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Communautés - Des milliers de fidèles ont assisté à la messe en plein air célébrée hier soir à Bkerké par le patriarche Sfeir Synode patriarcal maronite sous le signe du pardon(PHOTO)

Un synode patriarcal, pour quoi faire ? À cette question que certains continuent de se poser, le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a répondu aussi clairement et succinctement que possible, hier soir, en inaugurant par une messe en plein air, dans la cour extérieure du siège patriarcal de Bkerké, le synode en question.
À une semaine de la fête de la Pentecôte au cours de laquelle l’Église commémore la venue de l’Esprit Saint sur les apôtres, la réponse à cette question, qui peut revêtir aussi la forme d’un défi, le patriarche l’a notamment cherchée dans un passage de l’Exhortation apostolique (1997) qui a conclu le synode pour le Liban de 1995. Ce synode sera une démarche « prophétique » et « courageuse » qui permettra à l’Église de « purifier sa mémoire par le pardon ». En d’autres termes, de se situer dans l’histoire contemporaine du Liban.
« Il était indispensable de tenir ce synode, après les guerres qui se sont succédé dix-sept années durant sur notre sol », a commencé par dire le patriarche Sfeir, devant une foule d’une dizaine de milliers de fidèles venue à l’ouverture des travaux du synode. « Ces guerres ont imprimé sur de nombreux esprits les marques de la violence,de la haine et du désir de vengeance. Cette mentalité détestable domine toujours certains membres de la société et les éloigne les uns des autres, de sorte qu’ils sont incapables de donner la priorité qu’elle mérite à l’édification des esprits et au relèvement de la patrie, et ne savent pas comment s’en débarrasser ».
Se référant ensuite à l’Exhortation apostolique, le chef de l’Église maronite a ajouté : « Après des années de souffrance et la longue période de guerre qu’a connues le Liban, son peuple et ses dirigeants sont invités à prendre des initiatives courageuses, prophétiques, en vue du pardon et de la purification de la mémoire ».
S’exprimant devant plusieurs ministres, députés et personnalités du Kesrouan, le patriarche a conclu sa citation de l’Exhortation apostolique en affirmant : « Il est nécessaire que le souvenir de ce qui s’est passé reste vivant, pour que cela ne se répète jamais plus et afin que la haine et l’oppression ne s’imposent plus sur des nations entières, les poussant à des actions accomplies au nom d’idéologies qui se nourrissent de leur propre logique, plus que de la vérité de l’homme ».
Mais l’Exhortation apostolique n’est pas le seul document auquel s’est référé le patriarche Sfeir. Il a également cité les documents du Concile Vatican II comme étant normatifs pour l’Église maronite et qui, publiés il y a quarante ans, « sont des documents de référence d’une suprême importance auxquels nous devons toujours revenir ».

Une actualité pressante
Cependant on a l’impression que l’urgence d’une réconciliation nationale ou encore d’une « unité des rangs » domine, dans l’esprit du patriarche. Ce dernier relève en effet que la tenue d’un synode patriarcal destiné à éclaircir certaines confusions au sujet de l’identité de l’Église maronite est d’autant plus urgente « que nous vivons dans une région où la flamme de la guerre continue de brûler, et très précisément à nos frontières, et que des plans lui sont préparés qui pourraient nous nuire si nous ne savons pas unifier nos rangs et faire face à ce qui nous attend dans la vigilance la plus totale, la confiance en soi et dans la Providence ».
Des confusions qui continuent de régner, au sujet de l’identité de l’Église maronite, le patriarche a cité : « Sa vocation apostolique et œcuménique et ses rapports avec son environnement islamique et arabe. »
Les historiens de l’Église maronite insistent, pour leur part, sur ses racines antiochiennes qui la rapproche d’autres Églises antiochiennes, comme l’Église grecque-orthodoxe et l’Église syrienne-orthodoxe. Le synode patriarcal pourrait mettre en valeur ce patrimoine commun, au service d’un rapprochement œcuménique.
Par ailleurs, il est historiquement établi que le soufisme dans l’islam a effectué des emprunts auprès de l’Église maronite, sans compter le rôle capital joué par les communautés syriaques dans le mouvement de traduction, qui a mis les textes de la pensée grecque et occidentale à la portée des penseurs musulmans, avant que la langue arabe ne finisse par prédominer sur la langue syriaque. Tirer ces choses au clair, estime le patriarche, aidera les communautés musulmanes au Liban à mieux apprécier le passé et les apports de la communauté maronite, et à sentir qu’ils sont au contact d’une communauté authentiquement et pleinement orientale, en dépit des liens organiques qui la lient au siège apostolique.
Le patriarche a également évoqué, en passant, que le synode examinera, dans une perspective de renouveau des personnes et des structures, les questions des prêtres, des moines, des religieuses, des laïcs et en particulier des jeunes et de leur place dans l’Église, ainsi que de la famille. Le patriarcat, le collège épiscopal, la paroisse, le catéchisme et la réforme liturgique, déjà entamée, seront également examinés au cours du synode.
Enfin, a dit le patriarche, les rapports entre l’Église et la politique, les médias, les questions sociales et économiques et l’attachement à la terre, qui se posent dans tous les pays, se posent aussi au Liban et feront l’objet d’une réflexion synodale.

Un temps d’écoute
Les travaux proprement dits du synode (assemblées générales et cercles de discussion), se dérouleront à partir de ce matin à la maison d’accueil Notre-Dame du Mont, en présence d’environ 300 membres du clergé et de laïcs. Ils s’étaleront sur la première et la troisième semaine de juin, et seront entrecoupés par une retraite spirituelle des évêques maronites, qui sera un temps d’écoute et d’intériorisation, durant la seconde semaine de juin.
Les travaux se tiennent à huis clos, à l’exception de la séance matinale d’aujourd’hui. Les travaux à huis clos commenceront cet après-midi avec l’examen du premier dossier : « Identité, vocation et mission de l’Église maronite », où il sera notamment question de sa nature apostolique, de son ouverture œcuménique et de ses rapports avec l’islam. Des observateurs des communautés sunnite, chiite et druze assisteront à tous les travaux du synode.
Fady NOUN
Un synode patriarcal, pour quoi faire ? À cette question que certains continuent de se poser, le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a répondu aussi clairement et succinctement que possible, hier soir, en inaugurant par une messe en plein air, dans la cour extérieure du siège patriarcal de Bkerké, le synode en question.À une semaine de la fête de la Pentecôte au...