, c’est-à-dire samedi, l’on se consacrait à Furn el-Chebbak, sous le parrainage du ministère de la Santé et de l’OMS, à la Journée mondiale antitabac. Deux programmes contradictoires en un seul week-end. De la pure schizophrénie... À consommer sans modération. À Nabatiyeh, où se tenait le meeting pour célébrer la fête du tabac, le président de la Chambre s’est élevé contre les voix qui « cherchent à aboutir progressivement à l’élimination de la culture du tabac », en s’opposant fermement à la privatisation du secteur concerné. « Nous ne permettrons pas que cette culture soit annihilée. Nous n’accepterons pas que la Régie des tabacs soit saisie et diluée à travers la privatisation pour une raison principale : malgré la pression constituée par les décrets de tarification du tabac importé, il s’agit assurément d’une administration qui fait des bénéfices », a-t-il indiqué.
Tout autre était la perspective des participants à la cérémonie organisée à Furn el-Chebbak à l’occasion de la Journée mondiale antitabac. Étaient présents à la cérémonie Dr Bahige Arbid, représentant le ministre de la Santé Sleiman Frangié, Dr Habib Atiri, représentant l’OMS, le président de la commission parlementaire de la Santé, Atef Majdalani, et le président de l’Ordre des médecins, Mahmoud Choucair.
Au cours de son allocution, M. Choucair a estimé que la médecine avait prouvé les méfaits de la nicotine, évoquant les pressions de l’État dans différents pays à l’encontre des fumeurs, notamment l’interdiction de fumer dans les lieux publics sous peine d’amende ou l’augmentation des taxes sur les cigarettes.
Le président de l’Ordre des médecins a appelé à la lutte sans réserves contre le tabac pour aboutir à une société saine, à travers une aide octroyée aux accros à la cigarette et aux fumeurs normaux pour les inciter à se débarrasser de cette « mauvaise habitude » et combattre l’accoutumance.
Il a enfin estimé que les programmes préventifs mis en place par le ministère de la Santé devraient faire leur effet au niveau de la société civile pour défendre les jeunes contre la cigarette.
De son côté, M. Atiri a estimé que le problème de l’accoutumance au tabac était devenu une menace principale au niveau de la santé, notamment dans le monde arabe. Selon lui, 46 % des adolescents de 13 à 15 ans fument dans cette région du monde. Six personnes sur dix sont des fumeurs passifs dans les lieux publics, a-t-il poursuivi.
M. Atiri a mis l’accent sur la nécessité de l’organisation de la Journée mondiale antitabac pour diffuser un message de lutte contre le tabac aux jeunes à travers les moyens technologiques en place et rectifier l’image du tabac diffusée par les sociétés productrices de cigarettes à travers les médias. « Le non-fumeur doit devenir le héros », a-t-il conclu.
Quant à M. Arbid, il a demandé aux artistes et aux personnalités des médias de contribuer à la lutte contre le tabac à travers ce qu’ils représentent comme valeurs humaines et culturelles, « pour éveiller les citoyens et les inciter à vivre dans une société sans cigarette ».